Je sors de l'hôpital mais je commence à perdre l'équilibre. J'essaie de me tenir contre le mur de l'hôpital mais je tombe à genoux. Je me recroqueville contre moi-même, je me rends compte petit à petit de la réalité.
- Tu vas enterrer et prier sur ton père, Syhem ? Me chuchotais-je.
J'aimerais fermer les yeux et voir que ce n'était qu'un cauchemar.
- Baba, ta fille, Syhem. Lui dit mon frère.
J'ouvre grand les yeux et je mets ma main devant ma bouche.
- Baba ? Chuchotais-je.
...
- Baba... avant ou après, tu ne me lâcheras pas, pas vrai ? Lui demandais-je.
Il m'embrasse le haut de la tête.
- Jamais. Tu es tout ce qui me reste avec ton frère. Me dit-il en souriant tristement. Bon... c'est l'heure. L'imam est là. Viens...
...
- Je t'aime baba, tu sais ? Lui dis-je en souriant.
- Moi aussi je t'aime benti. Me dit-il doucement.
...
- Je remercie Allah de m'avoir donné des enfants comme vous. Toi et ton frère êtes une partie de mon âme. Je pense que je serais partis depuis longtemps sans vous mais si jamais Allah me reprend, sachez que je partirai fier de vous deux. Me dit-il en me fixant dans les yeux.
- Ne dis pas ça ! Qu'Allah te garde auprès de nous. Dis-je en le prenant dans mes bras.
Je mets ma main devant ma bouche et mes larmes coulent. Emin arrive et me prend dans ses bras. Moi, je tremblais.
- Calme toi... calme toi, Syhem... ton père est heureux. Il est mort un vendredi en pleine prière ! Dit-il en pleurant.
- Il avait un bon cœur, il était triste en lui-même. Il essayait de tenir mais il est tombé. Il est tombé et n'a pas su se relever. Dis-je les larmes aux yeux.
- La mort est un repos pour lui. Viens mon cœur, viens lui dire un dernier au revoir. Me dit-il tristement.
Il me lève et je me tiens sur son épaule. On rentre dans sa chambre. Tout est calme, il n'y a aucun bruit.
- C'est comme ça que tu pars... tu as eu une belle mort, baba. Allah t'a offert une belle mort parce que tu étais quelqu'un de bien. Comment je vais vivre sans toi ? Lui dis-je en pleurant.
Je m'assois près de lui.
- En réalité baba, je savais que le jour où maman est morte, tu es mort avec elle. Dis-je les larmes aux yeux. Tu étais morte de l'intérieur. Aujourd'hui, ton âme est partit. Partit loin...
A ce moment-là, je n'avais qu'une seule envie : mourir. Qu'est-ce que vaut la vie quand une des personnes les plus chères à tes yeux n'est plus là ?
Je pose ma tête sur son torse et le prend dans mes bras en même temps.
- Je t'aime baba. Je t'aime plus que tout ! Dis-je les larmes aux yeux.
- On doit le laver, Syhem... Me dit Suhayl tristement.
Je recule lentement puis je sors.
- Je vais à la maison, il y a Mina qui a les enfants... Dis-je.
Je sors de l'hôpital puis prend un taxi jusqu'à chez moi. Je prends un énorme souffle avant d'ouvrir la porte et d'entrer. C'est silencieux. Je marche jusqu'à la cuisine et je vois Mina.
- Mina... Dis-je.
Elle se retourne en souriant.
- Les enfants se sont endormis. M'assure-t-elle.
Je ne souris pas ni ne réagit. Je reste silencieuse et neutre.
- Oh, qu'est-ce qu'il y a ma chérie ? Me demande-t-elle.
- Mon père... baba est... baba est mort. Dis-je en pleurant.
Elle met sa main devant sa bouche puis finis par s'approcher de moi et me prendre dans ses bras. Je pleure sur son épaule.
- Qu'est-ce que j'ai fais de mal pour subir ça, Mina ? Dis-je les larmes aux yeux.
- C'est Allah qui t'éprouves. Il t'aime sinon Il ne t'aurait pas éprouvé. Me dit-elle tristement. C'est dur mais n'oublie pas que rien n'est éternel. Seul l'au-delà l'est.
- Tu sais, quand j'ai perdue ma maman, j'étais détruite. J'étais seul mais je n'avais plus peur de perdre quelqu'un d'autre. J'ai réussis à m'habituer à son absence, j'aurais préférée mille fois de rester comme ça que de connaître mon père et la douleur de le perdre. Dis-je tristement, ça ne fait que quelques mois que j'ai su que j'ai un père, je n'ai pas assez profitée de lui.
Mina tente de me calmer. Quelques heures plus tard, Emin m'appelle et me préviens qu'ils vont priés sur mon père à la mosquée puis partir l'enterrer.
Je vais voir ma voisine, c'est une réfugiée palestinienne, je lui confie mes enfants jusqu'à mon retour puis je m'en vais à la mosquée avec Mina. Je vais prier sur mon père.
Je retire mes chaussures et rentre dans cette grand mosquée. Je prie bien-sûr du côté femmes. On attend quelques secondes puis on se met à nos places. Plusieurs femmes et plusieurs hommes sont venus prier sur mon père.
- Allahu Akbar !
Chacun récite une sourate.
- Allahu Akbar !
Puis on prie sur le Prophète Muhammad...
- Allahu Akbar !
Et on fait des invocations pour le mort, pour mon baba.
- Allahu Akbar !
Puis on fini par tourner la tête à droite puis à gauche. Mon cœur se serre. La prière est finis. Les hommes vont prendre le corps de mon père et l'enterrer.
Je sors de la mosquée en tremblant. Je vois une foulée d'hommes passer devant nous. Mon frère, mon mari, mon beau père avec d'autres hommes portent le corps de mon père. Je voulais les suivre mais Mina m'en empêche.
- On ira après qu'ils auront finis. Me dit Mina.
- Mais mon baba va avoir froid... ils ne l'ont pas bien couvert. Et... et il aura peur. Il faut que je sois à côté de lui pour le rassurer ! Dis-je à Mina.
- Ton père est entre les Mains d'Allah, Syhem. Viens, on va rentrer. Me dit-elle tristement.
Je hoche la tête et elle m'aide à m'avancer jusqu'à mon appartement. Arrivé devant ma porte, je vois tout flou. Tout tourne autour de moi. J'ai un énorme mal de tête et mon cœur me fait mal.
- Tu vas bien ? S'enquie-t-elle.
Je ne réponds pas. Je ne peux pas. Les mots ne sortent pas de ma bouche. Je respire de plus en plus vite puis je finis par tomber au sol avant que mes yeux se ferment.
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La Belle et le Djîhādîste
Teen FictionAlors que la guerre éclate en mars 2011, des milliers de civils se font tuer. En 2014, le groupe terroriste, Daesh, prennent Raqqa. Ils étaient vus dans la ville comme «héros» à leur entrée. Ils étaient doux avec les enfants, ils leur offraient des...