23.

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Syhem est encore avec eux et je vois Mina au loin. Ils vont l'emmener en Europe. Faut que je fasse quelque chose, elle ne doit pas y retourner ! Elle sera emprisonnée à vie alors qu'elle n'a rien à voir avec leurs idéologies. 

Je mets mon masque et part voir les soldats kurdes. Je fais mine de leur demander quelque chose puis je leur dis qu'il y a un terroriste qui arrive vers eux et je le pointe du doigt. Ils étaient en train de chercher, j'en profite de leur distraction pour leur donner un coup. 

Je prends Mina par la main et court avec elle mais elle se tient le ventre et marche en boîtant. Je vois du sang couler de son ventre, ils l'ont frappés ?

Je la porte dans mes bras et cours avec elle. Elle a l'air fatiguée, vide, c'est comme si elle mourrait lentement. Une fois qu'on les a semé, je rentre dans mon hangar. 

Je pose Mina par terre mais en gardant un main sous sa nuque. Elle respire difficilement. Je prends un vieux T-shirt à moi et le sert sur sa blessure pour stopper le sang. Elle tient fortement mon haut en grimaçant de douleur. 

- Je vais te soigner, reste calme et essaie de garder les yeux ouverts. D'accord ? Dis-je.

Elle hoche la tête difficilement. J'essaie de la soigner comme il le faut, je ne peux pas sortir dehors chercher une infirmière. Ce serait trop risquée pour elle.

Je remarque que son pouls est faible, elle va mourir bientôt si je ne fais rien. Mais justement, je ne peux rien faire... je n'ai pas les outils pour la soigner ! Aide moi, ya Allah...

- Suhayl... laisse moi mourir. Me dit-elle difficilement. Va protéger ma Syhem, elle a besoin de toi. Ils l'ont attrapés, ils vont la tuer. Sauve la.

- Ecoute moi, je ne te laisserais jamais mourir. D'accord ?  Lui dis-je.

- Tu... Tu ne peux rien y faire. C'est mon Heure... Dit-elle, les yeux mi-ouverts.

- Je... attends moi, je pars chercher une infirmière. Essaie de garder tes yeux ouverts. Lui dis-je.

Je mets ma veste et prends mon arme, je la mets devant moi au cas où y aurait un kurde. Alors que je partais chercher l'infirmière, je vois un kurde sortir de derrière le mur et pointe son arme sur moi. Je tire avant qu'il ne tire et me dépêche.

MINA

Je sens mon cœur battre de moins en moins, l'air m'est dur à respirer et ma vue commence à devenir flou. Je vais mourir, ici, seule, dans ce hangar.

Quelques minutes plus tard, j'entends la porte s'ouvrir. Je me sens de plus en plus étouffée. Je sens que quelqu'un se pose à côté de moi. La personne met sa main sous ma tête et pose quelque chose sur mon visage.

J'ouvre un peu mes yeux et vois quelqu'un habillée de noir entier. Je comprends que c'est l'infirmière qui est venue me soigner.

- Mon frère, je vais la découvrir. Est-ce que tu peux sortir juste un moment ? Dit-elle.

Je sens mon niqab se faire lever vers le haut et une main chaude se pose sur mon ventre froid. La main appuie sur ma blessure, ça me fait tellement mal mais je n'arrive pas à sortir un seul mot de ma bouche.

Je sens quelque chose s'enfoncer dans ma blessure, je me mets à respirer rapidement et de la sueur coule à flot de mon front. Petit à petit, ma respiration ralentit jusqu'à que mes yeux se ferment complètement.

J'ouvre les yeux et regarde autour de moi. Je ne connais pas cette endroit. Je me redresse d'un coup mais je ressens une douleur au niveau du ventre, donc je me rendors. Je vois une femme devant moi. 

- Rebienvenue parmi nous. Me dit-elle en souriant. J'ai failli te perdre mais al hamdulilLah, Il t'a redonné la vie ! 

Je ne comprends pas. J'étais en train de mourir ? Mais d'un coup, je me rappelle de tout à l'heure. Je touche mon ventre. Je suis encore en vie après tout ça ?

- J'ai une question à te poser... Me dit-elle, est-ce que quelqu'un de ta famille a une maladie héréditaire ?

- ... Non, je ne crois pas. Lui dis-je.

- Pas de cancer ? Hépatite ? Me demande-t-elle.

- Non, rien. Lui dis-je.

- Mmh... ça doit être à cause de l'environnement. Tu as attrapée une maladie, une tumeur au poumon. Me dit-elle en soupirant.

Je ne sais pas quoi dire. Je suis malade ? 

- Et... je... Je peux en mourir ? Lui demandais-je.

- Tu es à un stade plutôt avancé, tu as environ quelques huit mois de vie mais Allah est le plus savant... Me dit-elle en grimaçant.

J'avale difficilement ma salive. J'étais prête à tout, sauf à ça. Comment je vais le dire à Suhayl ? Ou à Syhem ? 

- Ne dites rien à l'homme qui est dehors, je lui dirais moi-même. Lui assurais-je avant qu'elle parte.

Elle s'en va mais Suhayl arrive à sa place. 

- Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Me demande-t-il.

Je garde le silence. Qu'est-ce que je peux lui dire ? Que je vais bientôt mourir ? Que j'ai une maladie avancée et je ne pourrais sûrement jamais en guérir ? Je lève le regard mine de rien.

- Elle a dit que... que je vais bien. Je dois juste me reposer un peu. Lui dis-je en souriant. 

Il me sourit et vient s'asseoir à côté de moi. 

OMNISCIENT

Des vies différentes mais un présent commun. C'est ce qui les caractérise le mieux, le mal est constant. Leur monde est noir, un monde où la lumière n'ose pas s'en approcher.

Syhem souffre encore dans cette cave sombre, où règne la solitude. Elle n'a plus l'espoir d'en sortir en vie, elle n'a même plus de larmes pour pleurer. 

Mina sourit en faisant taire sa maladie au fond d'elle pour ne pas inquiéter les deux personnes qui comptent pour elle dans sa vie : Syhem et Suhayl. Jusqu'à combien de temps ?

Anis commence à perdre espoir de retrouver sa bien-aimée. Il l'a cherché partout mais n'a rien pu trouver. Il espère qu'ils ne l'ont pas tués, il ne dort presque plus...

Shehab devient fou. Il sombre de plus en plus dans le terrorisme. Pas un seul jour passe sans qu'il n'ai eu du sang d'innocents sur les mains. Bien qu'il adhère a un mouvement terroriste, il n'avait jamais encore été d'une telle cruauté.

Suhayl était heureux que Mina aille bien mais son cœur est inquiet. Syhem est entre leurs mains. Comment va-t-il faire pour la sauver ? Il doit s'en aller de la Syrie mais va-t-il pouvoir revenir ? C'est ce qu'il se demande.

Au final, ils souffrent tous. Certains ont acceptés leurs souffrances comme leurs destins mais d'autre, comme leurs ennemis. Ils marchent tous sur le sang, leur propre sang...



La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant