Déjà une semaine que je suis là et j'en peux déjà plus. Je veux rentrer en Syrie. C'est devenue ma maison là-bas, je ne veux pas me séparer d'elle. Mon envie de rentrer a augmenté depuis que j'ai su que la Syrie a été bombardé à la suite de mes bêtises à Paris.
Le premier mot que j'ai dis après l'avoir su, c'était "Syhem". Et je sais bien qu'Ahlam l'a entendu. Elle me regardait bizarrement après ça. J'ai compris son jeu. Elle veut me faire comprendre qu'elle m'aime juste pour m'avoir et me laisser encore une fois.
- Abû Anis, ils pensent qu'on est mort là-bas. Me dit Ibrahim.
- Je sais, le calife va sûrement me remplacer. Lui dis-je en soupirant.
- Mais il te reprendra quand on reviendra, non ? Ou soit, t'essaie de l'appeler. Me dit-il.
- Non, t'es fou ou quoi ? Ils vont nous trouver et nous mettre en prison jusqu'à la fin de notre vie. On doit attendre au moins jusqu'à leurs fêtes. Le prévenais-je.
- Jusqu'à Noël... attend, du coup on reste ici un mois ? Me demande-t-il.
Je hoche la tête.
- Et tu feras quoi avec Syhem ? On ne sait pas ils ont touchés qui dans... commence-t-il.
- Je meurs. Dis-je rapidement. S'ils l'ont touchés, je ferais une mission martyr. Je reviendrais ici et je vais m'exploser devant eux et les tuer avec moi.
On entend ensuite le bruit d'une cuillère qui tombe. Je lève la tête et croise le regard d'Ahlam.
- Excusez-moi... dit-elle doucement.
Elle pose devant nous le café et s'assois sur le fauteuil en face.
- Hmm... bon ok... in shaa Allah elle ira bien. Dit-il d'une petite voix. Mais... elle va accoucher quand ?
Ahlam se met directement à tousser. Je la regarde rapidement et ensuite l'ignore. Je m'approche d'Ibrahim et lui murmure à l'oreille de continuer de parler de Syhem, rien que pour faire rager Ahlam.
- Je ne sais pas, elle est enceinte de combien de mois ?
- Comment je peux... ah si ! Shehab avait commencé à crier dans la rue quand il l'a su. Je crois trois ou quatre mois. Me dit-il. Mais du coup elle accouche quand ?
- Compte jusqu'à neuf mois. Lui dis-je.
- Pourquoi ? Dit-il en fronçant les sourcils.
- Bah, une femme reste enceinte pendant neuf mois. T'as pas fais ta primaire et ton collège en France toi ? Lui demandais-je.
- Si ! Mais j'écoutais pas en primaire et je séchais les cours au collège. Dit-il en riant.
Je ris à mon tour.
- Toute façon, on va retourner en Syrie et tu vas conquérir le coeur de ta princesse ! Dit-il en souriant.
Je souris en pensant à elle. Ma princesse... ?
Je commence à couper les tomates.
- Mais non ! Qu'est-ce que tu fais ? Attends, passe le couteau, je vais te montrer comment faire. Dit-elle en me tenant les mains.
Elle commence à me montrer comment faire, je ne regarde même pas. Je regarde seulement son visage en souriant. Elle le remarque, elle s'arrête puis lève sa tête.
Quand son regard croise le mien, elle baisse directement sa tête.
- Hmm... Je... je pense que c'est mieux que je fasse à manger. Va... Va te reposer toi. Dit-elle gênée.
- Je t'aiderais, hors de question que tu fasses seule. Lui dis-je en souriant.
Je souris seul en repensant à ce moment.
- Il sourit ! Il sourit ! Dit Ibrahim en riant. Il pense à sa Syhem !
Je lève les yeux au ciel et Ahlam se lève et s'en va. Elle en a trop entendu, je pense. Vivement que je parte d'ici.
SYHEM
Une semaine. Ça fait une semaine que je me fais violer chaque soir. J'en vomis chaque jour. J'en ai marre. Je veux mourir. Je veux partir d'ici.
Je me lève, rentre dans la cuisine et prend un couteau. Je mets le bout sur mon poignet. Ma main commence à trembler puis je fais tomber le couteau. Je m'effondre en pleurs.
Quelques minutes plus tard, j'entends la porte sonner. Mon corps tout entier tremble. Il est là ? Je retiens mon souffle.
- Syhem ? Entendis-je.
Je respire correctement et cours vers la porte. J'ouvre et vois Mina. Je la prends directement dans mes bras et pleure.
- Mets vite ton niqab, on s'en va. Me dit-elle.
Je le regarde en fronçant les sourcils. Je vais partir ? Mon Dieu, la liberté ! Je fais ce qu'elle me dit, je mets mon niqab avec un manteau par dessus et je sors.
On marche rapidement jusqu'à une sorte de bois. On rentre à l'intérieur et on marche jusqu'à un hangar. Il est petit mais bien. On rentre dans le hangar, il ressemble plus à une petite maison qu'autre chose.
Mina m'emmène jusqu'à un canapé et s'en va. Elle revient quelques minutes plus tard avec du thé. Elle s'assoit à côté de moi.
- Mina... je ne veux plus retourner là-bas. Dis-je les larmes aux yeux.
Elle me prend dans ses bras.
- Il m'a violé, Mina... il m'a violé ! Chaque soir ! Dis-je avec mes lèvres tremblantes.
Elle sert ma robe avec sa main tout en me gardant contre elle.
- J'aurais dû rester près de toi. dit-elle en soupirant.
Je ferme les yeux en essayant de ne plus y penser. Quand j'entends le bruit de la porte, j'ouvre les yeux rapidement. J'ai cru que c'était Shehab mais c'était quelqu'un d'autre. Un autre homme.
Mina me laisse sur le canapé et s'approche de lui. L'homme n'arrête pas de me fixer. Ça me fait un peu peur...
- Bon... Syhem, je te présente Suhayl. Me dit Mina.
- Laisse moi lui dire. Dit-il à Mina.
- Me dire quoi ? Demandais-je.
Ce fameux Suhayl soupire puis s'assoit face à moi, Mina se met à côté de lui.
- Je vais te raconter quelque chose, mais ne t'énerves pas. D'accord ? Me dit -il.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Dites moi ! C'est Shehab, hein ? Il arrive, c'est ça ? D-isje paniquée.
- Non, Syhem. Non... maintenant, tu es sécurité avec moi. Pour toujours. M'assure-t-il.
Mina vient me prendre dans ses bras, j'ai peur de ce qu'ils vont me dire. Je ne fais pas confiance à Suhayl, je ne fais plus confiance à qui que ce soit sauf à Mina. C'est ma seule sœur. C'est la seule personne que j'aime ici-bas. Le jour où je la perdrais, je mourrai avec elle.
- Syhem, prépare toi à entendre la vérité... mais ne m'en veux pas. Je ne pouvais rien te dire. Dit-elle en baissant la tête.
Mon cœur bat fort. Je les regarde attendant qu'un son sorte de leurs bouche. Et...
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La Belle et le Djîhādîste
Teen FictionAlors que la guerre éclate en mars 2011, des milliers de civils se font tuer. En 2014, le groupe terroriste, Daesh, prennent Raqqa. Ils étaient vus dans la ville comme «héros» à leur entrée. Ils étaient doux avec les enfants, ils leur offraient des...