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Plusieurs mois sont passés depuis que j'ai été nommé maréchal par le président syrien. Aujourd'hui, c'est notre première et plus grosse mission : libérer les palestiniens des prisons sionistes.

J'arrive dans une ville à la frontière de Gaza. Des soldats m'attendent déjà là-bas, on s'est séparé en plusieurs groupes pour ne pas attirer l'attention. 

- A minuit, on s'introduira dans les prisons. Leur dis-je. Maintenant, c'est soit nous mourrons, soit les sionistes meurent donc soyez prêts.

Ils hochent la tête et chacun vérifie ses armes et munitions, personne ne se doute de rien. A part le groupe palestinien et nous, personne n'est au courant de cette descente.

Quelques minutes avant minuit, on met nos cagoules et on sort à tour de rôle puis on se cache derrière les plaines, arbres et rochers tout en s'approchant de la prison. Je fais un signe de main à l'arrière pour que les hommes attendent.

Je regarde face à moi tout en regardant l'heure sur ma montre. Je lève ma main vers l'arrière en comptant. Cinq, quatre, trois, deux, un... Puis je fais un signe pour qu'on s'avance. On se met à trottiner doucement, toujours baissé pour ne pas être repérés.

Je fais un signe de main pour que les hommes attrapent les gardes. Ils font ce que je leur dis, arrivent par l'arrière et brisent la nuque de chaque gardes. Je casse la porte arrière avec mon pied puis rentre et regarde autour de moi. Mes hommes se sont séparés et chacun fait sa tâche.

L'alarme se déclenche. Des renforts devraient arriver, ils seront bien plus nombreux que nous. J'ouvre les différentes cellules, des hommes sortent en courant puis des femmes et des enfants.

- ALLEZ LS GARS ! SORTEZ LES ! PRENEZ VOS ARMES ! Criais-je.

Quand on entend le bruit des tirs, on se cache derrière des rochers ou autres, on se cache puis on tire.

- Tiens mon ami, tiens cette arme. Ils sont derrières nous. Dis-je à un des palestiniens.

Je lui parle syrien pour qu'il me comprenne.

- Tu es un des soldats syriens ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête. Puis je me mets à courir en continuant à tirer devant moi.

-TIREZ ! NE PARTEZ PAS MAIS TIREZ ! Criais-je aux hommes.

Les tirs se font de plus en plus. Les femmes et enfants sont partie, ils sont en sécurité maintenant. Les hommes sont restés à tirer sur les soldats sionistes.

- UNE PARTIE DES HOMMES PARTENT AU CÔTÉ DROIT, D'AUTRE AU CÔTÉ GAUCHE ET LE RESTE RAMENE LES PROVISIONS ! Ordonnais-je.

Chacun fait ce qu'il avait à faire. Le devant de cette prison est devenue un champ de bataille. Les prisonniers ont été libérés ici et dans le sud de la Palestine, en Cisjordanie et même dans la Palestine Occupée.

Notre camion passe à côté de nous et tire sur les sionistes. Ils tombent un par un. On commence à lancer les bombes lacrymogènes puis quand je vois que leur nombres diminuent, je décide qu'on doit repartir en Syrie avant que ça nous soit impossible.

- MONTEZ DANS LES CAMIONS ! Criais-je.

Et ils montent tous dans le camion et je leur explique le déroulement des choses, ceux qu'on compte faire... etc. Je leur dis qu'ils peuvent aller voir leurs familles, c'est ce qu'ils font. Ils ne restent que quelques minutes avant de remonter et on prend enfin la route pour la Syrie.

On arrive enfin après plusieurs heures de routes. On arrive à Damas. Je rentre dans ma résidence puis dans mon appartement. Je rentre dans ma salle de bain et prend une douche.

Je sors et enfile mon qamis blanc puis sors en direction de la mosquée. C'est bientôt l'heure de la prière. En attendant, j'ouvre mon Coran et me mets à lire. Je lis en me perdant, je suis dans un autre monde, un autre univers.

- Si Allah vous donne Son secours, nul ne peut vous vaincre. S'Il vous abandonne, qui donc après Lui vous donnera secours ? C'est à Allah que les croyants doivent faire confiance. [Sourate 3, verset 160]

Je me lève à l'entente de l'appel à la prière. La mosquée se remplit peu à peu puis la prière débute. Une fois finis, je sors et rentre chez moi.

Demain, ça fera seize ans que Syhem est décédée. Seize ans que j'ai dû endurer seul, loin de ma bien-aimée. Seize ans où je n'ai pas pu voir la lumière de son visage nous illuminer.

Je m'assois sur mon lit, dans ma main, une boîte. Je pose dans cette boîte, ma photo de mariage avec Syhem, son collier, sa bague et son carnet. Je sors une feuille et un stylo et me mets à écrire.

"Chère Syhem, 

Bien que tu ne sois plus en vie, bien qu'on ne se reverra plus ici-bas, je veux t'écrire. Au moins pour vider ce que j'ai dans le cœur.

Aujourd'hui, j'ai eu ma première victoire en tant que maréchal. Si tu serais là, la victoire aurait eu un plus bon goût. Je dirigeais l'armée et nous avons réussis à libérer nos frères et sœurs palestiniens. Leur sourire et leur espoir de liberté m'a fait chaud au cœur.

Tu sais... tout a changé. Même la Syrie. Les bâtiments détruits sont rénovés, les monuments historiques et les mosquées reconstruites. Daesh a disparu depuis quelques années, leurs dirigeants ont eu ce qu'ils méritaient. Tu aurais aimée voir ce jour mais tu n'as pas pu.

Ma femme, ma vie, mon amour de jeunesse, celle pour qui j'aurais pu mettre le monde sous ses pieds, la vie ne vaut plus rien sans toi. Plus rien... où es-tu ? Tu n'as jamais été absente quand j'avais besoin de toi. Où es-tu ? Il m'arrive de me dire "est-ce qu'elle est réellement morte?" Des fois, je n'y crois pas. Je n'y crois plus. Les années sont passés mais voilà que je n'arrive pas à m'habituer. J'ai l'impression qu'à n'importe quel moment, tu vas revenir...

Où es-tu ma femme ? Où es-tu... ?"

Je plis la feuille et la met dans la boîte, sous le carnet. Je referme la boîte et la pose dans une des chambres, dans le placard et fermé à clé. Je retourne dans le salon. J'attends que la nuit tombe puis pars m'endormir.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant