Chapitre 70 : Punition

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Sincère ?

Sincère ?

Comment osait-il ?! Comment osait-il me dire ça ?! À moi ?! Sincère ! C'était lui qui avait tout ruiné ! C'était lui qui m'avait détruite ! C'était lui qui avait ruiné le peu de cœur qu'il m'était resté après la mort de Raf !

Mes poings tremblèrent contre son torse et je sentis une colère incommensurable m'aveugler, me brûler, m'étouffer.

Sincère ?!

J'avais passé des jours au lit, voulant mourir, voulant nier ce qu'il avait fait, ignorer son existence, ignorer la mienne et il osait me dire ça ?! Lui ?!

« Calme-toi, c'est pas encore le moment », me dirait Volpe.

Tremblante, au bord d'exploser, je me retins de lui hurler dessus. Je lâchai sa chemise et je levai la tête pour le lorgner.

Ses yeux aciers ne cillaient pas, comme s'il me testait, guettant une réaction.

S'il voulait une réaction, j'étais prête à l'étrangler là tout de suite et qu'on en finisse avec cette tragédie. Avec cette histoire. Que tout se termine ce soir, ici, maintenant.

Et pendant une seconde, je me demandai ce qui me retenait.

Il était peut-être physiquement plus fort et plus large que moi, mais si je le prenais par surprise, j'aurais une chance. En l'étranglant ou en brisant nos verres sur son crâne.

Mais je savais que tout un tas de personnes comptait sur moi.

Tout un tas de personnes voulait se venger des Verratti. Rien que pour Pearl et Volpe qui m'avaient recueillie, je savais que je ne pouvais pas agir seule. Si je tentais de le tuer maintenant, que j'échouais ou que je réussissais, ça serait fini de moi. Et la Garde ne pourrait plus avoir d'indic à l'intérieur de la Famille.

Je devais trouver un autre stratagème pour retourner cette situation.

Il doutait de moi ? Fort bien. Qu'il doute.

Mais je ne le laisserai pas m'abandonner.

Jamais.

C'était moi qui l'abandonnerai.

— C'est tout ce que vous avez à me dire... ?! sifflai-je, la voix aigüe, feignant d'être vexée plutôt qu'enragée. Je suis restée à vos côtés. J'ai été loyale ! Je vous ai sauvé la vie !

Je le vis serrer sa mâchoire, crispé.

— Loyal ne veut pas dire sincère ! trancha-t-il sèchement. Ne parlez pas comme eux Nera ! Tous prêts à se sacrifier, mais tous ont différentes intentions ! Alors ne me dites pas ce mot parce que j'ai été sincère avec vous ! Ces moments passés avec vous étaient les meilleurs de mes journées ! Ces nuits avec vous comblaient mon cœur ! Vous étiez mon havre de paix ! La seule personne dans ce foutu manoir qui ne demandait rien de moi !

Alors que depuis le début il m'avait fixé avec une distance dans l'âme et une froideur dans le cœur, je vis ses yeux brûler sous son ton véhément.

Et ce furent justement ses yeux qui le trahirent, qui me dirent que cette conversation était personnelle et que peu importait comment elle allait finir, il dirait ce qu'il avait sur le cœur.

Sauf que j'en fus insensible.

J'en fus si insensible que j'aurais pu bien rire à sa douleur, car c'était précisément ça que je voulais.

Qu'il souffre.

Mais cette vulnérabilité ne dura qu'un instant et son expression se durcit.

— Vous m'avez rendu faible Nera. Alors que mes hommes attendaient de moi d'être la relève de mon frère, vous avez été une distraction à mon devoir. Vous m'avez rendu si faible que l'idée même que vous soyez blessée par ma faute m'aurait fait tomber à genoux.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant