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J'entends la porte s'ouvrir, je lève directement la tête espérant que ce soit Anis. Et c'est bien lui, il se fait traîner au sol comme à chaque fois  par les hommes.

- Anis, Ahlam est... commençais-je.

Je m'arrête quand je vais la voir venir derrière lui. Anis se fait attacher sur une chaise mais garde la tête baissée.

- Dis lui, chérie. Lui dit Ahlam.

Je fronce les sourcils. Chérie ?

- ... Syhem... je... Dit-il hésitant.

Je ne sens pas ce qu'il va me dire. Je ne le sens pas du tout...

- Syhem, je me suis  remis avec Ahlam. Me dit-il.

Mes lèvres commencent à trembler.

- Rien n'a jamais réellement commencé entre nous... j'avais seulement... seulement pitié de toi. Dit-il en soupirant.

Il lance un regard à Ahlam, elle souriait.

- Depuis le lycée, j'aime Ahlam. Je l'ai jamais oublié. Dit-il en la regardant.

- Tu ne dis rien ma belle ? Me dit Ahlam en souriant.

Je baisse la tête.

- Si on m'aurait dit qu'aimer faisait si mal... Dis-je les larmes aux yeux.

A ce moment là, je ne veux qu'une chose ; prendre mon frère et Mina dans mes bras et pleurer.

- Je te comprends ma chérie, mais ne t'inquiète pas. Tu trouveras quelqu'un de mieux. Dit-elle en me lançant un regard compatissant.

Anis garde toujours la tête baissée. Je veux savoir s'il est sincère... Je ne veux pas croire que c'est vrai.

- Anis, regarde moi. Lui dis-je. Regarde moi et dis moi que tu ne m'aimes pas. 

Il lève sa tête puis regarde Ahlam avant de me  regarder.

- Je... Je ne t'aime pas.. dit-il en soupirant.

- Bon. Dit Ahlam. On y va, habibi ?

Elle attrape Anis par le bras et s'avance vers la porte suivis de deux hommes.

- SI TU NE M'AIMES PAS, POURQUOI TU M'AS SAUVÉ PLUS D'UNE FOIS ? QUE CE SOIT DE YEZID OU DE SHEHAB ? HEIN ? TU... TU ES LE PREMIER QUE MON COEUR A CHOISI ET IL N'AURAIT JAMAIS DÛ ! TU VOISCE QUE T'AS RESSENTIS AVEC AHLAM QUAND T'ÉTAIS A SA PORTE ?JE RESSENS LA MÊME CHOSE MAINTENANT ! POURQUOI ANIS ? POURQUOI... ? Criais-je en pleurant.

Il s'arrête mais il se fait pousser vers l'extérieur. Je fonds en larmes. Il m'a lâché ! Il m'a réellement lâché. Et Allah sait combien de nuit j'ai pleurée pour lui, même quand Shehab était avec moi, je pensais à lui. Mais où j'avais la tête ? Comment est-ce que c'est possible d'aimer dans son monde ? Je suis tellement naïve mais... mais amoureuse surtout.

Il a dû se dire que j'étais trop gentille, désespérée et naïve. Il en a profité. Il a profité de moi et de ma situation. C'est de ma faute ! J'aurais dû me méfier, j'aurais dû écouter mon frère. Il avait raison sur toute la ligne...

ANIS

Ils m'attachent sur la chaise comme à chaque fois.

- J'ai tenu ma parole, à toi maintenant. Dis-je à Ahlam.

- L'amour t'a rendu tellement naïf, mon pauvre Anis... dit-elle en riant.

Ça veut dire quoi ça ?

- Elle restera ici et elle mourra ici. Je ne suis pas bête, elle s'enfuira d'ici et je sais que tu la  retrouveras un jour ou l'autre. Me dit-elle.

- Tu m'as obligé à dire à la femme que j'aime, droit dans les yeux, que je ne l'aime pas. J'ai fais ça au prix de sa liberté ! Tu dois tenir parole. Dis-je d'un ton froid.

- Tu es à moi, Emin. Rien qu'à moi. Dit-elle en souriant.

- Jamais. Ahlam, sache que ce n'est qu'une question de temps et je me vengerais. Lui dis-je.

- On verra ça. Pour l'instant, repose toi. Tu le mérites. Dit-elle en sortant.

Elle se fait suivre par les deux hommes comme des chiens. J'ai tellement la haine contre elle. Tellement. Allah sait ce que ma Syhem a dans la tête en ce moment, tout ça, à cause de mon ex. Maudit soit le jour où je l'ai connu.

Cette femme n'a pas froid aux yeux. Elle faisait semblant de m'aimer, si je n'étais pas venue devant chez elle, jamais je n'aurais su qu'elle allait se marier. Elle m'a reparlé ensuite en me disant qu'elle regrette de m'avoir lâché et me parlait en cachette sans que mon mari le sache. Le pire dans tous ça est qu'elle n'a rien à faire de la mort de son fils et son ex-mari.

Comment faire pour sortir ? Je fixe le vide, il doit bien avoir une solution. Ou du moins, que Syhem s'en aille d'ici. Je commence à croire qu'ils ne nous ont pas enlevés parce que j'étais partisan de Daesh mais parce qu'ils me veulent quelque chose. Ils se prétendent être l'armée kurde qui luttent contre les "djihadiste" mais je crois bien que ce n'est qu'une couverture.

- Tu sais mon fils, ça, c'est le résultat de la fornication. Allah a misà ton bonheur illusoire pour que tu t'éloignes de cette fornication. Être en couple hors-mariage n'apporte rien de bon mon fils. Me dit ma mère.

Je hoche la tête sans répondre.

- Je sais que ça te fait du mal mais chéri, ce n'est ni moi ni personne d'autre qui te feront oublier cette femme. Demande à Allah. Il n'y a que Lui qui peut t'aider. Me dit-elle  tristement.

J'ai l'impression que c'est impossible pour moi d'oublier.

- C'est Toi [Seul] que nous adorons, et c'est Toi [Seul] dont nous implorons secours. (1:5) Récite-t-elle.

Je lève la tête vers le ciel. J'espérais l'aide des créatures sans demander à Celui qui a ma vie entre Ses Mains, Celui qui m'a créé alors que je n'étais rien, Celui pour lequel je me suis battu sans savoir qu'en vrai, je me suis livré au diable.

- Ô Allah... pardonne moi. Comment j'ai pu T'oublier ? Quel Serviteur indigne je suis ? Je suis impuissant alors que Tu es le Tout-Puissant. Je mérite ce qu'il m'arrive... J'ai tué des innocents. Des musulmans comme des mécréants. Sauve Syhem ! Elle est innocente et Tu es le plus Savant. Dis-je.

J'implore Allah, Il est le Seul à pouvoir m'aider dans ma situation. La seule chose que je veux voir est Syhem en liberté. Rien ne compte à mes yeux plus que ça. Rien.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant