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Je me réveille mais aujourd'hui, mon cœur se serre. J'ai l'impression que quelque chose va mal. Je suis sortie de l'hôpital il y a un mois à peu près, j'ai mes enfants et ma famille auprès de moi. De quoi être comblé mais je me sens triste. Seulement aujourd'hui, pourquoi ? Je ne sais pas. J'espère que rien n'ira mal.

Je me lève en entendant les pleurs incessant des jumeaux. Je les allaite tous les deux et essaie de les calmer. J'entends ensuite quelqu'un toquer à la porte. Qui ça peut-être ? Je me lève et ouvre.

- Salam aleykum baba, tu vas bien ? Lui demandais-je.

- Wa aleykum el salam, bien al hamdulilLah benti. J'ai entendu les pleurs de mes petits enfants, je suis venue t'aider. Me dit-il.

- Ne te fatigue pas baba, va te reposer toi. Lui conseillais-je.

Il ne m'écoute pas et va vers les enfants. Dès qu'il s'approche d'eux, ils se calment.

- Ils se sont attachés à toi. Dis-je en souriant.

Mon père sourit faiblement. Je m'assois à côté de lui et prends sa main dans la mienne. Je la serre contre moi et l'embrasse.

- Je t'aime baba, tu sais ? Lui dis-je en souriant.

- Moi aussi je t'aime benti. Me dit-il doucement.

- Je sais que tu penses tout le temps à maman et qu'elle te manque, baba, sache qu'on est avec toi. Même si je suis mariée, je suis devenue mère et que Suhayl s'est marié aussi, on est là et on restera toujours là pour toi. Lui dis-je tristement. On rejoindra maman aussi un jour, il faut juste patienter et supporter cette épreuve.

- Je remercie Allah de m'avoir donné des enfants comme vous. Toi et ton frère êtes une partie de mon âme. Je pense que je serais partis depuis longtemps sans vous mais si jamais Allah me reprend, sachez que je partirai fier de vous deux. Me dit-il en me fixant dans les yeux.

- Ne dis pas ça ! Qu'Allah te garde auprès de nous. Dis-je en le prenant dans mes bras.

Je n'arrive pas à imaginer qu'un jour mon père nous quittera. J'aimerais mourir avant lui rien que pour ça.

- Va te préparer pour la prière du vendredi, c'est bientôt. Lui dis-je.

Il me prend dans ses bras une dernière fois puis embrasse Hind et Rehan avant de partir. Emin, son père et Suhayl l'attendent pour partir.

EMIN

On attend le père de ma femme avant de partir, on rentre à l'intérieur de la mosquée et on se trouve une place au premier rang. On a dû attendre plus d'une demi-heure avant le début du sermon.

Une fois le sermon fini, on se lève pour prier. On se serre les uns contre les autres puis on prie. On récite deux sourates, on s'incline, on se relève et on se prosterne. On refait ça une seconde fois mais la prosternation dure plus longtemps cette fois, je parle alors à Allah. C'est le moment où nous sommes le plus proche de Lui.

On se relève alors puis on fait la dernière salutation avant de finir complètement. Je me tourne vers mon père en souriant, j'ai le cœur léger. J'ai comme l'impression de voler sur un petit nuage, ça me fait tellement du bien.

- Baba ? Entendis-je.

Je vois Suhayl accroupi devant son père. Je me baisse aussi. Il ne s'est pas relevé de sa prosternation. On l'endort sur le côté, je pose ma main sur son cœur qui ne bat plus...

- Appelez une ambulance, vite ! Crie Suhayl en panique.

Il commence à lui faire un massage cardiaque. Je me mets de côté et appelle Syhem. Comment lui annoncer ? J'espère seulement qu'il s'est évanouie ou quelque chose comme ça... Je n'arrive pas à y croire.

"- Syhem... viens vite à la mosquée;

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Ton père... vite, Syhem !"

Suhayl n'arrête pas son massage cardiaque avec les larmes aux yeux. Et s'il est réellement mort ? Ô Allah ! Prend ma vie mais laisse le en vie...

SYHEM

- Garde Hind et Rehan le temps que je revienne. Demandais-je à Mina. 

Elle hoche la tête, je mets rapidement mon niqab et sort de chez moi en courant. Mon père... qu'est-ce qui a pu lui arriver ?

Je vais à la mosquée, je vais à l'entrée des hommes. La police religieuse m'arrête et me demande de partir aux côtés des femmes. Je ne les écoute pas, je les pousse et rentre à l'intérieur. Je vois un cercle d'homme au premier rang, je les pousse et me faufile entre eux. Je vois ensuite Emin, son père et Suhayl sur mon père.

Je vois mon père allongé sur le sol, son index levé vers le haut et ses yeux fermés. Non... je tombe à genoux devant lui. Je le secoue et mes yeux se remplissent de larmes.

- Baba ! Criais-je les larmes aux yeux.

On entend ensuite le bruit des sirènes de l'ambulance, ils viennent en courant et prennent mon père sur un brancard. On les suit tous et on monte avec eux dans l'ambulance.

- Baba, tu ne vas pas me laisser, pas vrai ? Tu ne vas pas partir comme maman, hein ? Dis-je les larmes aux yeux.

Je n'arrive pas à y croire. Je suis tombée de mon nuage, tout était bien beau pour être vrai... mais qu'est-ce que tu racontes Syhem ? Ton père va se réveiller ! Il va se réveiller !

On arrive devant l'hôpital et on descend rapidement, ils l'emmènent dans une salle pendant que nous, on attend dans une salle d'attente.

- Suhayl... baba va vivre hein ? Il va vivre, pas vrai ? Dis-je.

Il vient vers moi, les larmes aux yeux et me prend dans ses bras, il se met à pleurer.

- Suhayl, dis moi la vérité. Dis le moi ! Baba est en vie, il n'est pas mort. Il est en vie ! Il est en vie ! Dis-je les larmes aux yeux.

Il me serre encore plus contre lui et pleure de plus en plus. Je me détache de lui. Je regarde tout le monde. Le père d'Emin a la tête baissée, Emin et Suhayl sont en train de pleurer, tout le monde est triste.

- Mais pourquoi vous êtes triste ? Allah va nous le rendre, croyez moi. Il va vivre et... il va vivre et on rira. Vous m'entendez ? Arrêtez de pleurer ! Baba est en vie ! Dis-je en tremblant. Emin, tu pleures encore on divorce d'accord ? Et Suhayl, j'irais vivre loin de vous. Je n'accepte pas qu'on me dise que mon baba est mort alors qu'il est en vie ! Ah... regardez ! Il y a le médecin, il va nous dire qu'il est en vie. Vous allez voir.

Il se dirige vers nous. Il nous regarde tous puis soupire.

- Ina lillah wa ina illayhi raji'un. (C'est à Allah que nous appartenons et c'est à Lui que nous retournerons). Dit-il en soupirant.

Non... non non non ! Je n'y crois pas ! C'est faux !

- Baba est mort ? Dis-je en tremblant et en pleurant. Non, c'est faux... Je ne peux pas enterrer et prier sur baba. Non, c'est faux. Ce matin on parlait, il allait très bien.

Suhayl et Emin s'approche de moi.

- NE ME TOUCHEZ PAS ! Criais-je. Baba est en vie ! Il est en vie !

Je savais qu'ils avaient raison mais je ne voulais pas l'accepter. Je me suis préparée à tout sauf ça... à tout sauf perdre mon père.

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant