Chapitre 13 : La cible

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Un frisson glacial me parcourut la nuque quand j'entendis des pas précipités, ses chaussures claquant durement sur le sol. Il ouvrit la porte à la volée et je me retrouvais face à lui, ses sourcils froncés. Mais de la surprise calma brièvement son regard sombre lorsqu'il me reconnut.

Vous !

Contrairement à la dernière fois où je l'avais vu en costume, il était habillé de manière décontractée. Vêtu d'une chemise blanche, ses bretelles noires soulignaient son torse et il avait ramené ses cheveux blonds en arrière.

— Que faites-vous là, Nera ? m'interrogea-t-il, la voix dure.

C'était le moment de jouer l'idiote écervelée.

— Désolée...! Je... Je suis venue faire mon rapport, mais j'ai entendu du bruit... J'ai hésité à partir ou à attendre que vous finissiez... Et... Et je suis finalement restée... Mais je vous promets, ce n'était vraiment, vraiment pas intentionnel ! Je peux revenir plus tard, je suis désolée signore, je...

J'étais en train de m'agiter dans tous les sens sous son regard perçant, lui montrant ma nervosité et mon envie de bien faire. J'en faisais peut-être trop, mais c'était mieux que pas assez et de se retrouver sur une chaise d'interrogatoire.

Dans ce vacarme, Ottavia rejoignit Luca à l'encadrement de la porte et ce dernier l'interrogea du regard, comme pour vérifier mes dires.

— Assez, m'interrompit-elle dans un soupir. Et entrez. Luca, je reviens vers vous cet après-midi.

Il hocha la tête et elle disparut dans son bureau. Je reculai pour laisser passer le fils du Parrain et il me dépassa. Mais alors que j'allais entrer à mon tour, une de mes jambes douloureuses décida à ce moment précis de me lâcher.

Cette sale traîtresse.

Je chancelai dangereusement et Luca leva sa main pour me retenir. Mais avant qu'il n'eut le temps de me toucher, j'attrapai fermement son poignet.

Je mis ensuite mon autre main sur le chambranle pour me ressaisir.

— Avez-vous besoin d'aller à l'infirmerie ? demanda-t-il, sérieux.

Je secouai rapidement la tête.

— C'est rien, soufflai-je, la voix enrouée, honteuse de moi-même. J'étais de service cette nuit, ça va pass...

Ma voix s'évapora quand je découvris que je l'attrapais encore. Je n'avais pas voulu qu'il me touche et c'était moi qui le retenais ?

Le comble.

Je le lâchai rapidement comme s'il m'avait brûlée et je réprimai mon envie de juste fuir dans le bureau et de claquer la porte derrière moi. Mais pour mon plus grand malheur, il fit un pas vers moi et son regard acier se durcit.

Je serrai des dents, prête à recevoir un sermon comme le tenancier pourrait faire : on n'avait pas le droit de tomber malade, on n'avait pas le droit d'être blessée, on n'avait pas le droit de s'affaiblir, parce que sinon c'étaient les affaires qui en pâtiraient.

Je fus même à deux doigts de rejouer les idiotes et de fondre en excuse quand il me déclara :

— Si vous n'allez pas bien, il est de votre devoir de ne pas mettre votre santé en danger, Nera.

Je clignai plusieurs fois les yeux, croyant avoir mal entendu.

Il me fait une blague ? Qu'est-ce qu'il me raconte ?!

Mais non. Il était bien sérieux. Il me regardait gravement. Et ma confusion dut se lire sur mon visage, car après quelques secondes, il finit par m'adresser un sourire indulgent.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant