La Belle et le Djîhādîste

51.

- J'aimerais être celui qui réparera ton petit coeur brisé. Dit-il. Celui qui te rendra heureuse.

...

- Je... Je t'ai... Je tiens à toi, Syhem. Tu as pris la place de la femme que j'aimais avant... et bien plus. Dit-il doucement. Pardonne moi.

Mon cœur bat à mille à l'heure. Il est venu demander ma main... Je... Je ne sais pas quoi dire.

- Viens ! Me dit Mina.

Elle me tire par le bras et me fais rentrer dans la cuisine.

- Regardes, je vais sortir dehors. Si ton père et ton frère acceptent, je te ferais signe et tu sortiras avec les cafés. Me dit-elle en souriant.

Je hoche la tête mais elle sort quelque chose du placard.

- Un peu de sel ? Me dit-elle.

- Quoi ? Lui dis-je perdue.

- Ton chéri est turc, non ? On va faire comme dans les traditions. On met un peu de sel dans son café... et du poivre aussi. Dit-elle en riant.

- Non ! Enfin, je veux dire... il ne pourra pas le boire. Dis-je en grimaçant. 

- C'est le but, ma belle. Dit-elle en souriant et secouant sa tête. S'il le boit entier, c'est qu'il tient à toi et qu'il sera prêt à surmonter tout les problèmes.

C'est beau comme tradition. Je fais comme elle me l'a demandée et elle, elle s'en va. J'ai peur de ce que mon père et mon frère vont dire. Vont-ils accepter ?

ANIS

Mina arrive sans Syhem et se met un peu loin de nous. Je baisse la tête en bougeant mes mains. Je stresse tellement.

- Dis moi ce qu'il t'a poussé à partir en Syrie, mon fils. Me dit le père de Syhem.

- Jusqu'à aujourd'hui, il n'y a que Ibrahim et Syhem qui le savent... quand j'étais petit, mon père nous a abandonnés, moi, ma mère et ma soeur. Ma mère a été une mère et un père en même temps... Quand j'étais au lycée, je suis sortis avec une fille avec qui je prévoyais de me marier après le bac. J'ai découvert qu'elle ne m'aimait pas, qu'elle allait se marier derrière mon dos... Dis-je en soupirant.

Je lance un regard vers Suhayl et son père.

- J'étais mal mais je devais être un homme fort devant ma mère et ma sœur. J'étais le dernier homme de ma famille. Ma mère décide donc de m'emmener à New York pour me changer les idées mais elle se fait tuer là-bas. Puis c'est au tour de ma soeur de la rejoindre... Elle se suicide après s'être faite... après s'être faite violer par des hommes. Dis-je les larmes aux yeux.

J'ai les larmes qui me montent aux yeux, même si je suis devenu un homme, même si plusieurs années sont passées, ma mère et ma sœur me manque toujours autant. Elles sont dans leurs tombes en ce moment.

- J'étais tellement désespéré que je voulais mettre la faute sur quelqu'un. J'avais la haine en moi et je n'avais personne pour me conseiller. Je venais à peine de finir le lycée, j'ai eu mon bac et j'allais entamer de longues études de médecine. J'allais pouvoir tenir mon diplôme et voir ma mère pleurer de fierté pour moi ! Qu'est-ce que je ne ferais pas pour remonter dans le temps et vivre ça... Dis-je avec la voix brisée.

- C'est bon, mon fils. Tu n'es pas obligé de finir. Me dit-il.

- Non, ce n'est rien... à ce moment là, j'étais vulnérable. Ces chiens en avaient profités pour faire passer mon désir de vengeance en haine de tous les mécréants sur Terre... et même de certains de mes frères musulmans. Je me suis alors accroché à l'Islam... Mais de la mauvaise façon. Je lisais le Coran mais sans le comprendre, j'étais convaincu de ma voie. Dis-je en serrant les poings.

Ça a été les pires années de ma vie. Comment j'ai pu tomber dans leur piège ?

- Quand votre fille est venue, elle a fait apparaître l'ancien moi. Celui que j'avais laissé en quittant la France pour la Turquie puis pour la Syrie. Elle m'a fait revivre le passé dans le présent, elle m'a poussée à la réflexion, à la bonne compréhension. Elle a été la cause de ma guidée. Peut-être que vous ne voulez pas de moi dans votre famille, mais j'aime votre fille. Je ne veux pas qu'on nous sépare encore. Dis-je.

- ... Je n'ai plus aucune raison de ne pas t'accepter mon fils. Je te dois la vie de ma fille. Me dit-il en souriant. Tant que vous vous aimez et que tu n'es pas dans une voie loin de la religion... vous avez ma bénédiction.

- Merci mon oncle, merci ! Dis-je en souriant. Mais Suhayl... si je dois devenir ton beau-frère, j'espère qu'on s'entendra bien. Je sais que t'as peur pour ta soeur mais je te jure que je ne lui ferais jamais de mal, jamais !

Mina s'en va vers la cuisine.

- On verra... beau-frère. Me dit-il.

Je me mets à sourire puis je vois Syhem venir avec un plateau. Elle dépose à chacun une tasse. Je la prends et commence à en boire, c'est... salé. Je regarde Syhem en souriant puis lui fait un clin d'œil avant de finir le café entièrement.

- On vous laisse vous parler sur votre mariage, nous, on sera juste à côté. Nous dit Suhayl.

Je hoche la tête puis ils s'en vont.

- Enfin ma Syhem... on va se marier ! Lui dis-je en souriant.

- Anis... J'ai peur. Me dit-elle. Plus rien ne nous causera d'ennuis, hein ?

En réalité, je ne sais pas...

- In shaa Allah (Si Allah le veut). Lui dis-je.

Un blanc s'installe entre nous.

- Syhem, je... commençais-je.

Je prends ses mains dans les miennes puis la regarde dans les yeux.

- Dis moi ce que tu veux. Le moment où on se mariera, les pays où on ira, où on vivra. Je te l'avais promis Syhem, demande moi ce que tu veux et je le ferais. Lui dis-je en la fixant.

- Je ne sais pas Anis, du moment où je suis avec toi, ça me suffit. Me dit-elle timidement.

- Moi aussi, aşkım. Moi aussi. Dis-je. Ne m'appelle plus Anis, Syhem.

- Pourquoi ? Me demande-t-elle.

- Tu as tuée Anis, Syhem. Mon vrai moi est Emin. Tu as refais de moi le petit gamin d'avant, celui qui n'a jamais tué personne. Lui dis-je reconnaissant. Aujourd'hui, tu as refais vivre Emin. 

Elle me fait un sourire sincère.

- Je... Je crois qu'ils nous attendent. Juste pour savoir, tu préfères un mariage simple entre nous ou... ? Lui demandais-je.

- Un mariage simple, c'est bon. Me dit-elle en souriant.

- Dans deux semaines, ça te dit ? Lui dis-je en faisant un sourire en coin.

Elle hoche la tête.

- Je vais te préparer, toi tu as juste à t'acheter une robe. La prévenais-je. J'y vais Syhem, prépare toi pour ce soir. Je t'emmène chez mon père et après je te fais goûter à un des meilleurs restaurants d'ici.

Ensuite, on retourne voir son père et son frère. On leur parle de la date, des choses à préparer, de la dot puis je m'en vais. Ce soir, je me réconcilie avec mon père et je lui présenterai la femme de ma vie. J'ai tellement hâte qu'elle soit ma femme aux yeux d'Allah. In shaa Allah...