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J'ouvre mes yeux lentement. Je vois quelques personnes autour de moi mais tout est flou. J'ai l'impression que ma tête tourne sans s'arrêter. Les voix aussi sont comme des bourdonnements dans mes oreilles.

- Laissez la quelques secondes, elle doit être perdue. Entendis-je. Le mieux est qu'une seule personne reste avec elle.

S'en suit des bourdonnements insupportable, petit à petit, tout se calme. Ma vue devient de plus en plus nette. 

- Petite soeur... Entendis-je

Suhayl.

- Où... où suis-je ? Dis-je perdue.

- A l'hôpital. Un homme voulait te kidnapper. Me dit-il.

Je ferme les yeux en grimaçant et en respirant difficilement.

- Oui... il y a eu un homme en... en tenue de médecin qui... qui voulait me parler sur... sur l'état d'Emin. Dis-je difficilement.

- Tu sais qui c'est ? Il ressemblait à quoi ? Me demande-t-il.

- Je... Je ne sais plus. Dis-je en grimaçant.

- Essaie de t'en rappeler. Me dit-il.

Tout est flou dans ma tête.

- La situation est grave, on doit en parler. Suivez moi. Me dit-il.

- Il est grand, une barbe moyenne avec une cicatrice au dessus de l'œil. Il est brun aux yeux châtains. Lui dis-je.

- Elle est pieuse ta femme ? Demande-t-il.

Shehab ne répond pas, il a sûrement hoché sa tête.

- Alors dis lui ce qu'Allah attend d'elle, si elle ne le fait pas avec les sentiments alors elle le fera pour Allah si elle est vraiment une Servante d'Allah. Force la, il ne faut jamais être doux dans ces situations là. Lui dit l'un.

Je me rappelle de lui. C'était un des collègues de Shehab qu'il avait invité un jour.

- Ton mari t'attend au Liban, ma belle. Me chuchote-t-il dans l'oreille.

- C'est un collègue de Shehab. Je me rappelle, il était venu chez nous en Syrie, une fois. Dis-je en soupirant.

Suhayl soupire en passant une main dans ses cheveux.

- Il est censé être mort... Je dois te retrouver avant qu'il ne te fasse du mal, à toi et ton mari. Me dit-il.

- Il est censé m'attendre au Liban. Le prévenais-je.

- Je verrais plus tard. Me dit-il. Repose toi, petite sœur.

- Non, je veux voir Emin. Lui dis-je.

Il essaie de me faire changer d'avis mais j'insiste alors il m'emmène. C'est silencieux, il n'y a que le bruit des machines. Emin est relié à plusieurs fils. Je m'assois à côté de lui et lui tiens sa main.

- Emin... Shehab est de retour. C'est de sa faute que tu es ici. Dis-je en baissant la tête. On va lui montrer qu'on est plus fort que lui, hein ?

Je mets ma main dans ses cheveux et les lui caresse.

- Nous deux, on est plus fort que tout. Dis-je en souriant.

Je fixe ses yeux en espérant qu'il les ouvre.

- On partira en Arabie ensemble, on élèvera nos enfants là-bas. On vivra ensemble et si Allah le veut, on se retrouvera dans l'au-delà, main dans la main. Lui dis-je les larmes aux yeux.

Je tiens sa main et l'embrasse.

- Je te le dis, tu meurs, je meurs. On a été trop longtemps séparé en Syrie, je ne veux pas que ça se repasse comme ça. On va avoir une belle vie, on va être heureux pour une fois. Dis-je en souriant tristement. Je... Je t'aime, Emin.

Je lui embrasse le front puis sors pour rejoindre mon frère.

- Alors ? Il s'est réveillé ?  Me demande-t-il.

Je secoue la tête de droite à gauche.

- J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer, petite sœur. Me dit-il.

- C'est quoi ? Lui demandais-je.

- Je vais être tonton. Dit-il en souriant.

Je fronce les sourcils. Comment ça ?

- Tu vas être maman, Syhem. Me dit-il en riant.

J'ouvre grand les yeux et je mets ma main sur ma bouche. Je fais un grand sourire. Moi ? Enceinte ? Mon Dieu !

- J'arrive ! Dis-je en souriant.

Je cours vers la chambre d'Emin.

- Emin ! Tu dois te réveiller plus que jamais ! J'ai une bonne nouvelle, on va devenir une famille complète. On va devenir ce qu'on a toujours voulu... Lui dis-je en souriant.

Je tiens sa main contre la mienne. Je la pose sur mon front en fermant les yeux.

Dans bientôt, j'aurais un enfant. Mon enfant. Je lui donnerais tout ce dont j'ai été privée mais je lui enseignerais ce que ma mère m'a enseignée. Le respect des autres, l'amour, le bon comportement, donner sans compter mais avant tout, la religion ! On vivra dans la ville où le Prophète est mort, si Allah le veut, ce sera une bonne occasion.

Je m'imagine dans ma petite maison avec mon mari et mon enfant, ça me rend tellement heureuse. J'espère que cette fois, tout se passera bien... alors que je me perds dans mes pensées, je sens une pression sur mon doigt.

Je lève la tête. Emin... Emin s'est réveillé ! La machine cardiaque commence à faire un énorme bruit régulier puis les infirmières rentrent rapidement dans la chambre. On me fait sortir alors que je ne comprenais pas ce qu'il vient de se passer.

SHEHAB

- Son frère m'a vu et a tiré sur les pneus de la voiture... dit-il en baissant la tête.

- COMMENT ÇA? MÊME KIDNAPPER VOUS SAVEZ PAS FAIRE ? Criais-je.

- Je... Je suis désolé, chef. Dit-il en tremblant.

Je charge mon arme et la pointe sur lui.

-  Non, ne me tuez pas ! Je vous en supplie, chef ! J'ai deux enfants et ma femme... Je... dit-il.

Et je lui tire dans la tête.

- Débarrassez-vous de son corps. Ordonnais-je aux autres hommes.

Ils hochent la tête et font ce que je leur dis. Ils sont incapables ! Ils ne sont même pas capables de me ramener une femme !

Ahlam pose ses mains sur mon torse en me fixant dans les yeux.

- Suis moi, je vais te détendre un peu. Dit-elle en souriant.

Je la fixe longuement avant de lâcher un sourire en coin.

SYHEM

- Je... Je sais pas ! J'étais en train de lui parler et il m'a serré la main. Quand j'ai levée la tête, il avait les yeux ouverts mais... Mais il y a eu ce bruit. Dis-je les larmes aux yeux.

Suhayl met ses deux mains sur mes joues et me fixe dans les yeux.

- Tout va bien se passer, petite sœur. D'accord ? Me dit-il.

Je hoche la tête et efface mes larmes. J'attends que le médecin arrive, qu'il nous dise qu'il va bien. J'attends jusqu'à qu'il arrive enfin !

- Alors, docteur ? Comment va mon mari ? Lui demandais-je inquiète.

Il ne répond pas puis baisse la tête. Je retiens ma respiration quelques secondes. Non... ce n'est pas possible. Je suis sûr que je me trompe !

- Je suis désolé... on n'a rien pu faire de plus. Nous dit-il.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant