38.

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Je me lève en sursaut. Ce n'était qu'un cauchemar. Syhem est encore en vie.. oui, elle est en vie, ça doit être un signe d'Allah, il faut que je retrouve Shehab et vite ! Autrement, il tuera Syhem. 

Je me lève, il fait déja jour. Je m'habille discrètement de sorte qu'on ne me reconnaisse pas et cache mon arme derrière mon dos. J'ai aussi pris un couteau au cas où.

Je sors et je me promène dans les rues d'Alep. J'ai une forte intuition que Shehab est ici. Dans cette ville.

- Quand j'ai des soucis, je pars à Alep, ça fait un peu de route mais je te jure que l'air de là-bas change tout. Dit-il en souriant. C'est la ville où je m'enfuis en quelque sorte.

C'est ce qu'il m'avait dit. Je remercie Allah de m'avoir doté d'une mémoire. Je continue mon chemin. Les femmes se bousculent devant les marchands mais une d'entre elles s'éloignent et continue d'acheter des légumes et fruits.

Je sens son odeur. C'est elle. Je me cache directement, je ne veux pas qu'elle me voit. Peut-être que finalement, je devrais m'éloigner d'elle. Je suis dangereux pour elle... Elle ne sera jamais heureuse avec un homme comme moi.

Je la vois s'éloigner. Je la suis du regard, rien que pour la voir en sécurité. Une seconde plus tard, on entend un bruit de tirs. Les femmes se mettent à crier et les hommes les évacuent vers l'intérieur.

Il y a du monde qui court partout. De droite à gauche, je cherche Syhem du regard. Où est-elle ? Je cours entre les gens et la cherche jusqu'à la voir accroupie derrière une table.

- Sors de là. Entendis-je.

Je vois un homme cagoulé, il se tient devant elle de l'autre côté de la rue. Prise de peur, elle sort en pleurant.

- Comment vas-tu ma petite femme chérie ? Dit-il en riant.

L'homme enlève sa cagoule. Syhem continue à regarder devant elle, elle n'a pas bougée.

- ... Je n'ai plus peur de toi, Shehab. Dit-elle.

Il se met à rire.

- Comprend que c'est de la faute de ton amant, Anis que tu te retrouves là. C'est à cause de lui. Lui dit-il. On aurait pu vivre à deux, avec de nombreux enfants mais bien-sûr la princesse tombe amoureuse de son prince charmant ! 

Elle ne dit rien. Il pointe son arme vers elle, je commence à courir pour ne pas qu'il tire.

- T'avances encore d'un pas, je tire. Me dit-il sans me regarder.

Il ne lâche pas Syhem du regard. Je m'arrête sinon je sais qu'il va tirer.

- Shehab... C'est ce qu'Allah a décidé pour nous. Lui dit-elle.

Il serre de plus en plus fort son arme.

- Et c'est pour ça que je n'ai pas peur de toi. Conclue-t-elle.

Je sens de lui une haine immense. Si elle était plus proche de lui, il l'aurait étranglé.

- Ma vie appartient à Allah et c'est Lui qui décidera de ma mort. Dit-elle.

Il va tirer. Je me mets à courir vers Syhem. Elle, elle reste immobile.

- SYHEM ! Criais-je de toute mes forces.

Et il tire.

SUHAYL

On entend des coups de feu. Dès que je l'entends, je mets ma veste et sors directement. J'ordonne à Mina de rester et de ne pas sortir. Je cours vers la source du bruit. J'ai peur que ce soit en rapport avec ma sœur et Shehab.

J'arrive à l'entrée du marché, il y a deux corps je pense. On voit seulement leurs ombres de loin. Je sors mon arme et la pointe devant moi tout en avançant.

Peu à peu, ces ombres deviennent des corps. Je les reconnais. Enfin, seulement une seule personne. Je m'approche d'elle, elle pleurait sur un corps.

- ... Syhem ? Dis-je.

Elle lève sa tête, ses yeux sont rouges.

- Aide moi Suhayl... aide moi ! Il ne peut pas mourir ! Dit-elle, la voix brisée.

C'est Anis. Il avait les yeux mi ouverts.

- Va... faire ta vie... ailleurs, Syhem...pr... prie... pour... moi. Dit-il faiblement.

Je le prends par les épaules, il est encore en vie. On doit le soigner au plus vite. Je l'amène rapidement chez moi. Je le pose sur un matelas et pars chercher un médecin. 

Il arrive en quelques minutes. Syhem est à ses côtés depuis le début. Peut-être que je me trompe... peut-être qu'ils s'aiment vraiment...

SYHEM

Je sors de la chambre en larmes, laissant place au médecin. Mina ma regarde inquiète puis viens me prendre dans ses bras. Je la serre fortement contre moi et je pleure. On se dirige vers le canapé puis on s'assoit. 

- C'était moi qui devait mourir ! Moi et seulement moi ! Dis-je en pleurant.

S'il meurt, je ne me le pardonnerai jamais.

- Il va vivre par la volonté d'Allah. Me rassure-t-elle.

Quelques heures plus tard, la porte s'ouvre et le médecin sort. Il parle rapidement avec mon frère et s'en va. Je pars devant la chambre et regarde mon frère, il hoche la tête et je rentre. Je m'assois lentement à côté de lui.

- ... J'aurais dû être à ta place, Anis. J'étais prête à mourir. Pourquoi t'es venue ? Je t'en supplie, ouvre tes yeux... Dis-je en tenant sa main.

Silence. Il ne répond pas.

- Je... tu es le premier à rentrer là. Dis-je en pointant mon cœur. Et tu seras le dernier à en sortir.

Je soupire.

- Je veux que tu t'éloignes de moi mais je te veux aussi près de moi. Qu'est-ce que tu m'as fais ? Lui demandais-je.

Les larmes me montent aux yeux, je lève la tête vers le haut pour ne pas pleurer.

- Je te détestais, tu sais ? Je te détestais sans te connaître car je te pensais comme eux tous. Puis tu m'as sauvée une fois puis deux, je te gardais dans ma tête même si je ne me le disais pas. Dis-je en soupirant. Aujourd'hui, quand t'as couru vers moi, quand tu t'es mis devant moi au moment où... au moment où j'allais mourir, j'ai compris ce que j'essayais de nier depuis le début... je...

Je m'arrête. Mon cœur bat vite. Tellement vite que je sens qu'il va sortir de ma poitrine.

- ... Je t'aime, Anis. Dis-je en baissant la tête.

C'est dit. Je lui ai dit. Je lui ai dit mais il n'a rien entendu. Je sors de la chambre, les larmes aux yeux. Mon cœur n'espère qu'une chose, le sentir près de moi et le revoir... car il est le seul qui fait mon bonheur.


La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant