Ma gaieté disparut brusquement.
Allais-je le perdre comme ces hommes qui quittaient mon lit chaque soir, pour se réchauffer dans les bras d'une autre femme ?
Et pourquoi diantre, avais-je l'impression qu'on écrasait mon cœur à main nue ?
— Que dites-vous ?
Je n'ai pas été à la hauteur de son affection ? C'est pour ça qu'il me dit ça ? J'ai fait quelque chose de mal ?
Il aborda un sourire peiné à la tête abasourdie que je devais afficher. Sa main caressa du revers des doigts ma joue mais ce n'était pas suffisant.
Je voulais une réponse.
— Dans mon milieu, on ne se marie pas par amour mais par politique. On ne s'attache pas non plus. Parce que si jamais on venait à le faire, la personne serait prise pour cible par nos ennemis.
— Et alors ? répondis-je un peu trop abruptement. Je sais me défendre, vous m'avez confié à Dante pour cette raison. Ne vous inquiétez pas pour moi.
— Bien sûr que je m'inquiète ! Si jamais il vous arrivait quelque chose, j'aurais votre sang sur mes mains Nera. Ton sang sur mes mains, répéta-t-il, les yeux grands ouverts. Je ne suis pas l'homme que tu crois. Je ne suis pas fort comme mon...
— Tant mieux ! l'interrompis-je, en m'emparant de sa main sur mon visage et en la plaquant contre mon cœur qui battait à vive allure. Tant mieux... Tant mieux ! Il n'y a pas de mal à ça ! Ça me va parfaitement !
Et je le préférai faible.
Pour me rassurer.
Qu'il n'avait rien à voir avec sa famille.
J'étais dans le déni. Je me disais que s'il n'était pas aussi fort et cruel, sans cœur et monstrueux comme son père, je pouvais le dissocier des Verratti.
Et dans cette bassesse d'esprit, j'étais finalement plus faible que lui.
Faible d'avoir succombé à mes émotions.
Faible d'hésiter.
Mais n'était-ce pas ça... Qui nous rendait humain ?
Les convictions qu'on avait. Les décisions qu'on prenait. Les remises en question. Et nos faiblesses qui nous faisaient fléchir, les genoux au sol.
Je portai sa main à mes lèvres et j'embrassai la jointure de ses doigts. Je remontai ensuite à son poignet et je l'entendis soupirer doucement, détendu, soulagé.
C'était tout ce que je savais faire.
Occuper son esprit.
— C'est moi qui devrais vous faire...
Sa voix s'étouffa dans un juron quand je levai les yeux vers lui en embrassant très, très, lentement le revers de son poignet.
J'avais au moins réussi à lui changer les idées.
Mais s'il déroba sa main de mon toucher, je sentis mon corps entier s'embraser, assoiffé, et l'eau ou l'alcool n'y ferait rien d'avance.
Ça s'était retourné contre moi.
Nous avions passé des heures à nous toucher. Que ce soit par simple innocence ou taquinerie, nos mains avaient frôlé l'autre. Parfois caresser l'autre. Parfois agripper l'autre. Nous avions passé des heures ensemble, nos deux corps collés à l'autre dans la voiture ou sur la piste et il n'y avait pas moyen qu'il ne ressentît pas ce que je ressentais, alors que je pensais être immunisée contre ce sentiment au bordel.
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LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]
Ficção HistóricaLa ville portuaire de Fiore est souillée, sous l'emprise de la pègre : jeux d'argent, prostitution, combats clandestins, les activités illégales pullulent depuis plus de vingt ans. Au milieu de tout ça, Nera, une jeune habitante de 23 ans voit sa vi...