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Je me demande si Hind est partit le voir et qu'est-ce qu'il lui a dit, ça m'inquiète énormément et je m'imagine le pire.

Pour ma part, je suis suivis par un psychologue et un imam pour qu'ils soient sûrs d'avoir une preuve que je n'ai plus aucune trace de Daesh en moi.

Je m'endors sur le lit, les bras derrière la tête et je regarde le plafond.

- Si j'oublie ma vie d'ici, je t'oublierai Anis. Mes pensées ne parlent que de toi et encore toi, tu ne quittes plus ma tête. Je préfère mourir avec toi que de vivre dans ton absence. Dis-je faiblement.

Je lâche un petit soutire triste. Je tiens fort ma bague entre mes mains.

- Ma vie appartient à Allah et c'est Lui qui décidera de ma mort. Dit-elle.

Elle a toujours fais confiance en Allah, même dans les pires situations. Elle avait une grande foi, même à la mort de son père, elle s'en est remis à Allah. Elle était celle qui me rassurait aussi parfois. Elle a toujours été là pour moi. Et ce sont ces souvenirs là qui reste.

J'ai beau tourné et tourné, mes souvenirs ne tombent que sur elle. Et après ça, on me demande de penser à me prendre une autre femme ? Cela reste impossible pour moi. Impossible.

- Il n'y a que toi que j'ai aimée, hayatim. Chuchotais-je.

Puis je ferme les yeux et finis par m'endormir.

Je me lève, j'étais endormis sur le sol. Je revois la mosquée, l'entrée des femmes. Je m'avance mais j'entends une voix qui me retiens. Elle vient de derrière moi.

- Emin... entendis-je.

Je me retourne rapidement en entendant cette voix. Ma respiration se bloque à sa vue puis je me mets à courir vers elle et la prend dans mes bras.

- Hayatim ! Mon coeur ! Dis-je.

Je mets mes mains sur ses deux joues et elle me tient par les poignets. Elle avait les larmes aux yeux.

- Tu vas bien ? Je... ô Allah ! Dis-je les larmes aux yeux.

Je pose mes lèvres sur les siennes puis la prend encore dans mes bras.

- Dis moi que t'es en vie, hayatim, dis moi que tout était un cauchemar. Lui dis-je doucement.

Elle baisse alors la tête.

- Je vis à travers nos enfants, Emin. Me dit-elle en souriant tristement.

Je perds directement mon sourire.

- Emin... et si on échangeait les rôles ? Me dit-elle.

- Quoi ? Dis-je.

Elle disparait puis réapparait devant moi. Avec Mina derrière elle et Shehab devant elle.

- SYHEM ! LAQUELLE EST SYHEM ? Crie-t-il.

Une femme en niqab s'avance un peu.

- C'est moi. Dit-elle 

C'est elle. C'est la voix de Syhem. Ma femme.

- SYHEM ! RECULE SYHEM ! Criais-je. 

Elle tourne sa tête vers moi puis reste à me regarder.

L'homme charge son arme puis... je me mets à courir.

- SYHEM ! Criais-je.

Puis d'un coup, je sens deux, trois coups. Il a tiré. Il m'a tiré dessus. Je tombe au sol, Syhem court vers moi et me secoue.

- Non non non non ! Pourquoi ? Pourquoi Emin ? J'allais mourir, pourquoi t'es venue devant moi ? Dit-elle en pleurant.

- Je... t'aime... dis-je faiblement.

Le sang coule énormément.

- Non, Emin... ne me lâche pas. Dit-elle.

Je commence à voir de plus en plus flou puis je finis par fermer les yeux complètement.

- EMIN ! NON EMIN ! NE ME LÂCHE PAS ! Crie-t-elle en pleurant.

Je me lève en sursaut. Je me touche le torse et vois que je suis en vie. Je me voyais à la place de Syhem. Je m'assois sur mon lit en mettant mon visage dans mes mains.

Je commence à cligner des yeux quand je vois Syhem, dans une robe blanche devant la fenêtre de ma cellule. Elle est brillante, ma femme. Je me lève et m'approche d'elle lentement.

- Que le ciel tremble et que les oiseaux ne chantent plus, que la pluie tombe et le soleil ne voit plus, que les étoiles tombent tous du ciel nous laissant dans l'obscurité de la nuit, plutôt que de ne plus pouvoir toucher tes douces mains, que de ne plus pouvoir te voir, que de ne plus pouvoir te serrer dans mes bras. Dit-elle les larmes aux yeux.

Elle regarde par la fenêtre sans se retourner.

- Protège nos enfants. Le danger les guette de partout. Protège les pour ne pas qu'ils aient à subir le même sort que le mien. Pour ne pas qu'ils aient à connaître la mort avant d'avoir connu la vie. Murmure-t-elle.

Puis elle disparaît.

- Syhem ? Syhem, où es-tu ? Syhem ! Dis-je en regardant autour de moi.

Je me rassois sur mon lit. Encore une illusion... après sa mort, je la voyais partout. Vraiment partout, ça me rendait fou, je n'en dormais plus. Aujourd'hui, je la vois toujours mais moins. J'ai peur que c'est comme ça que je vais l'oublier. Je ne veux pas l'oublier. Je ne veux pas l'oublier. Je referme les yeux et m'endors.

Elle prend ma main dans la sienne puis cours dans l'herbe. On finis par s'asseoir en regardant le ciel. Je remarque qu'elle me fixe depuis tout à l'heure en me souriant. Je lui souris à mon tour.

- Allah m'a redonné vie en te mettant sur mon chemin. Dit-elle en souriant.

Je la tiens par la tête et lui embrasse le crâne.

- Et Allah m'a béni en me donnant la chance de te marier et d'avoir des enfants. Dis-je en souriant.

- Dis Emin, les châteaux c'est que dans les contes de fées ? Me demande-t-elle.

- Non, les châteaux ont existés. Et puis, notre maison n'est pas notre château ? Et tu es la reine d'un roi ? Dis-je en riant. Notre amour est notre conte, on le racontera à nos enfants.

Elle se met alors à rire. Son rire est comme lointain, comme un rire dans un rêve.

- J'abandonnerais le monde pour être dans tes bras, Emin. Chuchote-t-elle.

Puis elle vient se blottir contre moi. Et on reste assis comme ça, à penser, à s'aimer. Nul besoin de mille mots pour exprimer ce que le cœur montre. Car le cœur parle d'une manière bien différente de la langue, une manière plus douce et plus belle, plus profonde et sincère.

Syhem se lève d'un coup et se met à marcher. Je la suis du regard.

- Où vas-tu ? Lui demandais-je.

Elle se retourne puis me tend sa main.

- Viens. Dit-elle en souriant. Viens mon amour. Viens avec moi au Paradis.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant