80.

404 35 0
                                    

La journée est passée. Je suis à présent à l'aéroport. Plus qu'une heure avant l'embarquement.

- Baba, tu vas revenir d'accord ? Me dit Hind.

Je la prends dans mes bras et lui embrasse le crâne.

- Je reviendrais. Je veux qu'à mon retour ton professeur de Coran me dise que tu es la meilleure des élèves ! Lui dis-je en souriant.

Elle hoche la tête en souriant.

- Et toi, Rehan, t'es l'homme de la famille avec ton oncle. Ta soeur est sous ta responsabilité. L'avertis-je. Je ne veux pas que tu dévies, reste sur le droit chemin peu importe ce que ça te coûte. Et si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à demander à ton oncle. Il est comme ton deuxième père ou même, l'imam de la mosquée.

- Ne t'inquiète pas baba, quand tu reviendras, tu verras de toi-même que j'ai su me débrouiller ! Dit-il en me souriant. 

Je hoche la tête en faisant un petit sourire.

- Suhayl, prend soin de toi. A bientôt in shaa Allah mon frère. Lui dis-je.

On se fait une accolade puis je me retourne pour partir.

- Baba ! Entendis-je.

Je m'arrête et me retourne. Hind court vers moi et me prend dans ses bras en pleurant.

- Je ne veux pas que tu pars. J'ai tellement peur pour toi, je pris pour qu'Allah te protège... si je te perds, je perds tout mon baba. Dit-elle en pleurant.

Rehan nous rejoint et je les prends tous les deux dans mes bras.

- Hind... Rehan... Je vous aime les enfants, on se reverra si Allah le veut. S'il y a l'annonce d'une guerre, restez ici. La guerre n'atteindra jamais Médine ou la Mecque. Restez en sécurité ici... leur dis-je.

On se dit nos derniers au revoir puis je me retourne et je m'en vais. Je passe la sécurité, me retourne une dernière fois puis va dans la salle d'embarquement.

Une fois qu'ils nous appellent, je me lève avec un groupe d'hommes. On monte dans l'avion et on s'installe. On ira au Liban puis on prendra la route jusqu'en Syrie. Et c'est là que tout commencera.

REHAN

Mon père vient tout juste de partir. C'est la première fois qu'on se sépare. Il a toujours été à nos côtés, moi et ma sœur, mais aujourd'hui il faut que j'apprenne à vivre seul.

Sincèrement, je voulais partir avec lui. Mon plus grand rêve est de conquérir nos terres comme l'ont fais nos ancêtres musulmans. Mais c'est un trop gros rêve, quasiment impossible.

- J'ai tellement peur pour notre père. Me dit Hind.

- Baba est fort. Puis on va le rejoindre là-bas. Pas vrai, tonton ? Lui demandais-je.

- Oui mais pas pour le moment. Dit-il. Ne dites rien à votre père, il ne sait pas qu'on prévoit d'y aller.

- Oh ! Merci beaucoup, tonton ! Lui dit Hind en souriant.

Ma sœur est très attachée à mon père, comme moi. Il a été le premier dans nos vies, on n'a jamais rien manqué avec lui. Il ne nous a pas fais sentir l'absence de notre mère, on ne voyait que par lui.

- Il a dû arriver. Nous dit mon oncle.

EMIN

- On est à Beyrouth, montez dans les camions, on a encore trois heures avant d'arriver à Damas. Nous dit-on.

Je monte dans le camion puis quand chacun s'assoit, on démarre. Je ferme les yeux et me plonge dans mes souvenirs.

Je mets mon bras autour de son épaule et on marche dans le parc, seuls.

- On s'assoit ici ? Lui demandais-je.

Elle hoche la tête puis on s'assoit, je m'allonge au sol et elle s'allonge sur mon torse.

- Ma vie a tellement changé, Emin. C'est comme si... comme si le mal du monde s'est éloigné de nous. Cette obscurité qui nous étranglaient s'est envolée. J'ai l'impression que le monde est léger, que le soleil nous illumine et ne nous brûle pas, que le vent nous rafraîchis et ne nous glace pas. Emin... Allah nous a mis ensemble pour que nos cœurs morts revivent. Il nous a destiné ensemble. Il a destiné notre amour.

Je soupire, les yeux fermés. Ô Shehab... qu'est-ce que je te déteste de m'avoir privé de ma femme. Tu m'as tué avec elle ce jour-là,et rien n'a su me faire revivre.

- Réveillez-vous les frères ! Nous sommes arrivés ! Entendis-je.

On descend un par un du camion. Il commence à faire jour, le soleil est en train de se lever.

- Les frères d'Arabie Saoudite, mettez vous de ce côté. Dit-il en montrant la droite.

Ils appellent les gens par pays puis leur demande de se regrouper. C'est le début. Chacun passe à tour de rôle devant un homme. Il pose de nombreuses questions, sur l'identité, les ambitions, la famille... etc. Viens enfin mon tour.

- Salam aleykum, assis toi. Me dit-il.

Je lui réponds et m'assois face à lui.

- Ton nom, prénom, origine. Me dit-il.

- Je m'appelle Emin Şahin, je suis turc. Lui répondis-je.

- Bien. Parle moi de ta famille, t'es marié ? Tu as des enfants ? Frères et soeurs ? Me demande-t-il.

- J'étais marié mais elle est décédée, j'ai une fille et un fils, des jumeaux de seize ans. Ma soeur est aussi décédée il y a longtemps. Lui dis-je.

- Ta femme n'avait pas de famille ? Me demande-t-il.

- Elle a un frère, son père est mort aussi et sa mère est morte. Dis-je.

- Comment s'appelle son frère ? Il est ici ? Demande-t-il.

- Suhayl Mubarak. Dis-je. Il est resté à Médine avec mes enfants.

L'homme me regarde en fronçant les sourcils. Il appelle un autre homme puis lui chuchote quelque chose à l'oreille. L'autre homme me regarde aussi.

- ... Shaheen, remplace moi. Emin, suis moi. Me dit-il.

Je le suis et il m'emmène dans un énorme bâtiment. Je rentre avec lui. Le bâtiment est magnifique de l'intérieur. Il est décoré d'or et d'argent. L'homme qui m'a emmené toque à une porte, attend quelques secondes et ouvre à l'entente du mot "entrée".

Il y a un homme assis sur une chaise, l'homme qui m'a accompagné s'approche de lui et chuchote quelque chose. Il sort ensuite.

- Approche toi , mon garçon. Me dit-il.

Je m'approche de lui alors et il me demande de m'asseoir.

- Raconte moi, mon garçon. Qui es-tu ? Comment as-tu connu la soeur de Suhayl ? Me demande-t-il.

- Je m'appelle Emin Şahin, après la mort de ma mère et ma soeur, je suis partis en Syrie pour faire le soi-disant "jihad" pendant trois ans, là, j'ai rencontré une syrienne. On s'est aimé et  on s'est enfuit avec son amie d'enfance et son frère. Dis-je en baissant la tête. On s'est marié, on a eu deux enfants puis... puis ils l'ont tués.

- Qu'Allah lui fasse miséricorde. Me dit-il. Emin, je connais personnellement Suhayl. On a même décider de s'allier avec le groupe de résistance palestinienne dont il était l'ancien chef.

Je hoche la tête.

- Emin, est-ce que tu as de l'expérience dans le domaine de la guerre ? Me demande-t-il.

- Oui. J'ai eu plusieurs victoires contre les forces kurdes et une victoire contre les Etats-Unis. J'ai même réussi à libérer Syhem d'un kidnapping. Lui dis-je.

Il commence à se toucher la barbe.

- Mon frère, j'aimerais te nommer maréchal de l'armée musulmane. Me dit-il en souriant.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant