Chapitre 61 : Sentiment de trahison

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Mentir à Bucky est sans aucun doute la quête la plus périlleuse dans laquelle je pouvais me lancer, et pourtant, c'est exactement ce que je suis en train de faire. Chaque jour, je fausse un sourire et mets de l'amour là où il y a des soupçons pour l'empêcher de me poser d'avantages de questions sur ce qui s'est passé à l'aéroport. Au fond de moi, je sais que ce mensonge ne durera pas pour toujours, mais je ne tiens pas à lui dire la vérité. Pourtant, la question revenait souvent.

« C'est tout de même étrange qu'on n'a pas eut de nouvelles de Venise après qu'elle t'ait conditionnée, me fait remarquer Bucky. »

Je repose ma tasse de thé et hausse les épaules.

« Je n'en sais rien, elle a peut-être abandonné l'histoire lorsqu'elle s'est rendu compte que Zémo allait échouer. Ça ne m'étonnerait pas d'elle, elle est du genre lâche et peureux.

- Tu es sûre qu'on parle de la même personne ? Nash, Venise n'est pas du genre à lâcher sa cible. Lorsqu'elle pose son marqueur sur quelqu'un, en général, la personne ne s'en sort pas en vie. »

A moins que Venise ne meurt la première. Je hausse de nouveau les épaules et remets un sucre dans mon thé pour avoir une bonne excuse pour le touiller. Bucky pose sa tasse de café et son coude sur la table.

« Tu es sûre que ça va, Nash ?

- Oui, ça va. Pourquoi ça n'irait pas ?

- Ça fait sept fois que tu remets du sucre. Et ça fait un quart d'heure que tu n'as pas touché à ton thé. Et tu n'as pas non plus mangé.

- C'est seulement que je n'ai pas très faim, c'est tout. Et si en plus tu viens me parler de cette catin en collants violets, c'est certain que je ne trouverais pas l'appétit.

- Mais tu n'as rien mangé non plus hier soir.

- Ce n'est pas de ma faute si mon estomac est noué. »

En réalité, si. C'est le sentiment de culpabilité qui me noue l'estomac et m'empêche de me regarder dans le miroir sans me détester ; si je l'avais épargnée, peut-être que je n'en serais pas là.

« Ça fait une semaine que ça dur. Tu es malade ?

- Je n'en sais trop rien.

- Tu veux que je demande à Shuri de venir te voir ?

- Non, ça va passer. Elle m'a dit que je devais me reposer et je dois avouer que je n'ai pas vraiment attendu avant de me remettre à courir partout.

- Si ça ne va pas, ne te renferme pas sur toi-même. Si c'est en rapport avec ce qu'a fait Stark...

- Non, ça n'a rien à voir avec Tony.

- Si j'ai fait quelque chose de mal, il faut que tu me le dises, Nash.

- J'ai juste besoin de me reposer, ce n'est pas si difficile à comprendre ?! »

La surprise se lit aisément sur son visage. Jamais en dehors de l'emprise du conditionnement d'Hydra je ne m'étais énervée contre lui, et ce même quand j'en avais toutes les raisons. De plus, mon poing s'est écrasé sur la table sans que je ne m'en rende vraiment compte, laissant paraître tout l'énervement que j'ai besoin d'extérioriser. Je soupire du nez en fermant les yeux et je me lève de table.

« J'ai besoin de prendre l'air.

- Nash...

- Laisse-moi tranquille, pour une fois. »

Je quitte la cabane et respire l'air extérieur. D'un pas perdu et sans but, je me mets à marcher à travers la prairie. Je sais que je ne devrais pas m'énerver contre lui, rien de ce qui me met en colère n'est de sa faute, mais je commence à en avoir marre d'essuyer ses questions qui demeureront sans réponse qu'il me les pose aujourd'hui ou demain ou dans dix ans. S'il y a bien quelque chose qui m'agace le plus chez le soldat de l'hiver, c'est bien son insistance à vouloir savoir ce qu'on tente de lui cacher.

Après plusieurs minutes de marche, je m'arrête près de l'enclos des rhinocéros. L'une des bêtes, curieuse de ce visage inconnu, s'approche de moi et me renifle. Je pose ma main sur son museau et le caresse lentement. La sensation de la gorge de Venise serrée dans ma main me revient ; son pouls qui s'accélérait, sa respiration qui se saccadait, et sa nuque qui s'est brisée sous la force de ma poigne. Je cesse mes gestes sur l'animal, me souvenant du regard livide de la blonde et de cette sensation de ses os qui craquent dans ma main. Une voix que je ne connais pas encore me sort de ma torpeur.

« D'habitude, ils ne se laissent pas toucher aussi facilement. Encore moins par des étrangers.

- Désolée.

- Ne vous excusez pas. Il n'y a pas de mal. »

Il vient à mes côtés et caresse l'animal à son tour.

« Vous savez, on raconte que les animaux peuvent sentir les émotions que dégagent les hommes lorsqu'ils les reniflent. La plupart du temps, ils se laissent caresser lorsqu'ils ressentent l'amour et la bienveillance, mais aussi lorsqu'ils ressentent la douleur et la tristesse.

- Vous semblez vous y connaître, dans le domaine.

- Cela fait plusieurs années maintenant que je garde les frontières du pays et que je m'occupe de ces animaux. C'est un métier reposant, vous savez.

- De garder les frontières ?

- Non, rit-il. D'être en compagnie d'animaux. Certes, les rhinocéros ne sont pas vus comme les plus doux des animaux, mais ça fait toujours un grand bien d'être en leur compagnie. Je ne vous demanderais pas pourquoi vous affichez tant de tristesse dans votre regard, mais si ça peut aussi vous apaiser, vous devriez venir plus souvent.

- Merci, c'est gentil de votre part. Et quel est votre nom ?

- W'kabi. Et vous, vous devez être Nash.

- C'est ça.

- Et si à l'occasion vous avez envie de parler de votre tristesse à quelqu'un d'autre qu'à un être humain, on a aussi des poules. »

Je ne peux m'empêcher de rire. Son regard joueur et son haussement de sourcil m'a tout de suite fait comprendre que c'était une blague, mais l'idée de m'imaginer en train de raconter mes problèmes à une poule pour du vrai me fait encore plus rire. Fier d'avoir remis un peu de bonne humeur sur mon visage, W'kabi s'éloigne en me saluant pour aller s'occuper de ses bêtes.


PDV Bucky.

Quelques heures se sont écoulées depuis que Nash est sortie. Je n'ai pas à m'inquiéter pour sa sécurité puisqu'on est dans un pays caché, libre et en paix, mais ça n'empêche pas mon inquiétude d'être tournée vers d'autres points. A chaque fois que je lui parle de cette marque au cou, de Venise ou de quoi que ce soit d'ailleurs, elle se met sur la défensive et s'énerve. Je me dis que j'ai peut-être fait quelque chose de mal, que j'ai peut-être dérapé sans m'en rendre vraiment compte, que je devrais m'excuser. Peut-être qu'elle m'en veut d'avoir tué les parents de Tony, peut-être qu'elle m'en veut de m'être battu contre son ami. Peut-être qu'elle m'en veut de l'avoir perdu à cause de moi. Ou alors, elle m'en veut d'avoir été blessée par Tony par ma faute. Ou bien, ça peut être tout ça à la fois.

J'arrête de faire les cents pas lorsque mon téléphone portable sonne. Il n'y a que l'équipe de Steve qui a mon numéro, alors ça ne peut être que l'un d'entre eux. Je tente de me détendre en voyant le numéro que je n'ai pas encore enregistré puis décroche.

« Allô ?

- Buck, c'est Natasha. Il faut que je te parle de quelque chose. »


NASH - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant