27.

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Je sens enfin l'air frais de mon pays, la Turquie. On se dirige vers l'aéroport, c'est l'heure. Dans quelques heures, on arrivera à Paris, ça fait tellement longtemps que je ne suis pas partis en France.

"Paris'e gidenler, lütfen biniş limanına gelin". (Les voyageurs en direction de Paris, veuillez rejoindre le port d'embarquement.)

Nous sommes trois groupes. Un des groupes est déjà monté dans l'avion, moi et mon collègue, on se dirige aussi vers l'avion. C'est notre tour. Quand on sera monté, ce sera au troisième groupe d'y aller.

Une fois tout le monde est rentré, on s'attache et c'est partit pour quatre heures de vol. J'espère que Shehab prendra bien soin de Syhem. J'espère qu'il l'a rendra heureuse. Elle le mérite plus que tout. Elle a eu une dure enfance, elle mérite le bonheur maintenant. Même si le bonheur en Syrie, c'est un rêve. Un rêve impossible.

Je ferme les yeux et laisse le sommeil m'emporter. On arrive à Paris. On arrive et on te fera trembler sous nos pieds...

SYHEM

Ça ne fait que quelques heures qu'il est partit et je m'inquiète déjà. Je ne veux pas qu'il meurt mais je suis trop rêveuse. Il va faire une attaque en plein Paris. Les forces de l'ordre française ne le laisseront jamais vivre. Jamais. Ça me fait peur.

Shehab sort rejoindre les autres hommes, je suis seule à la maison. Puis quelques minutes plus tard, ça sonne à la porte.

- Mina ? Lui demandais-je.

Elle me regarde et hoche la tête. Je la laisse rentrer et on part s'asseoir dans le salon.

- Ça fait longtemps tu n'es pas venue, tu vas bien ? Lui demandais-je.

Elle hoche la tête sans parler.

- Mina ? Pourquoi tu ne parles pas ? Lui dis-je.

Elle ne répond toujours pas. Je me lève alors et découvre son visage. Elle pleurait.

- Ma Mina... Lui dis-je en la prenant dans mes bras.

Je la serre fort et elle pleure. Elle pleure beaucoup. Quelqu'un est mort de sa famille ? Ou bien l'homme avec qui elle était l'a lâché ?

Shehab m'avait dit qu'elle vivait chez un homme, il supposait que c'est son mari. Mais je ne pense pas que Mina est mariée, elle me l'aurait dit.

- J'ai mal, Syhem... j'ai tellement mal. Dit-elle en pleurant.

- T'as mal où ? Qui t'as fais mal ? Lui demandais-je, inquiète.

Elle ne répond pas et continue à pleurer en serrant sa poitrine.

- Si tu ne me dis rien, je ne peux pas savoir. Lui dis-je en la fixant.

- Je... Je ne peux pas te le dire, Syhem. Je ne veux pas t'inquiéter. Me dit-elle les larmes aux yeux. 

Je n'insiste pas plus car je sais qu'elle ne dira rien. Même si je ne sais pas ce qu'elle a, je resterais à ses côtés. J'essaie de la faire rire et sourire, même si elle rit, je sais qu'elle se force pour me faire plaisir.

Alors que le soleil commence à se coucher, Mina se lève et se dirige vers la porte. Elle me tend une lettre, me prend dans ses bras et s'en va. Je ne pouvais pas la retenir.

Je ferme la porte, rentre et ouvre la lettre. Mon cœur bat fort. Qu'est-ce qu'elle pourrait dire ? 

"Chère Syhem,

Je sais que je ne pourrais pas te le dire en face, alors je te le dis ici. Je vais venir te voir mais je ne pourrais rein te dire. Pourquoi ? Parce que je suis lâche, parce que j'ai peur.

Tu te rappelles la nuit où j'étais venue chez toi, en sang ? On m'avait attaqué. Ils m'avaient ouverts le ventre. Ensuite, les kurdes nous ont kidnappés toutes les deux.

Ils voulaient que je retourne dans mon pays et que je me fasse jugée là-bas. En France. J'allais passer le reste de ma vie en prison jusqu'à qu'un homme vienne me sauver. Je pense qu'il est encore tôt pour que je te dise qui il est.

Cette blessure m'a affaiblit. Les kurdes me maltraitaient, ils m'ont frappés et ça ne leur faisait rien. D'après eux, les "terroristes" de mon genre ne méritent rien d'autres que l'humiliation. Si seulement ils savaient que je suis là, pas par des motivations terroristes mais pour toi.

J'allais mourir, tu sais ? Et c'est cet homme qui m'a sauvé. Il a appelé une infirmière qui a bien pris soin de moi. Mais il y a une chose que j'ai gardée pour moi, que seul Allah sait.

J'ai appris que j'ai une maladie. Une tumeur au poumon. C'est dit. Et c'est ce que je n'ai pas réussi à te dire en face. Tu vois ma lâcheté ? L'infirmière m'a prévenue qu'il me reste maintenant moins de huit mois à vivre.

Je ne sais pas si je reviendrais. Est-ce que je ferais bien mes adieux ? Je ne peux pas savoir à l'avance. En tout cas, ma petite Syhem, sache que je t'aime. Je te porte dans mon cœur depuis le premier jour où on s'est connue et ça ne changera jamais. 

Quand tu en auras l'occasion, enfuis toi ! Enfuis toi d'ici. Reste en Turquie, en France, en Angleterre, Italie, Allemagne. Peu importe mais pars loin d'ici ! Loin... 

Ta grande sœur préférée, Mina."

Mes larmes coulent sur la lettre. Mina... Mina va mourir ? Je sors de chez moi et la cherche du regard, la rue est vide. Il n'y a personne. Je tombe à genoux, je pleure tout en tenant sa lettre.

- MINA ! Criais-je.

OMNISCIENT

Les hommes viennent d'arriver à Paris. Ils s'étaient trouvés un petit appartement pour quelques jours, ils étaient à présenter regrouper dans le salon, autour d'une table à discuter de leur prochaine mission. 

- On sera trois à s'exploser, moi, Shaheen et Idriss, on aura des gilets explosifs avec du TATP. On sera répartit sur Paris. Jamel et Issa, vous vous chargerez des otages, vous prendrez les kalachnikovs. Abû Anis, tu seras avec trois autres hommes. T'auras des fusils d'assaut, tu seras vers le stade. Leur dit un des leurs.

Ils hochent tous leur têtes. Ils se lèvent et prient l'ichaa ensemble. S'ils doivent mourir demain, ils mourront avec leur Foi. Ils se disent que le Paradis sera à eux. 

Demain, ils achèteront leurs armes. Et ensuite, ils se promèneront sur Paris afin de connaître leurs endroits mais aussi pour ne pas faire trop suspect.

Dans moins de 48 heures, l'attaque commencera. La France tremblera sous le sang de victime innocentes. C'est tout simplement, le 13 novembre...

La Belle et le DjîhādîsteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant