Chapitre 64 : Soutiens

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Deux mois plus tard.

Maison Collins, quelque part dans le Missouri.


Je regarde avec fierté la bibliothèque que je viens de terminer de monter. Je fais virevolter mon marteau en souriant et je lève le regard vers le ciel.

« Alors Thor, qui se sert le mieux d'un marteau maintenant ? »

Comme pour contredire mes paroles prétentieuses, les étagères de la bibliothèque tombent une à une jusqu'à ce que toute l'ossature du meuble suive et s'écroule sur le sol. Déçue et blasée, je regarde les planches étalées sur le sol et ferme les yeux en serrant les poings, tentant de canaliser la colère qui me monte aux joues. Un long soupir s'échappe d'entre mes lèvres alors que je pose le marteau sur la table basse.

« Bon, ok, d'accord. J'ai compris : le bricolage, ce n'est pas fait pour moi. »

Je rassemble les planches tombées et les range dans un coin du salon, puis monte pour prendre ma douche et me changer. Ces deux derniers mois, j'ai tenté de me débarrasser de mon impulsivité imprévisible et de mes réflex de soldat pour m'habituer à être une personne normale, mais je dois avouer que les résultats ne sont pas fameux. Comme me l'a conseillé Laura, j'ai trouvé des occupations de personne normale à faire pour me vider la tête, mais j'ai encore du chemin à faire si je veux prétendre être une citoyenne comme les autres. Seulement, à chaque fois que je fais un pas en avant, ma condition de soldat me rattrape, comme pour me rappeler que quoi que je fasse, elle sera toujours là. Si je veux pouvoir l'effacer, il va me falloir plus de temps encore.

Cependant, le temps commence à être long. Depuis mon départ de chez Laura l'autre jour, je n'ai répondu à aucun appel de mes amis, et deux mois sans nouvelles commencent à être insupportables, pour eux comme pour moi. Je m'inquiète énormément pour eux, et plus les jours passent, plus je me sens mal de ne donner aucun signe de vie à Bucky. Mais c'est pour leur bien. Ils sont tous repartis du bon pied, ils sont tous sur l'autoroute de la vie du commun des mortels, et je n'ai pas envie de les en détourner parce que j'ai dû mal à m'engager sur cette voie. Ils n'ont pas besoin de traîner un poids mort derrière eux, alors je ne les contacterai pas avant d'être certaine que je puisse les suivre.

Une fois prête au départ, je glisse dans mes bottes brunes pour me diriger au marché. Aller au marché est une chose simple et banale pour tout le monde, et ça devrait aussi l'être pour moi ; pourtant, c'est toujours une source d'angoisse insupportable et de panique intérieure. Avoir des interactions sociales avec des gens tout en faisant attention à ne pas faire de choses étranges, ce n'est pas si simple que ça. L'autre fois, j'ai fait fuir un enfant qui me demandait simplement d'acheter des cookies pour les scouts ; je l'avais seulement regardé mais ça a suffit pour qu'il s'enfuie.

Lorsque j'arrive au centre du village après quelques minutes de marche, j'évite le regard des enfants pour ne pas les effrayer. Lorsque j'arrive devant un étalage de légume, je m'efforce de sourire et de paraître gentille face au vendeur, tout en lui demandant de me donner des tomates.

« Et voilà pour vous, mademoiselle ! Il vous faudra autre chose ?

- Non merci, ça ira.

- Ça vous fera trois dollars. »

Arg, l'argent. C'est un problème des gens normaux qui m'ennuie au plus au point. Avant, je n'avais pas de questions à me poser ; chez les Avengers, c'était toujours Tony qui payait les courses. Je donne au vendeur ce qui me demande et continue ma route. Lorsque j'arrive près d'un étalage de boucher qui sent la mort, mon regard est attiré par la voix grave et dédaigneuse d'un bourge qui sortait du post de police. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il dit, mais il vient de donner un grand coup de pied dans le chapeau d'un vieil homme assis au sol. Ça, c'est exactement le genre de personne 'normale' que je déteste. Je m'approche d'eux, accueillant le regard noir du bourge.

NASH - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant