Chapitre 21 : Le fils

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Luca

Lucetta avait des longs cheveux dorés brillants, qui sentaient la vanille et qui lui arrivaient à la taille.

Soyeux qu'ils étaient, Luca ne trouva aucune difficulté à les brosser, mais par habitude, il lui demanda si elle avait mal.

Et comme toujours, elle secoua la tête.

Luca posa la brosse sur la table de chevet et Lucetta, assise sur son lit, se tourna vers lui.

Des fois, la regarder lui serrait le cœur, car elle avait hérité de Lucio : ses yeux marron foncé, son nez, ses sourcils légèrement broussailleux, et même son grain de beauté dans le cou.

Mais depuis la mort de son père, elle était devenue aphone.

Dr. Diop disait que ses cordes vocales étaient intactes.

Mais sa maladie venait de la tête.

Ce qui n'était malheureusement pas étonnant. Elle était une enfant cloîtrée dans un manoir d'hommes. Elle avait peur des inconnus et les seules personnes avec qui elle se sentait à l'aise étaient Ottavia, Donna, Ophelia, Andrea, Gregorio et lui.

Ce qui rendait la situation extrêmement difficile puisqu'aucun d'eux n'avait pour tâche de garder une enfant. Il ne pouvait pas non plus passer ses journées avec elle et le compromis qu'il avait trouvé, c'était d'au moins être présent pour la mettre au lit.

Toutefois, il ne lui montra pas ses inquiétudes.

Il lui sourit et se pencha pour baiser tendrement son front.

— Il est l'heure de dormir, piccolina.

Il souleva la couette et une fois qu'elle fut confortablement installée, il se leva.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, utilise la clochette. Les domestiques sont à côté et je serai dans mon bureau.

Elle était obéissante. Elle l'écoutait toujours. Elle ferait tout ce qu'on lui demanderait. Il était très rare de la voir pleurer ou pousser des cris de colère.

Les fois où il pouvait sécher ses larmes, c'était lorsqu'elle faisait un cauchemar ou qu'elle voulait quelqu'un à ses côtés jusqu'à ce qu'elle s'endorme.

Mais c'était précisément ça qui lui faisait peur.

Elle était trop calme.

Dieu savait qu'à ses heures perdues et à l'abri des regards, il avait fait le pitre avec ses peluches pour essayer de l'amuser, ne serait-ce qu'une demi-seconde. Ça n'avait pas marché. Il s'était juste fait ridiculiser face à son regard stoïque. Et il s'était promis de ne plus recommencer.

Donna avait une fois émis l'hypothèse qu'elle avait peur de l'abandon, et c'était pourquoi elle était devenue une enfant modèle par crainte de se faire rejeter. Elle lui avait aussi dit qu'avec un bon environnement, et du temps, elle s'ouvrirait probablement de nouveau.

Mais quel environnement ?

La mafia ?

Il savait personnellement qu'une enfance dans ce monde pouvait briser une âme à jamais.

Il quitta la chambre et il retrouva le Consigliere qui l'attendait dans le couloir.

— Il est disponible ? Demanda-t-il.

L'homme d'une soixantaine d'années garda les yeux rivés au sol. En parlant d'enfance, aussi loin que remontaient ses souvenirs, il avait toujours connu Sergio. Avocat de la famille et bras-droit du Parrain, il était comme un oncle pour lui.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant