19.

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Shehab est revenu à la maison. Mais je reste éloignée de lui. Je me dégoûte moi-même. Comment j'ai pu me laisser faire ? J'aurais dû le pousser, m'enfuir... Qu'est-ce que j'ai fait mon dieu !

- J'invite des amis ce soir, tu préparera le dîner et tu iras dans ta chambre. Me dit-il.

Je hoche la tête sans dire quoi que ce soit. Il est froid dans ses paroles, je sais ce qu'il attend de moi. Ce qu'il veut de moi mais je ne peux pas lui donner. Pas mal. Et encore moi après ce qui s'est passé avec Anis.

C'est peut-être rien pour certains, mais j'ai l'impression d'avoir trahi la confiance de Shehab et Allah sait que dans ce milieu, la confiance est rare. Je m'en veux tellement mais je ne peux rien dire. De toute façon Allah voit tout. Allah sait à quel point je suis faible.

Shehab sort de la maison sans se retourner, sans dire un mot. Ça me fait quelque chose, ça me fait bizarre qu'il ne me parle plus. Et s'il est au courant pour Anis ? Je chasse mes pensées et retourne à la cuisine. Faut que je me réconcilie avec mon mari. Et s'il meurt ? Je m'en voudrais. À mort. Je culpabiliserais.

Je vais préparer un grand repas. Il sera content, sûrement. Je commence à me fatiguer, il doit être bientôt dix-huit heures.

Quelques minutes passent et j'entends la porte s'ouvrir. Shehab arrive et fait rentrer ses collègues pendant que je prépare la table. Une fois prête, je monte dans ma chambre en gardant la tête baissée.

Je m'assois sur le lit, je reste à fixer le vide. Je me rends compte qu'avec Shehab, je me sentais... bien. Moins seule. Mais maintenant ? Maintenant, je n'ai plus personne. Plus personne. Je ferme les yeux et me laisse emporter.

Je suis allongée sur la terre. Dans la terre plutôt. Il fait sombre et froid. Je ne peux pas bouger, je suis attachée avec un drap blanc. Mes yeux sont fermés mais ouvert. Je vois mais sans être vu.

Je sens de l'eau couler, je pensais qu'il pleuvait jusqu'à que je comprenne que c'était des larmes. Des larmes ? Des hommes me regarde par-dessus moi, par-dessus le trou où j'étais puis ils soupirent.

Ils prennent une pelle et jettent de la terre sur mon corps. Il jettent. Jettent. Jettent. Ils m'enterrent sous terre. Qui peut m'en sauver ? Qui peut m'entendre ? Je l'ai connu enfin, celle que j'ai chérie, que j'ai attendu. Je l'ai enfin, la mort.

Je n'arrive pas à être heureuse. C'est ce que j'attendais au fond de moi, non ? Et pourtant, je la sens comme une prison. Elle est lourde à mon cœur.

Puis, petit à petit. Je vois la terre bouger. Elle se retire petit à petit, il y avait un trou. Et une main passe par ce trou. Je pouvais voir la lumière du soleil, ses rayons m'éclairés. C'est maintenant que je vois ce que j'ai toujours rêvé d'avoir. Il est là ! Le bonheur...

- Prends ma main. Me dit l'homme.

J'essaie de bouger mais je n'y arrive pas, je me sens étouffer.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant