Nous sommes le matin du vendredi, je pars avec mes hommes à la mosquée. Ce sera sûrement le dernier vendredi pour certains d'entre nous.
Je m'assois sur le tapis et écoute le prêche de l'imam. C'est tellement différent qu'en Syrie... Il y avait beaucoup plus d'hommes. Il y a aussi beaucoup plus d'hommes. Il y a aussi une salle pour les femmes. Tellement que je me suis habitué à une mosquée que pour les hommes en Syrie, j'avais oublié que dans les autres pays, il y avait une salle réservée aux femmes.
Après le prêche, l'imam commence à parler de l'attestation de foi. Une femme va se reconvertir à l'Islam. L'imam lui pose les questions basiques, "crois-tu qu'il n'y a d'autres divinités digne d'être adoré qu'Allah ?", "crois-tu que Muhammad est un Messager comme l'a était Moïse et Jésus ?", "crois-tu à ce que l'Islam est la religion vraie religion, de la droiture ?". Après ça, elle finit par prononcer la shahada.
Ensuite, nous nous mettons à prier deux unités de prières avant de partir de la mosquée. Je voulais rester encore un peu mais c'est impossible avec ce qu'on compte faire ce soir...
SYHEM
Les rues de Raqqa sont agitées. Les hommes sont stressés, j'ai compris que c'est aujourd'hui. Aujourd'hui, Anis va mourir... ça me fait quelque chose... Je ne veux pas. Je ne veux pas qu'il meurt.
- Syhem, je sors. A ce soir. Me dit Shehab.
Je hoche la tête sans réponde. En vrai, je ne pense pas à tout ça. Je pense à Mina. Qu'à Mina. Qu'est-ce qu'elle fait ? Où elle est ? J'attends que ça se calme un peu dehors pour demander à Shehab de chercher sa maison pour moi.
Le soleil s'est couché et il commence à faire noir. Alors qu'il y a quelques secondes, la rue était mouvementée maintenant elle ne l'est plus. J'ai compris que maintenant, c'est le début. Tout vient de commencer. Tout.
- Qu'Allah te protège, Anis... Chuchotais-je.
OMNISCIENT
- Changement rapide, explosion au stade de France à 21h20. Ouvrir le feu à 21h25 au 10ème et 11ème arrondissement puis quand la police vient, deux explosions. Tire sur le Bataclan à 21h40 puis otage. Des questions ? Leur dit le chef.
Ils écoutent et se préparent. Anis se chargera d'un bar au 11ème arrondissement. Il est 21h pile. Il reste vingt minutes avant le début... ou plutôt la fin ?
Anis et deux kamikazes montent dans une voiture en cachant leurs armes. Ils s'arrêtent devant le bar. Il n'y a aucun policier de ce côté là. La voie est libre mais ce n'est pas le moment.
21h19. Plus que quelques secondes. C'est bientôt l'heure. L'heure du grand massacre. Tout retombera sur les français, ils se diront qu'ils n'ont rien vu venir. C'était imprévu.
- 5... 4... 3... 2... 1...
21h20. Anis ferme ses yeux. Ils n'ont pas entendu d'explosions étant loin mais ils l'ont sentis. Ils gardent tous les trois leurs téléphones intraçables en attendant le message de confirmation.
Un des kamikazes lance une bombe pour distraire les policiers puis actionne sa ceinture explosive en criant "Allahu akbar". Un des deux est rentré dans le stade et tire sur la foule présente qui s'était réfugiée sur la pelouse. Une fois que les policiers ont repris le contrôle, ils l'ont abbatus.
Le dernier tirait sur les gens qui s'échappaient du stade. Il tirait tout en marchant vers l'arrière, une fois qu'il voit que les renforts arrivent, il se met à courir jusqu'à sa voiture et démarrer rapidement.
Une fois loin de tout ça, il prend son téléphone et envoie "ok" aux trois hommes du deuxième groupe.
21h23. C'est bientôt le tour du deuxième groupe. Aussi étonnant que ça puisse paraître, ils n'ont pas peur et ne sont pas stressés. La première mission tourne à la réussite. La deuxième aussi, puis la troisième.
- Va au dixième arrondissement, on te fera un signe quand tout sera prêt. Lui dit Anis.
21h25. Anis et son collègue sortent leurs armes à feu de la voiture, ils chargent leurs armes et tirent à l'aveuglette. Les tables se font renversés et les personnes se cachent derrière.
Il y a des corps qui tombent, des pleurs de bébés et d'enfants se font entendre aussi. Mais malgré ça, rien ne les arrête. Ils sont à un point de non-retour.
21h34. Anis s'en va en courant se cacher en entendant les sirènes des policiers pendant que ses collègues attendent le signal.
Il ne reste plus que dix secondes. Ils comptaient puis quand l'aiguille de la montre passe à trente-cinq, on entend deux explosions. L'une face à l'autre. Deux hommes se sont explosés en tuant des innocents avec eux.
Anis prend son téléphone et envoie "ok" aux vivants du troisième groupe. Les trois kamikazes sont morts, ils ne reste plus que cinq ou six personnes vivantes. Au tour du Bataclan.
Les survivants du stade de France avec Anis prennent leurs voitures et sortent de Paris et de sa banlieue.
21h39. Le troisième groupe s'apprête, ils ont tués la sécurité en brisant leurs nuques. Maintenant, ils sont deux à attendre devant la porte du Bataclan. Le troisième attend un peu plus loin, il prendra en otage les survivants. Il sera aidé des survivants des deux autres attaques.
21h40. La porte explose, les musiciens s'arrêtent et partent se cacher quand ils entendent les tirs. Les personnes présentes qui dansaient sur le rythme de la musique s'arrêtent et se baissent au sol.
On ne savait pas qui était vivant et qui était mort. Les forces de l'ordre arrivent trop tard mais ils réussissent tout de même à abattre les deux hommes.
Quand le troisième homme voit des gens commencer à sortir, il envoie "ok" aux deux premiers groupes sans savoir qui est en vie et qui est mort.
Anis et son collègue, Ibrahim, arrivent et pointent leurs armes sur les policiers. Des renforts sont même venus les aider. Les trois hommes dirigent la foule vers un endroit clôturé.
Anis se met à l'écart de son groupe alors que les autres hommes tiraient sur les personnes âgées, jeunes, les enfants, les femmes, les hommes, peu importe qui.
Les renforts des hommes commencent à tomber un par un, les policiers sont arrivés. Anis se met à courir vers sa voiture avec Ibrahim.
Ils roulent essouflés, ils resteront sur Lille avant de partir en Belgique. Ils ne sont plus que deux combattants. Il y a un ami à Ibrahim à Lille qui leur prêtera sa maison jusqu'à que ça se calme.
- Abû Anis, je dois te dire quelque chose... dit Ibrahim.
Anis le regarde du coin de l'œil rapidement pendant qu'il conduit.
- Au stade de France, il y avait le mari et le fils de ton ex. Lui dit-il.
- Ahlam ? Lui demande Anis.
Il hoche la tête et Anis regarde devant lui en soupirant. Il aurait préféré que ce soit elle... puis une idée lui vient en tête. Il fait demi-tour et va dans son ancienne ville. Il est en France, autant en profite, non ?
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La Belle et le Djîhādîste
Teen FictionAlors que la guerre éclate en mars 2011, des milliers de civils se font tuer. En 2014, le groupe terroriste, Daesh, prennent Raqqa. Ils étaient vus dans la ville comme «héros» à leur entrée. Ils étaient doux avec les enfants, ils leur offraient des...