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- Ça fait deux mois qu'ils sont mariés, chef. Me dit-il.

- Quoi ? Ils se sont mariés ? Dis-je.

Je passe ma main sur mon visage en soupirant.

- Personne ne peut toucher la fille. Elle est entourée par tout le monde. Son père, son frère, l'oncle, le père et les cousins d'Anis. Me dit-il.

Je commence à crier en jetant tout ce qu'il y a autour de moi.

- Je dois la retrouver ! Elle est à moi, t'as compris ? A MOI ! Criais-je.

Soit je l'ai, soit personne ne l'aura. Je m'assois en essayant de trouver une solution.

- Tuez-les. Ordonnais-je.

- Quoi ? Me disent-ils.

- Tuez-les. C'est dur à comprendre ? Leur demandais-je.

- Mais Shehab, on... Me dit-il.

- MAIS QUOI ? VOUS ALLEZ PRENDRE UN VOL POUR ISTANBUL CE SOIR ET VOUS ALLEZ LES TUER ! D'ACCORD ? Criais-je.

Ils hochent tous la tête.

- Ecoutez moi, voilà ce que vous allez faire...

SYHEM

Deux mois qu'on est mariée. Si on m'aurait dit que je serais autant heureuse un jour, je n'y aurais pas cru et pourtant... Allah est grand, très grand.

- Ah ! Le travail est enfin fini. Dit Emin.

- Repose toi dans notre chambre, je vais à la cuisine et je reviens vite ! Lui dis-je.

Il hoche la tête et s'en va. Je pars à la cuisine comme je lui avais dis, j'ai essayée de faire un de ses plats préférés : des lahmacun. Je les pose dans une assiette, et je le mets sur un plateau avec du thé.

Je vais dans notre chambre et pose le plateau à côté de mon mari. Puis je m'assois près de lui. Je pose ma tête sur ses jambes et il commence à jouer avec mes cheveux.

- J'ai toujours rêvé d'un moment comme ça. Me dit-il, pensif. Je voyais mes parents heureux comme on l'est maintenant... Je me demandais quand ce sera mon tour. Même quand j'étais en Syrie, j'y pensais.

- Le plus important est qu'on est heureux maintenant Emin, pas vrai ? Lui demandais-je.

- C'est vrai... c'est vrai... Dit-il en souriant faiblement. Syhem... ? On va partir.

Je me redresse et le regarde dans les yeux.

- Partir où ? Demandais-je en fronçant les sourcils.

- Mon chef m'a transféré autre part pour mon travail. Dit-il. Il m'en a trouvé en Arabie Saoudite. On va partir là-bas, on va vivre dans la ville du Prophète, à Médine !

Je n'arrive pas à y croire.

- Mon Dieu ! On va partir là-bas ? Quand ? Et... oh mon Dieu, Emin ! Tu t'en rends compte ? C'est mon rêve depuis petite de partir là-bas !  Dis-je les larmes aux yeux.

Il rit légèrement.

- J'ai travaillé jour et nuit pour ça. Pour que tu sois heureuse, hayatim. Dit-il en souriant.

Je le prends dans mes bras tellement je suis heureuse. Je ne sais même pas quoi lui dire à part le remercier. Il se penche vers moi puis pose ses lèvres sur les miennes.

- Seni seviyorum aşkım. Me chuchote-t-il. Je t'aime Syhem, ma femme, ma vie, mon tout. Qu'est-ce que je ne ferais pas pour te voir sourire ?

On parle un peu de nos projets puis on s'endort. Demain, si Allah le veut, on annoncera à nos familles la nouvelle. Ils seront heureux, très heureux.

Les minutes passent, Emin s'est endormi. Il a le sommeil rapide et lourd, moi, je  reste réveillée à penser. Je me tiens le ventre, il y a de petites douleurs de temps en temps. Rien de très grave pour alerter Emin.

Alors que j'allais m'endormir, j'entends du bruit. Je ne fais rien en pensant que ça peut être quelqu'un de dehors mais le bruit persiste. Il est régulier. Je commence à avoir peur et réveille Emin.

- Emin... ? Emin, réveille toi. Il y a du bruit dans le salon. Chuchotais-je.

- Hein ? Je vérifierai demain matin, dors, ne t'inquiète pas. Dit-il endormi.

- Non Emin... j'ai un mauvais présentiment. Dis-je en grimaçant.

Il enlève la couverture de lui puis se lève.

- Reste là. Me dit-il.

Je ne l'écoute pas et le suis par derrière. Il cherche la source du bruit, il commence à prendre conscience de ce qu'il se passe. Il cherche et cherche puis s'arrête d'un coup.

- Syhem... sors de la maison. M'ordonne-t-il.

- Quoi ? Emin... Commençais-je.

- Cours dehors, Syhem ! Cours ! Ils ont mis une bombe ici, cours et je vais essayer de la désamorcer. Me dit-il en panique.

- Non ! Je reste ici avec toi. Dis-je.

- SYHEM SORS DE LA ! DEPÊCHE TOI ! Crie-t-il.

Alors je sors comme il me l'a dit, je m'éloigne un peu et attend qu'il sorte. J'ai tellement peur... mes mains et mes jambes tremblent, j'ai l'impression que je vais tomber. 

Si je n'avais pas entendu le bruit, on allait dormir et on allait se faire exploser dans notre sommeil. Mon Dieu ! Qui a pu faire ça ?

J'attends quelques secondes puis je me fais propulser vers l'arrière, ça a explosé. La maison a explosée. Elle est en feu maintenant. Emin ! J'aurais dû rester avec lui...

- Emin... non non, ce n'est pas vrai ! Me chuchotais-je.

Je me lève et me mets à courir vers la maison.

- EMIN ! EMIN ! REPONDS MOI ! Criais-je.

Mes mains tremblent de plus en plus.

- SYHEM ! Entendis-je.

Je me lève et me retourne en espérant que ce soit lui. C'est mon frère et Mina. Je cours vers lui et le prend dans mes bras.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Me demande-t-il.

- E... Emin... grand frère... Emin... Dis-je en pleurant.

- Calme toi, calme toi. Explique doucement. Me dit-il.

- Ils... ils ont mis une bombe mais Emin était encore à l'intérieur. Lui expliquais-je.

- T'es sûr ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête en pleurant, il s'avance et court vers la maison. Et si... Et s'il est mort ? Et s'il m'a abandonné comme maman ? Non non Syhem ! Il est encore en vie, ton mari est vivant. Il est encore en vie, Syhem...

- Syhem, si ça se trouve il a réussit à s'en sortir. Fais confiance en Allah. Me dit Mina.

- Est-ce qu'un homme peut survivre à une explosion ? Lui demandais-je les larmes aux yeux.

- Prie Allah, prie Le. Me dit-elle tristement.

Tout allait bien mais il fallait que ça tourne mal. Petit à petit, les pompiers arrivent. Aucun signe de mon mari ou de mon frère. Mina me lâche pas de ses bras, on est toutes les deux inquiètes.

Quelques minutes plus tard, on voit deux silhouettes venir. Je m'approche d'eux et vois mon frère et mon mari qui se tient sur ses épaules... 

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant