Dix jours sont passés, Emin est sortie de l'hôpital. On s'en va ce soir. Ce soir, on ira enfin vivre à Médine. Il ne sait toujours rien sur Shehab. Je lui dirais le moment venu, il était déjà malade. Pourquoi en rajouter ?
- Les valises sont prêtes ? Me demande mon frère.
- Oui, ne t'inquiète pas. Lui dis-je en souriant.
- Emin, t'es sûr qu'il n'y aura que ton père qui vient ? Lui demande-t-il.
- Oui, c'est sûr. Les autres veulent rester ici. Nous assure-t-il.
- Donc là, il y a toi, ma soeur, ton père et mon père, moi et Mina. Tout est bon. Nous prévient-il. On va à l'aéroport dans deux heures.
On hoche la tête. J'ai peur. J'ai la boule au ventre. Non pas parce que je vais monter dans un avion pour la première fois mais je sens que quelque chose va mal. Peut-être que c'est à cause du retour de Shehab ?
Et mon enfant à naître... si Shehab apprend par malheur que je suis enceinte, j'en suis sûr qu'il fera du mal à mon enfant ! Il le tuera. Mon Dieu ! Je pensais qu'en partant, il n'y aurait plus de crainte à avoir.
Je me lève et prends mon tapis. Je me mets à prier. A ma dernière prosternation, je parle directement à Allah. Mon père m'a dit que c'est le moment où je suis le plus proche de Lui.
- Ô Allah ! Tu es connaisseur de l'invisible et du visible, du présent comme de l'avenir. Ô Allah ! Je mets mon enfant sous Ta protection, c'est un cadeau que Tu m'as donné mais personne d'autre que Toi peut le protéger du mal de Tes créatures. Je l'appelerais AbdAllah si c'est un garçon, son nom sera Serviteur d'Allah et par Ta grâce, il sera un pieux Serviteur. Murmurais-je au sol. Je te remercie, ô Allah, pour toutes tes bénédictions ! Tu m'as donné la santé, la vie, l'Islam, un toit, de quoi manger et boire, Tu m'as sauvée de Tes ennemus en Syrie. Je t'aime, ya Allah...
Je finis en pleurs. Puis je me relève et range mon tapis dans mon sac. Deux heures plus tard, je mets mon niqab, prends les valises et les mets dans la voiture avec l'aide de mon frère. Je monte dans la voiture, Mina se met à côté de moi à l'arrière et un des cousins d'Emin conduit.
On roule en direction de l'aéroport Atatürk. Environ quinze minutes plus tard, on arrive devant. Je descends et prends les valises, on rentre à l'intérieur. C'est grand. C'est grand et beau. Je n'ai jamais vu un bâtiment pareil, jamais.
Je vois les avions par la vitre. Je n'ai jamais un avion à part les avions militaires qui nous bombardaient en Syrie. Je les voyais faire tomber des bombes du ciel qui s'écrasaient sur nos maisons. C'est ce qui a tuée ma cousine le jour où je suis partis chercher ses médicaments. Avant que je ne connaisse Emin ou même Shehab.
On remplit les papiers, on passe les sécurités, on enregistre nos bagages puis on attend au port d'embarquement. L'heure approche de plus en plus.
- Les passages du vol en direction de Médine sont priés de rejoindre le port d'embarquement.
SHEHAB
"- Je vais monter dans l'avion, Shehab.
- Sois prêt. Pas une seconde de retard. Je serais à l'aéroport pour écouter la nouvelle."
Malheureusement, je ne pourrais pas avoir Syhem. Au final, je me dis tant pis. Je ferais d'une pierre deux coups. Elle me fera des problèmes, je sens.
Je commence à m'habiller. Ils vont bientôt décoller et je dois partir à l'aéroport dans une heure comme si je les attendais.
Une heure plus tard, je sors et conduis jusqu'à l'aéroport. Je rentre et j'attends l'annonce.
SYHEM
J'ai vu un homme devant. Son visage ne m'est pas inconnue, je ne me souviens plus...
- La situation est grave, on doit en parler. Suivez moi. Me dit-il.
Ma respiration s'accélère. C'est lui. C'est celui qui a tenté de me kidnapper. Comment le dire à Emin alors que je ne lui ai rien dis ? Tant pis !
- Emin... Emin ! Lui dis-je.
- Qu'est-ce qui se passe ? Me demande-t-il.
- Cet homme... là-bas. Lui dis-je en le montrant du doigt. C'est un des hommes de Shehab ! Il a essayé de me kidnapper à l'hôpital, il nous a sûrement suivis !
- Quoi ? Il est encore en vie ? Et comment ça "kidnappée" ? Tu ne m'as rien dis. Me dit-il en fronçant les sourcils.
- Je te raconterai plus tard, Emin... le problème maintenant, c'est que Shehab nous suit ! Lui dis-je en panique.
Il appelle une hôtesse puis lui murmure quelque chose. La femme hoche la tête puis s'en va et Emin ne s'arrête pas de fixer l'homme de Shehab.
- Reste calme, Syhem. Fais comme si tu ne l'avais jamais vu. Me dit-il.
Je hoche la tête et regarde devant moi en essayant de prendre une respiration normal. Puis, Emin se lève et passe devant l'homme sans soucis. L'homme se retourne et regarde dans ma direction.
Je ferme les yeux et essaie de garder mon calme. J'ai qu'une envie : de crier. Shehab m'a fait souffrir comme personne ne l'a fais en Syrie et maintenant que je suis partis, il veut continuer ! Cette fois, il veut me faire du mal avec ma famille. Cette fois, j'ai ma famille !
Quelques minutes plus tard, j'entends des cris. L'homme se lève et nous montre sa ceinture. C'est une ceinture explosive. Ne me dites pas que... ? Oh mon Dieu !
- Faites vos prières, aujourd'hui est votre dernier jour. Spécialement toi, petite Syhem. Ah, Shehab te passe le salam. Dit-il en riant.
Mon cœur bat vite. Je ferme les yeux et mes larmes me montent aux yeux. Non non... ne pleure pas, Syhem ! Tu vas rejoindre ton Seigneur ! Celui qui t'a créé, Celui qui a soulagé ta peine dans tes moment de détresse, Celui qui ne t'a jamais abandonné ! Jamais !
Je regarde autour de moi, des femmmes en niqab ou jilbeb, des hommes en qamis, des enfants et même des bébés. Toutes ces personnes, qui n'ont pas choisis de mourir ici, vont être tués par ma faute ?
Est-ce réellement ça... ma fin ?
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La Belle et le Djîhādîste
Teen FictionAlors que la guerre éclate en mars 2011, des milliers de civils se font tuer. En 2014, le groupe terroriste, Daesh, prennent Raqqa. Ils étaient vus dans la ville comme «héros» à leur entrée. Ils étaient doux avec les enfants, ils leur offraient des...