33.

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On arrive enfin à l'aéroport Charles de Gaules. On n'a seulement que deux sacs qu'on prendra avec nous sur l'avion. Toutes les armes et explosifs, on les a jeté.

- Je veux venir avec toi, Emin. Me dit Ahlam.

- Non. Tu restes là. C'est une affaire d'hommes. Pas de femmes. Lui dis-je.

- Tu vas me manquer. Dit-elle en baissant la tête.

- Considère moi comme mort. Lui dis-je. Allez Ibrahim, on y  va. 

On s'éloigne peu à peu, on passe les multiples contrôles. Ibrahim et moi, on s'est taillé la barbe avant de partir pour faire moins suspect. On attend au port d'embarquement pendant une trentaine de minutes.

Ils commencent à ouvrir les portes, je monte dans l'avion suivi de mon ami. On part direction l'Egypte, au Caire. Dans quatre heures trente environ, on arrivera. Puis on attendra une heure trente dans l'aéroport du Caire avant de faire deux heures de vol pour arriver à Istanbul.

- On fera quoi une fois arrivé ? Me demande Ibrahim.

- Je ne sais pas, revoir Syhem ? Dis-je.

- Tu sais que Shehab ne te laissera pas, en plus c'est haram. Me dit-il 

- Ne t'inquiète pas, tout se passera bien in shaa Allah. Lui dis-je.

Et je me laisse emporter par le sommeil. Et s'il est arrivé quelque chose à Syhem ? Allah, Tu es le Meilleur des Protecteurs. Protège la.

Quelques minutes plus tard, je me sens secoué. On est arrivé, je me lève de mon siège et prend mon sac avant de sortir de l'avion suivit d'Ibrahim.

- C'est là-bas pour les passeports, je crois. Dis-je à Ibrahim.

On s'avance vers une grande queue et on attend notre tour. Une demi-heure plus tard, on arrive enfin au début de la file. Une fois que c'est libéré, je passe avec Ibrahim. Le policier vérifiait nos passeports avec grande attention. Je ne laisse rien paraître sur mon visage.

- Hmm... enta turqi ? (T'es turc ?) Me demande le policier.

Je hoche la tête.

- El haya helwa henak ? Dit-il.

Je le regarde en fronçant les sourcils. Je ne comprends pas.

- Il te demande si la vie est bien là-bas. Me traduit Ibrahim.

Je hoche la tête une seconde fois. Il nous rend ensuite nos passeports et on s'en va.

- D'où tu comprends l'égyptien toi ? Demandais-je à Ibrahim, surpris.

- Bah, je suis égyptiano-libanais. Dit-il.

On arrive devant le port d'embarquement à temps. On est les derniers, je crois. On cherche nos places et on s'assoit enfin.

Derrière nous, il y avait une mère qui parlait arabe. Mais vraiment très  fort. J'ai compris deux, trois mots puisque je parle syrien. Le reste, c'est pratiquement que des turcs ou des égyptiens.

- Ils vont faire quoi à ton avis quand ils verront qu'on est en vie ? Me dit-il.

Je hausse les épaules. J'espère qu'ils ne vont pas mal réagir.

- En tout cas, ça a bien changé la France. Remarque Ibrahim.

- Peut-être. C'est surtout les musulmans, ils deviennent de plus en plus nombreux. Lui répondis-je.

- Al hamduliLah.  Dit-il en souriant.

Deux heures plus tard, on arrive à Istanbul. Etant donné qu'on n'a pas de valises, on prend nos sacs et on sort directement.

- Tu veux qu'on se pose quelque part ou on y va directement ? Me demande Ibrahim.

- Je commande un truc et on le mange sur la route. Lui dis-je.

Comme promis, je pars commander des kebap. Ce sont des grecs mieux que ceux de Paris. Je commande et ensuite, j'arrête un taxi. Il nous emmène dans une ville proche de la frontière puis j'attends le passeur.

Quelques minutes plus tard, une voiture s'arrête en face de nous. On monte et la voiture démarre directement, ça me rappelle la première fois où je suis venue en Syrie... j'étais seul.

- ça parle de votre mort, abû Anis, depuis un mois. Le calife hésite à te remplacer. Me dit le passeur.

Je hoche la tête et ne dit rien. Quelques heures plus tard, on arrive enfin en Syrie. La première chose que je fais est de partir dans le bureau du calife. Je toque et rentre.

- As-salam aleykum. Dis-je en souriant.

SYHEM

On entend des cris et des sifflement dans la rue. Les tanks paradent dans les rues. Il doit y avoir un grand événement pour ça.

Je n'ai pas vu Shehab depuis ce matin. Et heureusement. J'ai tellement peur. Hier, il m'a battu comme il ne l'a jamais fais. Plus que Yezid. Encore maintenant, je ne sens même plus mes os. J'ai juste envie de mourir. Rien d'autre.

Et ce qui me tracasse est Mina... est-ce qu'elle est morte ? Mon coeur se serre à cette idée. J'aimerais tellement la prendre dans mes bras, qu'elle me rassure. D'autant plus qu'elle a sa maladie...

Je rentre dans la cuisine me prendre un verre d'eau. J'essaie de prendre sur moi-même mais je n'y arrive pas. Je suis devenue vide. J'ai compris que je suis destinée à ça. Je suis destinée à souffrir toute ma vie. 

J'entends ensuite  la porte s'ouvrir. Je commence à prendre peur et je me cache derrière l'armoire.

- Où es-tu ma petite femme ? Entendis-je.

Mon corps commence à trembler et les larmes me montent aux yeux.

- Aujourd'hui est un beau jour. Fais plaisir à ton mari. Allez ! Dit-il.

Il arrive devant moi puis m'attrape par le bras. Il m'emmène dans la chambre puis fais ce qu'il avait à faire avec moi. Je me sens sale. J'ai tellement honte devant Allah. J'ai tellement honte d'être aussi faible.

Je me recroqueville sur moi-même sur le lit tout en fixant le vide. Je n'arrête pas de trembler. Il va revenir. Il va me salir encore chaque jour. Mon Dieu... sauve moi.

Je sens une douleur eu ventre. Mes fils. Le fils de cet homme. Quelle erreur j'ai fais !

- Je vous en supplie mes petits, ne naissez pas. Je ne veux pas que vous soyez comme cet homme. Je vous en supplie. Chuchotais-je.

Les larmes coulent à flots. Je n'arrive pas à m'arrêter. Je frappe mon ventre tout en suppliant Allah de m'aider.

Je sens petit à petit quelque chose couler sur mes jambes. Je perds les eaux ? J'essaie de me relever et je pars jusqu'au salon. Il y a Shehab. Je regarde et c'est du sang qui coule. Mes fils... mes bébés... ils sont en train de mourir ? 



La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant