Les jours passent, je vois les saisons changer. Les feuilles du peu d'arbres qui restent tombent, puis repoussent. Le soleil se lève le matin et se couche tard le soir. Les œufs des oiseaux ont éclos. Toute chose change...
Ma vie aussi. Je suis partis de la maison de Shehab. Mon frère a fait une petite maison, introuvable, loin des terroristes. Les papiers sont presque prêts. On va enfin avoir la vie qu'on voulait !
Cependant, tout ne va pas bien autant qu'on le voudrait. Autant que je le voudrais. Mina devient de plus en plus faible et si on ne part pas d'ici rapidement, elle ne pourra jamais se faire guérir, ça m'inquiète énormément. Si elle meurt... je préfère ne pas y penser.
- Tu vois que j'avais raison quand je t'ai dis que tu n'as pas besoin de mari dans ta vie. Me dit mon frère en souriant.
Je ne réponds pas...
- De toute façon, il ne t'aimait pas. Il jouait avec toi. Dit-il.
Et pourtant, ce soir-là... il avait l'air tellement sincère. Jusqu'à maintenant, il n'y a que Mina qui le sait. J'ai confiance en elle, je sais qu'elle ne dira rien. Surtout qu'elle n'est pas contre Anis comme mon frère.
- Qu'Allah le fasse brûler en enfer. Chuchote-t-il.
Je baisse la tête. Il le déteste tellement qu'il lui souhaite l'enfer. Je pense de plus en plus que j'ai bien fais de m'éloigner de lui. Peut-être...
- Dis "amin" pour qu'Allah exauce ! Me dit-il.
- ... non. Qu'Allah le guide et le préserve. Il n'est pas un homme de mal, il n'est pas comme eux grand frère. Dis-je avant de me lever.
Je m'en vais et m'enferme dans ma chambre. Je me sens bouleversée, comme à chaque fois que mon frère ouvre le sujet sur lui.
ANIS
Je compte même plus les jours depuis ce fameux soir. Je me sens pire encore que quand j'ai appris le mariage d'Ahlam. Ce petit bout de femme tellement sensible, elle a réussie à m'attirer avec rien.
Cette femme, elle n'a rien mais elle a tout pour elle. Elle n'a rien mais elle te donne tout ce qu'elle a. Et là, je me dis que je ne la reverrai plus jamais.
La dernière fois que je l'ai vu, c'était le jour où elle est partit de chez Shehab. Ils ont dû sortir du pays.
- J'espère que tu t'es bien reposé Abû Anis parce que le travail commence. Me dit le calife en souriant.
Je hoche la tête. Tant que je suis sur le terrain, je dois obéir aux ordres. Chaque seconde, je regrette d'être venu ici. J'ai détruis ma vie... je l'ai détruis au moment où j'ai décidé de venir.
- Vous vous rappelez du plan d'attaque contre Tel-Aviv ? Nous demande-t-il.
Tout le monde hoche la tête.
- ça se fera le 21 juin. Dans quinze jours. Soyez prêts. Taillez vos barbes les frères pour ne pas paraître suspect. Les frères européens, c'est votre tour aujourd'hui. Vous serez moins suspectés par les juifs que les frères arabes. Portez même une kippa ! Le but est de passer puis de tuer ceux qui ont encourus la colère d'Allah. Nous explique-t-il.
Ils sont prêt à tout, pour ça...
- Omar, tu pars en Amérique, en Floride, cette semaine. Lui dit-il.
-Pourquoi faire mon calife ? Lui demande Omar.
- Il y a une boîte de nuit à Orlando, une boîte de nuit des gays. Lui dit-il. Tues les. Montre l'exemple aux nouveaux arrivants. Vous voyez les frères ? ... Ce sont des malades, ils faut les éloigner de nous sinon leur maladie va se propager.
Les hommes d'ici se mettent à rire. Chacun donne son idée pour les plans à suivre. Il n'y aura pas beaucoup de pertes en nombre d'hommes. Mis à part les civils, bien-sûr...
Une fois la réunion finit, je m'en vais chercher Shehab. Il se cache depuis plusieurs jours, il a dit au calife qu'il sera occupé avec les affaires des moudjahidins étrangers. Le menteur. Il sait que sa mort est dans mes mains. Il est lâche.
Personne ne sait où il est. Mais je patiente, un moment ou à un autre, il aura besoin de s'acheter à manger ou à boire. Non ? Je sais qu'il ne viendra pas ici.
Ah, mais oui ! Je prends ma voiture et sors de Raqqah. On n'a pas besoin de mon aide ici. Je me dirige vers Alep. C'est un territoire que Daesh n'a pas encore pris sous son contrôle, ça devrait être là qu'il s'est caché.
J'arrive plusieurs heures après, je gare ma voiture puis sors. Je me promène dans le marché d'Alep, c'est une ville très pauvre mais ça n'empêche pas aux gens de vivre. Ici, ils sont tranquille.
Il y a des femmes en niqab comme des femmes en jilbeb. Ici, elles ont un peu plus de liberté. Cette ville est abandonné, Daesh veut s'en emparer, les occidentaux veulent la bombarder, Bachar ne s'en occupe pas.
Alors que je me promenais dans le marché, je vois ces yeux. Ces yeux là qui m'ont fait tomber. Je me cache derrière un mur avant qu'elle ne me voit. J'attends qu'elle passe quelques secondes plus la voit enfin.
Je l'attrape par le bras et la tire vers moi. Je mets ma main sur sa bouche pour ne pas qu'elle crie. Elle me regarde enfin puis se calme. Je la regarde avec le sourire aux lèvres. Je dévoile ensuite son visage
- Anis... ? Murmure-t-elle. Comment tu m'as reconnu ?
- Je te reconnaîtrais toujours parmi mille autres. Quand je te dis qu'il n'y a pas deux comme toi, je ne mentais pas. Dis-je en souriant.
Elle se racle la gorge.
- Qu'est-ce que que tu fais ici ? Me demande-t-elle.
- Longue histoire. Tant que je t'ai retrouvé... y a que ça qui compte. Dis-je.
- Anis... Je t'en supplie, ne recommence pas. Me supplie-t-elle.
- De quoi ? Dis-je en haussant les sourcils.
- Anis ! Tout ça, là ! Comprend que toi et moi, c'est impossible. Im-po-ssible. Mon frère en changera jamais d'avis. Dit-elle.
- Est-ce que tu me fais confiance ? Lui demandais-je en la fixant dans les yeux.
Elle me regarde sans répondre puis elle finit par hocher la tête positivement. Un sourire se forme sur mon visage.
- Alors laisse moi faire. La rassurais-je.
- Mais je n'aurais pas à choisir entre toi et mon frère, pas vrai ? Me demande-t-elle.
- Non. Et si jamais t'aurais à choisir, choisis ta famille. Mais mets toi en tête que peu importe les conséquences, je ne te lâcherai jamais. Il n'y a que la mort qui pourra m'éloigner de toi. Dis-je doucement.
Ses yeux ne me lâchent pas du regard. Elle a ce regard si innocent, j'ai l'impression de voir les yeux d'une petite fille face à moi. Elle est tellement pure. Elle ne mérite pas ça. Elle ne mérite rien de tout ça.
On se regarde dans un énorme silence. Aucun de nous parlait. Je sens mon corps s'avancer vers elle. Ma tête se penche vers la sienne, elle commence à respirer rapidement. Je m'approche d'elle de plus en plus et elle ferme ses yeux.
Je colle nos fronts, nos nez se touchent, je mets ma main autour de sa taille et continue à la fixer. Elle est tellement belle, tellement douce. Alors que nos lèvres étaient à quelques centimètres, je reprends mes esprits et reculent.
- On laissera ça après le mariage. D'accord ? Dis-je en souriant.
Elle baisse la tête en guise de réponse. Je l'ai retrouvée. Je suis un homme heureux. Maintenant, il ne manque plus qu'une seule chose, et je l'aurais...
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La Belle et le Djîhādîste
Teen FictionAlors que la guerre éclate en mars 2011, des milliers de civils se font tuer. En 2014, le groupe terroriste, Daesh, prennent Raqqa. Ils étaient vus dans la ville comme «héros» à leur entrée. Ils étaient doux avec les enfants, ils leur offraient des...