20.

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On est bientôt à la fin de l'été, au mois de septembre. Les hommes comment à s'agiter, les rumeurs courrent et les âmes vont partir. Ça fait peur à voir si l'on n'est pas habitué.

Je pars à la rencontre du calife, il est revenue d'Irak, il y a peu. Il restera ici jusqu'en novembre. Il doit veiller à tout ce que tout va bien pour la prochaine mission.

Et Syhem ? Eh bien, je passe la voir autant que je peux. Mais, depuis quelques jours, elle ne m'ouvre plus la porte, elle me repousse. Elle ne veut même plus entendre mon nom. Ça doit être à cause de Shehab...

Et Shehab, quant à lui...

Je le fixe dans les yeux avec un sourire en coin.

- Allez, tire. Lui dis-je.

Il tient fortement son arme mais sa main tremble.

- Tire ! Tue ton frère! Allez ! Criais-je.

- Crois moi, je vais te tuer mais je vais te donner une mort plus lente. Tu verras. Tu verras. Me dit-il, fou de rage.

- Tire si t'es un homme. TIRE ! Criais-je en tenant son arme vers moi.

Il serre sa mâchoire, lâche son arme et s'en va.

Je ne l'ai vu que très peu après ça. Je savais qu'il n'allait pas tirer, je voulais le pousser à bout pour qu'il le fasse mais je savais que jamais il ne le fera. Jamais. Ou peut-être un jour... peut-être...

MINA

- Donc tu me demandes d'aller la voir, lui mentir en la regardant dans les yeux ? Lui dis-je. Jamais je ne pourrais faire ça !

- Tu préfères lui mentir un temps ou la voir morte ? Hein ? Me dit-il.

- Sors la de ce pays. On l'emmène à New York, Paris, au Japon, en Allemagne, même en Égypte, mais sors la de là ! Le suppliais-je.

- Je ne peux pas, pas pour le moment. Elle ne doit pas tomber enceinte de l'un d'entre eux, elle ne doit s'attacher à aucun, c'est la partie la plus dure. Le reste, on verra plus tard. Me dit-il en soupirant.

Je reste silencieuse. Je ne sais pas quoi faire. Syhem est en danger... Elle peut mourir n'importe quand.

- Je m'en voudrais tellement si elle meurt... comment je ferais sans elle ? Dis-je les larmes aux yeux.

- Et moi alors ? Je ne l'ai jamais vu et pourtant, je vendrais mon âme pour elle. Dit-il la tête baissée. Mina, essaie de l'éloigner d'Anis, de Shehab, d'eux tous. Il faut qu'on accélère le plan, je ne peux plus attendre. Plus maintenant.

Je soupire puis me lève. Je lui jette un dernier regard avant de m'en aller. Il commence à faire nuit, je sers mon niqab contre moi, mon arme est cachée juste en dessous. Si jamais il m'arrive quelque chose, j'aurais de quoi me défendre. C'est un silencieux.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant