53.

743 56 2
                                    

Deux semaines sont passés... Je suis tellement heureuse ! Mon frère a demandé la main de Mina, je ne me sépare plus de mon père mais surtout, aujourd'hui c'est mon mariage !

On fait le mariage religieux ici étant donné qu'on risque de déménager autre part qu'en Turquie. Mais pour le moment, le temps qu'on trouve du travail et une maison, on restera ici.

Je suis dans une chambre avec Mina, quelques cousines du côté d'Emin et sa grand-mère. Il a encore de la famille, lui. Les filles me maquillent, mettent ma robe blanche, me coiffent et mettent le voile par dessus.

Je me regarde dans le miroir. J'ai peur. Je vais me marier mais cette fois, ce sera différent. Tout sera différent. C'est ma nouvelle vie.

J'ai mon frère, mon papa et ma meilleure amie qui deviendra ma belle-sœur, j'ai Emin et son père qui me considère comme sa propre fille, mais j'ai aussi la famille d'Emin. Même si je ne comprend pas tout ce qu'ils me disent, ils me considèrent comme une des leurs, ça me fait chaud au cœur.

Les filles sortent pour préparer à manger, les hommes eux, ils sont avec Emin. Je m'assois sur le lit et repense à tout ce que j'ai vécue jusqu'à aujourd'hui. Si maman était là, elle serait tellement fière de moi.

- Maman ! Maman ! Criais-je en courant.

Elle vient vers moi en courant.

- Qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ? Demande-t-elle.

Je cherche un peu dans mon sac puis sort du pain.

- J'ai réussi à acheter ça aujourd'hui ! Mange. Lui dis-je en souriant.

- Je n'ai pas faim, prend le pour toi. Me réplique-t-elle. 

- Non ! La mère de Mina nous as fait à manger, mon ventre il est plein, plein. Je te jure ! Lui assurais-je.

Je prends le main, en découpe un morceau et le met dans la bouche de ma mère.

- Maman, mange, je sais que tu as faim. Ce pain, c'est soit toi qui le mange soit les bêtes ! Dis-je.

Je me rappelle de ce jour, il y en a eu des plusieurs comme ça. Tellement on était pauvre, on n'avait rien à manger. Grand père était mort, il n'y avait aucun autre homme dans la famille. Du coup, je cherchais des choses à vendre et les vendait au marché du coin. Avec le peu d'argent que je gagnais, j'achetais quelque chose à manger pour ma mère.

Je pouvais rester environ trois jours sans qu'une seule miette n'entre dans ma bouche. Je mentais à ma mère, je lui disais que je n'avais plus faim parce que je la voyais faible devant moi, elle devenait pâle, ses lèvres devenaient sèches. J'avais peur qu'elle meurt. Et finalement, elle a mis fin à sa vie...

Ne pleure pas , Syhem... ne pleure pas ! Ce n'est ni le jour ni l'heure de pleurer. Alors que je me perdais dans mes pensées, mon père rentre. Il se met à côté de moi.

- Tu penses à ta mère, hein ? Me demande-t-il.

Je tourne ma tête vers lui puis hoche la tête. Il me prend dans ses bras.

- Tu sais... j'aimais beaucoup ta maman. Je pouvais mourir mais ne pas la voir pleurer. Et tu sais, Emin... j'avais mille raison de lui refuser ta main mais je ne l'ai pas fais. Confie-t-il.

- Pourquoi ? Lui demandais-je.

- Parce que je l'ai vu te regarder. Il te regardait comme je regardais ta mère. Me dit-il tristement. Crois moi ma fille, cet homme t'aime. Il ne te lâchera jamais... Jamais ! Je me revois en lui et je vois ta mère en toi. Aujourd'hui, tout commence entre vous. Tout ce qui s'est passé avant ce jour est d'un monde, tout ce qu'il se passera après est d'un autre.

- Baba... avant ou après, tu ne me lâchera pas, pas vrai ? Lui demandais-je.

Il m'embrasse le haut de la tête.

- Jamais. Tu es tout ce qu'il me reste avec ton frère. Me dit-il en souriant tristement. Bon... c'est l'heure. L'imam est là. Viens...

Mon cœur bat à mille à l'heure. Mon père met son bras sur le mien et on s'avance. On y est. Je vais me marier à lui. Je vais être la femme d'Emin... Mon Dieu.

On s'avance vers la salle, je vois Mina, Ibrahim, la famille d'Emin et son père. Il me laisse passer entre eux puis j'arrive devant l'imam. Je n'arrive pas à lever mon regard de celui d'Emin. Mon cœur fond... je m'assois à côté de lui tout en tremblant.

- Alors, Syhem Mubarak, êtes-vous consentante, de votre plein gré, d'épouser Emin Şahin ? Me demande-t-il.

Je commence à rougir.

- Oui ! Dis-je en souriant.

Je baisse la tête, gênée. Je sens le regard d'Emin sur moi, c'est ce qui me stresse le plus...

- Et vous, Emin Şahin, êtes-vous consentant d'épouser Syhem Mubarak ? Lui demande-t-il.

- Oui, oui et oui ! Dit-il en riant.

Je fais un petit rire puis je lève la tête quand il nous annonce enfin...

- Conformément au Parole d'Allah et aux enseignements de Son Messager, je vous déclare mari et femme. Nous dit-il.

Je n'arrive pas à y croire. L'imam nous récite quelques versets et des hadiths sur l'importance du mariage en Islam. Je viens d'accomplir la moitié de ma religion et je me suis mariée à ma moitié...

J'ai peur mais je suis contente. Quand l'imam s'en va, à peine que je me dirige vers mon... mari... Que tout le monde se dirige vers nous.

- Poussez-vous ! Viens là, petite soeur... Me dit mon frère.

Je viens vers lui et le prend dans mes bras. Les larmes me montent aux yeux.

- Merci pour tout, grand frère. Je ne sais pas ce que je serais devenue sans toi. Je te dois tellement ! Dis-je en souriant.

- Petite soeur, tu ne sais pas à quel point je suis fier de toi. Tu... Tu es devenue une femme. Une vraie femme ! Et dire qu'avant, je te regardais de loin et j'avais peur de te dire que j'étais ton frère. Le temps est passé vite... Bientôt tu m'appelleras pour me dire que tu es mère et que je suis devenu tonton. Dit-il en riant.

- Suhayl... ça me fait tellement plaisir. Je... Je t'aime grand frère pour toujours. Lui dis-je en le prenant dans mes bras fort.

Il est l'heure. L'heure que je m'en aille dans mon nouveau chez moi. Je ne veux pas lâcher mon père et mon frère. Je les prends tous les deux dans mes bras.

- Promis, je viendrais vous voir tous les jours ! Leur assurais-je. Vous allez me manquer.

- Vas-y benti, tu commences une nouvelle vie, ne te préoccupe pas de nous. Sache juste qu'on est fier de toi. Me dit mon père, les larmes aux yeux. 

- On sera toujours derrière toi, Syhem. Me dit mon frère en souriant. Emin, fais attention, hein ! Tu fais du mal à ma soeur, je te lâche pas !

- Jamais je ne ferais du mal à ta soeur, t'inquiètes pas mon frère. Lui répond Emin.

Je lâche un petit rire.

- Tu m'as oubliée ? Viens ici, petite soeur ! Je suis fière de toi ! Me dit Mina en riant.

Je me mets à pleurer de joie.

- Oh ma chérie, ne pleure pas. Allez, va ! Ton mari t'attend. Me dit-elle.

Je les salue une dernière fois puis me retourne jusqu'à la voiture. De l'intérieur, je les regarde encore. Emin démarre la voiture puis me tient par la main. Je me tourne et le regarde en souriant. Oui, c'est peut-être le début d'une nouvelle histoire...

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant