Je n'ai pas dormis de la nuit. J'ai repensé à comment je me suis rapproché d'Ahlam. Je ne me contrôlais pas, j'étais hors de moi-même.
Je me lève de mon lit et va vers la cuisine puis me cache derrière le mur quand je vois Ahlam sortir une boîte. Je regarde attentivement en fronçant les sourcils, elle sort un peu de poudre puis en mets dans le café. Je sors de derrière le mur puis quand elle me voit, elle sursaute.
- Tu... tu... t'es là depuis longtemps ? Me demande-t-elle.
- Non. Je viens d'arriver. Lui dis-je.
Elle hoche la tête puis me donne mon café. Je regarde dedans en essayant de paraître le plus naturel possible. Je le bois d'un coup sans l'avaler puis je pars dans la salle de bain. Je ferme la porte à clé et recrache tout. J'en suis sûr que ce n'est pas du poison mais quoi ?
Je sors de la salle de bain puis la rejoins dans la cuisine. Elle s'approche de moi puis pose ses mains sur mon torse. Je la repousse puis elle me regarde en fronçant les sourcils puis jette un regard derrière elle. Je vois qu'elle regarde la petite boîte.
- Tu ne vas pas bien, mon chérie ? Me demande-t-elle.
Je passe mes mains sur mon visage en soupirant.
- Si si, je vais bien. Dis-je.
Elle a dû me donner un truc pour que je l'aime ou un truc du genre. Si c'est réellement ça, je vais faire semblant. Plus vite je retrouverai ma fille, plus vite je divorcerai et me débarrasserai d'elle.
- Emin... on est marié maintenant. On doit être soudé et tout se dire, pas vrai ? Me dit-elle doucement.
Je hoche la tête.
- Alors dis moi. Qu'est-ce qu'il ne va pas ? Me demande-t-elle.
- Tout Ahlam... tout... j'aimerais juste des fois, fermer les yeux et ne plus les rouvrir. Mais je me force de me lever chaque jour en me disant qu'il y a pire, que je dois être un bon père pour mes enfants. Sans moi, ils seront orphelins. Dis-je en baissant la tête. Puis Allah m'a mis sur mon chemin des personnes qui me font couler encore plus.
Elle pose alors sa main sur la mienne. Elle n'a pas l'air de se sentir concernée du tout...
- Maintenant que je suis là, on sera deux. Dit-elle en souriant.
- Ahlam, je pense qu'il est temps qu'on devienne une famille. Lui chuchotais-je dans l'oreille. Toi, moi, Hind et Rehan. Qu'est-ce que t'en dis ?
- T'es sérieux, Emin ? Dit-elle en me regardant. Jure moi par Allah que c'est vrai !
- ... Par Allah que je dis la vérité. Lui dis-je.
Qu'Allah me pardonne de mentir mais je n'ai pas d'autres choix. Si elle me croit, elle me rendra ma fille.
- Attends, je vais appeler mon amie et je vais lui dire de ramener ta fille ici. Dit-elle en souriant.
- J'irais la chercher moi-même, Ahlam. Lui dis-je. Dis moi juste le nom de l'endroit...
- ... D'accord. Elle est aux... commence-t-elle.
Suhayl arrive en courant en nous demandant de venir rapidement. C'est Mina. Elle doit être emmené à l'hôpital.
SUHAYL
Je porte ma femme dans mes bras et cours vers la voiture. Je ne sais pas ce qu'elle a. Je l'emmène à l'hôpital. Une fois arrivée, je sors et l'emmène rapidement à l'intérieur, les médecins la prennent en charge.
J'attends dans la salle d'attente en faisant les cents pas. Emin arrive, suivis d'Ahlam et Rehan.
- Qu'est-ce qu'elle a ? Me demande-t-il.
Je hausse les épaules comme pour dire que je n'en sais pas plus que toi. Quelques minutes plus tard, le médecin arrive. Ses pas se font lent.
- Votre femme va bien, félicitations pour le garçon. Dit-il en souriant.
Sans attendre, je cours à l'intérieur. Je vois ma femme avec mon enfant sur elle.
- Yusuf... regardes. Baba est là. Dit-elle les larmes aux yeux.
Je prends mon fils dans mes bras, j'ai... j'ai enfin un fils ! Un enfant. Une partie de moi.
- Al hamdulilLah. Chuchotais-je.
Puis je le pose dans son berceau et m'assois face à Mina, ma femme. Je tiens sa main et la regarde joyeusement.
- Tu m'as donné le plus beau des cadeaux ! Je suis tellement heureux si tu savais... Dis-je en souriant.
Elle met sa main sur ma joue en me regardant dans les yeux.
- Notre fils Yusuf, il est une partie de moi et de toi. Il est tout ce qu'on a rêvé d'être. Il est le messager de notre amour. Il est celui qui a fait de ton corps et du mien, un seul corps. Il est ton fils, ta fierté. Il t'aimera et tu l'aimeras. Quand tu le regarderas dans ses yeux, tu verras son courage, sa force, sa fierté, sa générosité mais avant tout, tu verras dans ses yeux, ta sœur... dit-elle faiblement.
Je sers ma main de plus en plus.
- Elle a été ta fierté, elle était courageuse et patiente. Elle n'a jamais fais de mal, même inconsciemment, elle avait plus peur pour les autres que pour elle. Tu la verras à travers ton fils, Suhayl. Dit-elle les larmes aux yeux.
Je baisse la tête, les larmes aux yeux.
- La mort de ta sœur a rendu la lune noire, a éteint la lumière du soleil, a fait pleurer les étoiles et a fait trembler la terre mais surtout... sa mort a rendu notre chemin sombre. Que ce soit toi, moi ou Emin, on est des aveugles dans un monde sourd. Dit-elle tristement. Et aujourd'hui, peut-être que c'est ma fin.
Je relève la tête d'un coup.
- Tais toi, Mina ! Tu vas vivre. Tu vas vivre avec moi et ton fils. Lui dis-je.
Elle tourne sa tête et regarde vers le haut. Elle ferme ses yeux, ses larmes coulent et un léger sourire se dessine.
- Je la sens, Suhayl. Est-ce qu'un être faible comme nous peut-il repousser l'inévitable ? J'espère avoir été une bonne épouse pour toi, que je n'ai pas causé de tord sans faire exprès, sinon pardonne moi. Je... commence-t-elle.
- Tu rien du tout ! Tu vas vivre, d'accord ? Tu ne vas pas me laisser après ma sœur. Ecoute moi... Lui dis-je.
- Suhayl... Dit-elle en tournant sa tête vers moi.
Elle remet sa main sur ma joue tout en me la caressant avec les larmes aux yeux.
- Ne sois pas triste, mon amour. On se rerouvera si Allah le veut. Dit-elle en souriant tristement. Je t'aime, Suhayl. Merci pour toutes ces belles années. Je t'aime, mon homme à moi.
Elle lâche un dernier soupire puis sa main, qui était sur ma joue, tombe sur le lit. Sa tête tombe aussi sur le côté puis ses yeux deviennent blancs...
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La Belle et le Djîhādîste
Teen FictionAlors que la guerre éclate en mars 2011, des milliers de civils se font tuer. En 2014, le groupe terroriste, Daesh, prennent Raqqa. Ils étaient vus dans la ville comme «héros» à leur entrée. Ils étaient doux avec les enfants, ils leur offraient des...