Chapitre 22 : Preuve

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Volpe

— Vous faites une sale mine, monsieur le policier, le nargua Longato.

Volpe le regarda en mâchouillant presque férocement son cure-dent. Le tenancier avait un bandage sur la tête et malgré son teint pâle, il abordait un sourire hautain.

Il avait passé la nuit dans la salle d'interrogatoire avec lui et toute l'adrénaline dans son sang venait de la caféine qui l'avait maintenu éveillé.

Ce qu'il attendait n'était pas des aveux, mais le retour de ses collègues de la Garde qui devaient revenir avec des preuves qui l'inculperaient.

— De toute façon, les Verratti vont me libérer... Vous verrez... Ha ! Ils auront puni cette pute !

Il le savait.

Depuis qu'il était arrivé dans la police, à chaque fois qu'il avait réussi à mettre la grappe sur un complice des Verratti, un contact, un malfrat, quiconque relié de près ou de loin à eux, ils s'en étaient sortis.

Soit les preuves étaient détruites.

Soit la personne se faisait tuer quand elle en savait trop et que les Verratti ne pouvaient pas agir immédiatement. Et souvent, ils utilisaient des policiers corrompus qui viendraient donner un verre d'eau empoisonné au coupable.

Les policiers préféraient se faire amadouer par l'appât du gain, plutôt que de rester intègres.

Volpe était alors parfaitement conscient que ce n'était qu'une question de temps que ce patron sorte libre. Mais une autre raison faisait crisper silencieusement ses doigts, prêt à étriper quelqu'un.

Cet homme avait mis en péril l'opération Fleur.

Cet homme avait détruit six mois de travail avec Nera.

Et cette pensée lui procurait une rage brûlante qu'il essayait de dissimuler derrière sa nonchalance.

On toqua à la porte et il reconnut son collègue, entrer dans la salle d'interrogatoire. Si Volpe était en charge des Fleurs, son partenaire, lui, s'occupait des informateurs plantés dans la ville.

Son nom de code était Gufo.

« Hibou ».

Avec une mine sérieuse, il s'approcha et se pencha pour lui informer à l'oreille :

— Toutes les prostituées... Ont retourné leur veste. On n'a plus aucune preuve contre lui, Rossi.

Volpe lutta pour ne pas faire paraître sa surprise.

Cette fois, les Verratti avaient soudoyé un bordel entier.

Maintenant, c'était fini. L'histoire s'achevait là. Pas de témoin, pas de preuves, c'était comme ça que les malfrats étaient intouchables.

— Qu'est-ce qui vous arrive ? Passez au bordel un de ces quatre, je suis sûr que je pourrais trouver une catin à votre convenance pour soulager ce qu'il y a dans le panta...

Il ne finit pas sa phrase.

Volpe s'était penché en avant pour attraper son crâne et le cogner contre la table.

Le tenancier lâcha un hurlement de douleur.

— QU'EST-CE QUE... VOUS CROYEZ QUE VOUS FAITES ?! LEVER LA MAIN SUR MOI ! Ça va pas se passer comme ça ! Vous allez voir, dès que je leur dirai ce que vous venez de fai...

— Quoi ? Moi ? J'ai fait quelque chose ? Bizarre, je m'en rappelle pas... Et toi ?

Gufo grinça des dents. Et avant qu'il put finalement dire quoi que ce soit, Volpe attrapa son gobelet de café vide et lui tendit.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant