Chapitre 43 : Le Phare

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Volpe

— Vous devriez faire une pause et vous reposer. Cela fait deux fois en un mois que vous vous plaignez de fatigue. Avec votre condition, cela n'est pas négligeable.

— Docteur, vous connaissez ma profession. Je n'ai pas le temps pour ça, soupira Volpe en boutonnant sa chemise.

— Eh bien il va falloir que vous en fassiez ! gronda le vieil homme. Vous êtes pâle comme un linge. Arrivez-vous à dormir la nuit ?

Le policier tiqua et descendit de la table d'examen. Il remit ses chaussures puis sa veste.

— Je prends votre silence pour un oui. Je peux vous prescrire des calmants pour vous aider à dormir mais vous devez vous...

— Pas besoin de somnifères, doc. Je vais bien.

Son médecin râla et soupira avant de gribouiller sur une ordonnance des médicaments.

— Envisagez de prendre du sirop pour la toux si elle se manifeste...

— Vos sirops qui contiennent plus d'alcool et de drogues réunis qu'autre chose ? Nan merci, Doc. Je vais m'en passer. Vous savez le nombre de décès qu'on a eu à cause de ça ?

Volpe s'empara de la feuille, la fourra dans sa poche et prit rapidement congé avant que l'homme lui fasse plus de discours sur sa santé.

Mais il n'avait pas le temps de faire une pause.

Il y avait beaucoup trop d'enjeux pour qu'il reste alité juste pour récupérer ses forces. Et c'était son corps. Il savait que même s'il était fatigué, il avait assez d'énergie pour continuer.

Il passa devant la salle d'attente où une dizaine de personnes attendaient, tous plus ou moins visiblement dans un sale état et il prit le couloir de gauche.

Il ne comptait pas quitter l'hôpital Santa Maria tout de suite.

Tant qu'il était là, il lui restait une dernière chose à faire : interroger les étudiants en médecine pour en savoir plus sur le profil de Raffaele Speranza.

Depuis qu'il avait interrogé le gardien de sa résidence, il n'avait pas eu le temps de continuer son enquête. Les disparitions des Fleurs du Chinatown avaient pris le dessus et après leur passage au laboratoire d'opium, une réunion d'urgence s'était tenue avec le Commandant pour confirmer un fait inquiétant : la drogue était de retour.

Et on ne parlait pas de drogue qu'on trouvait chez l'apothicaire comme la morphine et parfois l'héroïne, vendue à petite dose pour les fièvres, les douleurs thoraciques ou même le rhume. On parlait de drogue en très grosse quantité, modifiée synthétiquement, reproduite, consommée et vendue, tuant des personnes.

Ironiquement, alors qu'il souhaitait faire tomber les Verratti, eux aussi luttaient contre ce fléau... Puisque s'ils ne le faisaient pas, ils perdraient leur face. Qui oserait faire du business sous leur nez ?

Le Gang des Dragons.

Invisible et intouchable.

On savait qu'ils étaient présents.

On savait qu'ils se planquaient au Chinatown.

Mais ils étaient intraçables avec leurs réseaux de commerces étrangers, comme leurs clubs, leurs restaurants, leurs maisons de massage qui cachaient très probablement des repères de fumeurs d'opium.

Volpe prit l'aile rattachée à l'université de médecine. Arrivé au secrétariat, il montra son badge de policier à la femme de la cinquantaine qui siégeait derrière sa machine à écrire.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant