Chapitre 39 : La famille Rumlow

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Quelques heures plus tard.

Washington.

Assise sur le lit de la chambre d'hôtel que j'ai réservée, Leah secoue les pieds en regardant le sol. La pauvre petite n'a que six ans et elle a déjà vu trop d'horreurs pour toute sa vie. Je soupire et attrape la paire de grosses chaussettes que je lui ai achetée en magasin pour lui permettre de ne pas se balader dans la rue avec des vêtements tâchés et craqués. Je m'approche d'elle et lui attrape un pied pour lui mettre au dessus de ses collants noirs.

« Pourquoi tu ne restes pas avec moi ?

- Je ne peux pas, Leah. Mais je vais t'emmener chez tante Annie, d'accord ? Elle va s'occuper de toi.

- Mais, et si les méchants reviennent ?

- Annie sait se servir d'une arme, dis-je en haussant les épaules. Et je doute fortement qu'ils vont venir vous embêter puisque je vais aller frapper à leurs portes.

- Et s'ils te font du mal ? Comment tu vas faire ?

- Je sais me défendre, tu sais. Je ne parais pas comme ça, mais je suis un soldat beaucoup plus expérimenté que la plupart d'entre eux.

- Hum... »

Une fois ses chaussettes mises, je lui mets ses bottes. Je l'aide ensuite à se mettre au sol et mets une écharpe autour de son cou.

« Tu sais Leah... je le connais, ton papa.

- Ah oui ? C'est vrai ? Et alors, tu l'aimes bien ?

- Eh bien... je ne veux pas te mentir, alors je vais te dire toute la vérité. Ton papa, je l'aimais bien avant. On était amis, tous les deux. On rigolait beaucoup ensemble. Mais il m'a fait mal au cœur, il m'a menti, et aujourd'hui, on n'est plus trop copains lui et moi.

- Oh... Et tu sais où il est ? Parce que maman dit qu'il va rentrer à la maison, mais ça fait longtemps qu'il est parti...

- Je suis désolée Leah, mais je crois que papa ne rentrera probablement jamais à la maison. Il ne faut pas que tu lui en veuilles, d'accord ? Je suis sûre qu'il pense beaucoup à toi, mais s'il veut te protéger, il ne rentrera jamais. »

Elle baisse la tête mais je lui relève en lui souriant.

« Ne fais pas la tête.

- Je ne le reverrai plus jamais, c'est ça ? »

Je ne vois pas comment je pourrais expliquer à une petite fille de son âge que son père est un véritable connard et qu'il ne mérite même pas tout l'amour qu'elle lui porte, alors je ne sais pas quoi lui répondre. Je hoche simplement la tête et je lui prends la main avant de me relever.

« Je comprends que ça puisse te faire du mal, mais c'est sans aucun doute mieux pour toi. Ton papa t'apporterait beaucoup trop de problèmes s'il revenait te voir. Mais comme je te l'ai dit, tante Annie sera là pour s'occuper de toi. Et moi, je garderais toujours un œil sur toi, ok ? »

Elle acquiesce, peu convaincue. Je la fais sortir de la chambre d'hôtel et nous emmène à pieds jusqu'à chez Annie. J'y suis déjà allée avec Brock, alors je pense pouvoir retrouver le chemin. Lorsque nous arrivons, je frappe à la porte et attends que quelqu'un vienne nous ouvrir. Lorsqu'Annie ouvre la porte et me voit, son sourire s'abaisse immédiatement. Son regard dérive sur Leah qui reste accrochée à ma jambe avec beaucoup de timidité.

« Nash ? Leah ? Qu'est-ce que vous faites ici, toutes les deux ?

- Longue histoire. On peut entrer ? »

Elle accepte, se décalant sur le côté. Leah va s'installer dans le canapé en retirant son écharpe et se met à faire des câlins à l'énorme chat qui est couché dessus. Annie reste en retrait et me fait signe de la suivre dans la cuisine, ce que je fais. Elle croise les bras et regarde Leah de loin.

« Je peux savoir ce que tu fais avec la fille de mon frère ?

- Elle a besoin d'un nouveau foyer. Moscou a fait tuer sa mère par Varzacov, et d'après ce que j'ai compris, il veut la faire tuer, elle aussi.

- Mais ce n'est qu'un enfant !

- Je le sais. C'est pour ça que je l'ai ramenée ici. Pour être sûre qu'elle soit en sécurité le temps que j'aille toquer à la porte de Moscou.

- Excuse-moi, mais je trouve tout ça assez louche quand même. Tu détestes Brock, tu le tuerais si tu le croisais, et ce même en public. Alors pourquoi tu viendrais lui rendre service en protégeant sa fille, exactement ? Qu'est-ce que tu y gagnes ?

- Je ne le fais pas pour lui, Annie. Je le fais pour Leah. Ce n'est qu'un enfant, elle ne mérite pas ce qui lui arrive. Ce n'est pas de sa faute si sa mère a fricoté avec ton frère dans le dos de son mari. Elle est innocente. Et si tu veux savoir ce que j'y gagne, disons que c'est une simple coïncidence.

- Une coïncidence ?

- Il faut éliminer Moscou pour la protéger, et il faut justement que j'aille voir Moscou pour lui soutirer quelques informations qui me seraient utiles. Du genre, des informations que je ne peux avoir que de lui ou de Pierce, mais sachant que Pierce est mort, je dois me rabattre sur lui. »

Je lance un regard à Leah en croisant les bras à mon tour.

« Elle est jeune, Annie. Elle n'a que six ans, et Varzacov a descendu sa mère sous ses yeux. Il a pointé une arme sur elle et ils l'ont enfermée dans une prison. Elle a vu beaucoup trop d'horreurs. Alors il faut que tu prennes soin d'elle.

- Bien sûr que je prendrais soin d'elle. C'est ma nièce, tout de même.

- Je sais qu'elle sera heureuse avec sa famille. »

Je tourne les talons et m'apprête à m'en aller.

« Attends une seconde. »

Je me retourne et la vois chercher quelque chose dans un tiroir. Elle me tend un polaroïd bleu que je reconnais comme l'un que j'ai pris avec l'équipe Strike.

« Je sais que tu dois les détester, mais je n'ai jamais osé m'en débarrasser. Je me disais qu'il y avait peut-être une chance pour que tu veuilles la récupérer un jour. »

Je regarde la photo. Pendant un instant, je suis piquée d'une certaine nostalgie à cause de nos sourires idiots et de nos éclats de rires, mais aussi parce que Jack a un bras enroulé autour de mes épaules et que la main de Brock est en train d'ébouriffer mes cheveux. Seulement, cette nostalgie ne résiste pas à la foudre qui grogne dans mon cœur.

« J'ai toutes les photos que Brock a gardées, si tu les veux.

- Tout ça n'a plus aucune importance pour moi, maintenant. C'était une autre époque, durant laquelle j'étais heureuse dans le mensonge. Je ne veux plus jamais avoir à me souvenir d'avoir été trahie par des gens que j'admirais. Tu peux les garder, les brûler même, ça m'est égal. Mais s'il y a des photos de son père, Leah sera heureuse de les avoir. Je ne lui ai pas dit que son père était un salopard parce qu'elle est trop jeune pour entendre ça.

- Comme tu voudras. Mais tu sais, Brock t'appréciait vraiment.

- Si c'était le cas, il aurait dû réfléchir avant de faire en sorte que je le déteste. »

Je vais dans le salon pour dire au revoir à Leah, lui demandant prendre soin d'elle et de ce gros chat qu'elle semble déjà adorer, puis je demande à Annie de faire attention à la petite avant de partir définitivement.

J'espère que tout se passera bien pour Leah et qu'elle grandira en paix et heureuse, histoire que je n'ai plus jamais à croiser un membre de la famille Rumlow. Ce n'est pas contre Annie et sa nièce, c'est seulement que l'idée que je continue de rendre service à Brock en aidant sa famille me donne envie de vomir. J'efface de mes pensées ce moment que je viens de passer avec elles et me focalise sur ma prochaine mission, beaucoup plus personnelle :

Aller récupérer des livres chez un vieillard passionné par la vodka.


NASH - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant