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11 novembre 2015. C'est la date d'aujourd'hui, c'est aujourd'hui que tout commence. Est-ce que je suis réellement prêt ? A vrai dire, je ne sais pas...

Je prends mes affaires et monte dans ma voiture. Les armes, on les aura sur place. On arrivera en France ce soir. Pendant que je roulais, je passe devant la maison de Shehab et Syhem. J'arrête directement la voiture.

Je me rappelle de tous les bons moments que j'ai eu avec Syhem. Je me rappelle de toutes les fois où j'ai ri avec elle, toutes les fois où je me suis sentie bien, où je me suis sentie moi.

Et pour la première fois depuis plusieurs années, les larmes me montent aux yeux. Je l'aime cette femme. Est-ce que c'est haram de dire que j'ai besoin d'elle ? 

Je dois la voir, ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. Je sors de la voiture et me dirige vers chez elle. Je toque et c'est Shehab qui m'ouvre. Dès qu'il me voit, il me fait une accolade.

- Mon frère, tu pars quand ? Me demande-t-il.

- Dans cinq heures et demie. Je dois être à la frontière dans une heure. Lui répondis-je.

- Alors viens, reste avec nous jusqu'à ton heure. Me dit-il.

Je ne refuse pas. Je rentre et m'assois avec Shehab. Syhem arrive et nous donne du thé. Je n'avais de yeux que pour elle. Je n'arrive pas à détacher mon regard d'elle et elle le remarque. Elle lève la tête le temps d'une seconde puis la rabaisse rapidement et s'en va.

Elle va me manquer. Je pense que le mieux pour moi est de partir et mourir en France. Je préfère mille fois mourir que de vivre et la voir heureuse dans les bras d'un autre, avec ses enfants.

Égoïste ? Je ne crois pas. Je veux qu'elle soit heureuse, ça c'est sûr. Mais pourquoi je vivrais ? Pourquoi ? Pour quelle raison je resterais en vie ? Ma mère est morte. Ma soeur est morte. Mon père est partit. Les deux femmes que j'ai aimé m'ont tournés le dos et se sont mariés.

Quand l'heure est venue, je prends mes affaires et me dirige vers la porte. Shehab me demande d'attendre et il monte dans sa chambre. Syhem vient devant moi. Elle me prend dans ses bras. Je la sers contre mon torse en fermant les yeux et en profitant de ce moment.

- Ne meurs pas... Vis pour moi. Me chuchote-t-elle.

Non ! Elle me demande de rester en vie. Comment je vais faire maintenant  qu'elle me le demande ? Je ne veux pas lui faire du mal. Je... Je suis tellement perdu.

Je la regarde dans les yeux et remarque qu'ils brillent. Elle pleure, ça lui fait si mal que ça ? 

- Anis, piur l'amour d'Allah, je t'en supplie, ne meurs pas. Me supplie-t-elle, les larmes aux yeux.

Je hoche la tête puis quand Shehab arrive, je prends ce qu'il me donne et pars. Je conduis jusqu'à la frontière. Je n'arrête pas de penser. 

Je sors de ma voiture et monte dans un camion qui nous emmènera à l'aéroport. On est un groupe de six. On est bien-sûr séparés en groupe de deux.

Une fois dans le camion, certains hommes s'endorment, d'autres se parlent entre eux. On a encore plusiseurs heures avant d'arriver en Turquie, dans mon pays.

- Anis, je vais te demander un service.

Je repense encore à elle... Je me rappelle surtout de cette promesse. J'ouvre mon sac et cherche mon Coran. J'ai eu peur de l'avoir oublié.

- Promets moi de lire le Coran ret d'y méditer dessus.

Je m'éloigne des autres et ouvre une page au hasard.

- Allah ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. (Sourate 60, verset 8)

- Tu comprendras à travers les écrits si tu as tord ou raison.

- Quiconque tue intentionnellement un croyant, Sa rétribution alors sera l'Enfer, pour y demeurer éternellement. (Sourate 4, verset 93)

Donc j'ai raison. Je suis dans le droit chemin. On n'a jamais tué un croyant, donc un musulman, intentionnellement. J'en suis même sûr.

- Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre. (Sourate 69, verset 46)

Je referme directement le Coran rapidement. Je... on m'a menti ? J'ai peut-être raison... ou tord. Je ne sais pas ! Je suis perdu. Je commence à sérieusement douter. Je ferme les yeux et me laissent emporter dans un sommeil profond.

J'ai  le cœur en miette. Oui, je suis un homme et j'ai le cœur en miette, ça arrive, non ?  Et malgré ça, je vis pour ma mère et pour ma sœur. 

Je les ai invité  à un restaurant avec buffet à volonté. Je veux leur faire plaisir. Juste leur faire plaisir même si moi, je ne serais jamais réellement heureux.

Tout se passait bien, je souriais, riais pour ma reine et ma princesse. Un moment, je me suis levé pour aller au toilette mais je vois une femme sortir des toilettes d'à côté.

Cette femme pour qui  mon cœur bat. Je commence à sourire comme un idiot.

- Ahlam ? Dis-je.

Elle se retourne et me regarde surprise.

- Emin... Me dit-elle.

J'ai sentis quelque chose dans sa voix. De l'ennuie ?

- Comment tu vas ? Lui demandais-je.

A vrai dire, je ne savais pas quoi dire...

- Bien. Emin... je sais ce que tu veux mais tu vois, aujourd'hui, je suis mariée et heureuse avec mon mari. Me dit-elle en soupirant.

- ... donc tu l'as fais de toi même ? Ils ne t'ont pas forcés ? Lui demandais-je déçu.

Elle secoue sa tête de droite à gauche.

- Je l'ai fais de moi-même, Emin. Dit-elle en me fixant dans les yeux.

- Pourquoi Ahlam ? Lui dis-je puis je lui tiens le bras, POURQUOI HEIN ? Tu vas divorcer avec lui et on va se marier, d'accord ? On va s'aimer et on va être heureux comme quand on était au lycée, hein ? Dit oui !

- Rentre bien dans ta tête que c'est finis ! C'était une erreur. Toi et moi, ça ne se fera plus. Je suis heureuse avec mon mari et on compte s'acheter une nouvelle maison et faire beaucoup d'enfants ! Maintenant, lâche moi. Me dit-elle en fronçant les sourcils.

- Et moi ?  Je vais faire quoi sans toi ? Lui demandais-je les larmes aux yeux.

- Je ne sais pas moi ! Va faire ta vie, va mourir, va te faire exploser en Syrie même, j'en ai rien à faire ! Au revoir, Emin. Dit-elle avant de partir.

Je la vois s'éloigner. Je commence à frapper les murs autour de moi. Mes mains saignent, mon morale est à zéro. J'ai tellement envie de retourner dans le temps et faire en sorte de ne jamais la connaître. 

Le pire dans tout ça, c'est que si elle revient me demander pardon, je lui pardonnerais. J'oublierais pour ne me rappeler que d'elle. Pourquoi ? Parce que je suis un homme... un homme amoureux.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant