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Je reste face à la fenêtre. J'aimerais tellement juste le revoir. Rien qu'à sa vue, je me sens tellement bien... Il est le premier homme que j'aime.

- Je le vois à tes yeux, je le vois que tu n'es pas heureuse. Dit-il en soupirant. Je sais que tu portes quelque chose sur les épaules, quelque chose de lourd pour ton petit coeur.

Je reste silencieuse. S'il savait tout ce qu'il y avait en moi ! S'il savait comment mon coeur est désert, comme il est vide de joie.

...

Une de mes mèches s'échappent et se met devant mes yeux. L'homme la prend et me la met derrière l'oreille. Il s'approche de moi jusqu'à que je puisse sentir son souffle chaud sur moi.

Il penche sa tête sur mon cou. Je ferme instinctivement mes yeux, j'en oublie même de respirer quand je sens ses lèvres se poser sur mon cou nu. Il relève sa tête et approche sa tête de la mienne, jusqu'à que nos fronts se collent, que nos nez se touchent.

Je me touche le cou. Il était si proche de moi, ce jour-là. Mon coeur battait fort. Mon cœur savait ce que ma raison refusait d'admettre. J'ai toujours écoutée ma raison mais aujourd'hui, je laisse mon cœur parler.

Depuis la mort de ma cousine, il ne m'a jamais laissée seule. Je m'en rends compte seulement maintenant.

- ... montre moi ton médicament. Me dit-il.

J'ouvre mon sac rapidement et le lui montre. Il me regarde dans les yeux.

- Passe. Mais c'est la dernière fois. D'accord ? Me dit-il strictement.

...

- Ils ont bombardés ce côté-là et l'autre, à l'ouest. Dit-il à son collègue. Prend les femmes non mariées.

Il était dur mais il était à la fois doux. Je sentais qu'il souffrait, il n'avait aucun repère et s'est tourné vers la violence. C'est en usant de cette violence qu'il a pu faire sortir sa peine.

Il se sentait fragile à la mort de ses êtres chers. Plus encore, la mort de sa sœur l'a détruit plus que ce qu'il ne l'était. Elle s'est suicidée et Anis pense que c'est de sa faute. Qu'il n'a pas pu la protéger.

Je l'ai sentis dès que je l'ai vu pour la première fois et j'ai su le pourquoi du comment quand il s'est ouvert à moi et m'a racontée son histoire.

Une fois... j'ai fais un rêve. Je m'en rappelle. Je me faisais enterrer, j'essayais de m'en sortir mais rien ne pouvait m'aider jusqu'à qu'une main traverse la terre.

- Prends ma main. Me dit l'homme. 

J'essaie de bouger mais je n'y arrive pas, je me sens étouffer.

- Ai... Aide moi... sauve moi... dis-je avec les lèvres tremblantes.

- SYHEM ! SYHEM ! Crie-t-il.

L'homme de ce rêve... c'est Anis. Je me rends compte de toutes ces petites choses seulement maintenant. Seulement quand il est partit.

Je lève la tête vers le haut pour ne pas que mes larmes coulent. Je ne veux pas que Mina ni mon frère sache ce que j'ai au fond de moi.

Alors que je pensais encore à lui, j'entends la porte sonner. Je me lève rapidement et mon frère arrive aussi. On ouvre la porte en même temps... 

SUHAYL

J'ouvre la porte. Je vois cet homme et je le regarde plus que surpris. Ma sœur crie et se cache derrière moi. Il a les yeux fermés et la tête qui va vers devant.

Anis sort de derrière lui. Quand ma soeur le voit, elle allait partir vers lui mais se retient. Je le regarde en fronçant les sourcils.

- J'ai retrouvé, Shehab. Fais en ce que tu veux. Me dit-il.

Je fais un sourire en coin. Il est fort ce petit ! Finalement, il n'a pas l'air d'être comme eux. Je prends le corps de Shehab et  le porte jusqu'à la cave.

Je mets le corps de Shehab et l'attache puis remonte au salon.

- Je... viens... Reste pas devant la porte. Dit ma sœur.

Je me cache derrière le mur et les regarde.

- Non, c'est bon. Je vais partir de toute façon. Lui répond-il.

Ma sœur avance d'un pas hésitant puis d'un coup, elle prend Anis dans ses bras. Elle pose sa tête sur son torse et le serre contre elle fortement. Lui, il n'a réagit que quelques secondes plus tard et la prend aussi dans ses bras. Il lève la tête vers le haut en fermant ses yeux.

- Ne me laisse pas, Anis... le supplie-t-elle.

Il ne répond pas.

- Je t'en supplie, Anis... Je... Je suis tellement vide sans toi ! Et... Anis, j'ai besoin de toi. Dit-elle la voix cassée.

Il s'éloigne d'elle.

- Syhem, on va s'aimer mais après ? On va s'enfuir, se marier ? Tu ne peux pas faire ta vie avec un homme comme moi. Qui t'as fais souffrir si ce n'est des hommes comme moi ? Syhem, je ne suis pas celui qui te mérite. Un jour, mon passé va me rattraper et tu subiras avec moi. Lui dit-elle.

- Qui a dit que tu ne me mérites pas ? Tu n'es pas comme eux et je l'ai compris depuis le début... Anis, s'il faut qu'on subisse, on sera deux. Anis, je... ne me lâche pas. Dit-elle les larmes aux yeux. 

Ma sœur est amoureuse de cet homme. Est-ce un bien ou un mal ? Je ne sais pas. Il m'a prouvé plusieurs fois qu'il tient à ma sœur mais est-ce que la laisser à un homme comme lui est quelque chose de bien ?

- Oublie moi, Syhem. Considère moi comme le passé, va de l'avant et oublie moi. Lui dit-il en soupirant.

Je décide de sortir et de me montrer.

- Il a raison, petite sœur. De toute façon, on s'en va dans moins d'une semaine. La prévenais-je.

Elle me regarde dans les yeux, les larmes aux yeux. Elle nous regarde chacun a tour de rôle puis s'en va en courant dans la chambre.

- Prend soin d'elle, Suhayl. Me dit-il. Je t'ai amené Shehab, fais en ce que tu veux. Moi, je dois retourner à Raqqa ce soir. 

- Merci pour tout, fais attention aussi à ta blessure. Lui dis-je.

Il hoche la tête puis s'en va. Je retourne à la cave où je vois Shehab qui s'est réveillé. Je lui fais un sourire sadique.

- Comme ça tu touches à ma sœur ? Lui dis-je d'un ton dur.

Je ferme la porte de la cave à clé et je prends un couteau. Il me regarde avec un visage neutre. Je m'avance vers lui, je vais le faire souffrir. Tellement souffrir. Je tourne le couteau dans ma main et s'arrête face à lui.

- A nous deux. Dis-je en riant.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant