La foule dans les escaliers commença à se disperser à mesure qu'on prenait des entrées différentes.
Des employés m'indiquèrent le chemin à la loge royale et je crus être la première arrivée... Jusqu'à ce que je voie quatre personnes qui étaient postées devant les deux grandes portes rouges.
Andrea, Amando, Dante et Ottavia.
J'allais partager la loge avec les Verratti pendant deux heures. Une loge gardée comme un coffre-fort. Tout de suite, je ne sentis plus que c'était une opportunité d'être avec eux. Non.
Je sentis que c'était un piège.
Les quatre mafieux me dévisagèrent tous d'une différente manière.
Andrea, comme d'habitude, avec suspicion. Amando en fronçant les sourcils, se demandant probablement ce que je fichai là, et Dante avec un air de supériorité et un petit sourire mauvais provocateur, et j'hésitai à mettre une main sur ma tête pour me protéger de ses attaques décoiffantes. Seule Ottavia me fixait avec indifférence, mais je savais que ma présence la rendait perplexe.
— Ottavia, interpella Amando.
À chaque fois que je l'entendais parler, je me demandais combien de cigarette, il avait fumé par jour pour que sa voix devienne aussi graveleuse et rocailleuse.
— Une de tes filles semble s'être égarée.
Derrière les portes, on commençait déjà à entendre l'orchestre jouer une mélodie de Casse-Noisette.
— Laisse-la entrer, soupira Andrea. Elle est avec Luca.
Amando me dévisagea de nouveau – et je luttai pour ne pas fixer son cache-œil gauche – comme s'il redécouvrait mon existence. Ou une nouvelle menace. Capo de la torture et des exécutions. Avait-il été impliqué dans la mort de la pauvre prostituée qui m'avait précédée dans cette foutue famille ? Sans aucun doute.
— Vas-y, m'ordonna Dante. Bienvenue en Enfer. Pour deux putain d'heures à regarder des gens en tutus. Je préfère rester dans le couloir à monter la garde.
— Pauvre ignorant ! s'exclama Andrea, choqué, comme si on venait de le trahir. Non, en fait, tant mieux ! Je profiterai du spectacle sans ton humeur de chien.
— Je vais voir où est la Famille, déclara Ottavia et elle s'arrêta à côté de moi pour me chuchoter : vous avez eu une année mouvementée, Nera, essayez de profiter un peu.
Elle serra ensuite mon épaule et continua son chemin.
— Les sièges du premier rang sont réservés aux Verratti. Mets-toi derrière eux, m'ordonna-t-on quand Dante ouvrit la porte et que je m'y engouffrai.
Je fus saluée par un serveur qui me proposa du champagne et je refusai. Ce soir, je ne pouvais pas me permettre de boire.
Il y avait huit sièges en velours rouge capitonnés dans la loge royale. Quatre places devant, quatre places derrière. En m'approchant du balcon, je fus impressionnée par la vue. Nous étions parfaitement centrés à la scène et si les occupants le voulaient, ils pouvaient tirer les épais rideaux rouges pour se cacher des autres.
Parfait pour avoir une conversation privée, tuer ou assouvir des besoins que je tairais.
Je regardai la scène.
Avec l'orchestre qui jouait de la musique, des flocons artificiels tombaient sur le plancher tandis qu'une danseuse tournoyait gracieusement, comme pour nous donner un avant-goût dans l'attente.
— Que c'est charmant ! Il faudra qu'on remercie Luca !
Je me tournai vers la voix et je fus surprise de découvrir Donna et Ophelia. Elles acceptèrent les coupes de champagne du serveur. Je leur fis un signe de tête pour les saluer et pris place sur le premier siège du deuxième rang, à gauche.
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LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]
Historical FictionLa ville portuaire de Fiore est souillée, sous l'emprise de la pègre : jeux d'argent, prostitution, combats clandestins, les activités illégales pullulent depuis plus de vingt ans. Au milieu de tout ça, Nera, une jeune habitante de 23 ans voit sa vi...