Après ma première semaine passée aux côtés d'Andrea, Dante et Ottavia, Luca me convoqua en début d'une après-midi.
La chevelure soignée et ondulée, vêtue bien plus proprement que lors de notre dernière rencontre, avec une chemise blanche boutonnée jusqu'au col, resserrée par une cravate, et une jupe noire taille haute qui descendit à quelques centimètres en dessous du genou, je m'y rendis, légèrement nerveuse.
Quand j'arrivai devant le salon qu'il m'avait indiqué, il était en train de mettre fin à une réunion avec des hommes d'affaires et je me fis discrète quand ces derniers passèrent devant moi dans le couloir. J'entendis ensuite mon nom et je me pressai d'entrer avant de me raidir quand j'aperçus Dante assis sur un sofa, les jambes écartées, nonchalant.
J'allais le saluer, mais il regarda ailleurs, ennuyé.
Insupportable !
— Prenez place Nera.
Luca avait délaissé son costume pour une chemise et un veston et ses manches étaient retroussées jusqu'à ses coudes. Il avait une pile de dossiers sur la table basse qu'il arrangea rapidement quand je m'assis à contre-cœur à côté du Capo pour lui faire face.
Je me tins droite, les mains sur les genoux, les jambes pliées sur le côté opposé de mon voisin.
Quand Luca eut fini, il porta son attention sur moi.
— Comment allez-vous, signorina ?
Je détestais toujours cette question. C'était jamais bon signe quand on me demandait ça. Parce qu'en général, on n'était pas convoqué dans le bureau du boss pour qu'il prenne de vos nouvelles. Jamais.
— Vous allez me renvoyer, c'est ça ?
Il rit à ma franchise.
— Et qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
Je pointai du menton le Capo pour lui sous-entendre que j'étais consciente que ça devait être lié avec sa mission.
— Ha, la fillette a au moins du bon sens. Bon débarras, ça économisera notre temps, déclara le concerné en claquant ses cuisses et en se levant. Boss, sauver les causes perdues, c'est...
— Rassis-toi Dante.
Je me crispai immédiatement en entendant son ton cassant.
Je levai la tête vers Dante qui fixait son supérieur droit dans les yeux.
Et je sentis déjà la tension insoutenable qui se formait dans l'atmosphère. Un homme dominant, fort, impitoyable et qui devait obéir à la chaîne de commandement, ne faisait pas bon ménage. Parce que même s'il avait beau être Capo, il avait les pieds et les poings liés.
Même le roi des chiens, restait un chien face à son maître.
Dante obéit à contre-cœur en tiquant et quand Luca me regarda de nouveau, je redressai inconsciemment ma posture, appréhendant ce qu'il pouvait me dire.
— On vous a accosté et vous n'avez rien fait. Pourquoi ?
Je baissai des yeux.
La raison avait été simple. Je n'avais pas voulu provoquer du grabuge. Je n'avais pas voulu qu'on me renvoie pour ça. Je n'avais pas voulu qu'Ottavia me sermonne une nouvelle fois que cela serait ses filles qui payeraient les pots cassés.
Mais c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas comprendre.
J'entendis Dante soupirer à côté de moi et taper du pied, impatient.
— Expliquez-moi, ordonna-t-il. Je ne peux pas vous aider si vous ne parlez pas.
— Très bien, admis-je en évitant toujours de le regarder. Je craignais que les conséquences retombent sur moi encore une f...
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LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]
Historical FictionLa ville portuaire de Fiore est souillée, sous l'emprise de la pègre : jeux d'argent, prostitution, combats clandestins, les activités illégales pullulent depuis plus de vingt ans. Au milieu de tout ça, Nera, une jeune habitante de 23 ans voit sa vi...