Chapitre 24 : Menace

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— Tu l'as réembauchée ? s'exclama Andrea, les yeux grands ouverts.

— Pour intégrer mon escouade ? gronda Ottavia, le visage fermé. Après ce qu'il s'est passé ?

— Bravo, vos oreilles fonctionnent très bien, leur répondit Luca avec un sourire taquin.

Il était assis à son bureau, détendu contre le dossier de son fauteuil et les deux le fixaient comme s'il avait perdu l'esprit.

Mais il était très lucide.

Lucetta ne pouvait plus vivre recluse. Elle devait sortir. Elle devait faire ce que les enfants de son âge faisaient, et ça ne tenait qu'à lui de rendre cela possible.

Toutefois, l'idée de la laisser sans sécurité était impensable.

Il savait qu'en tant que Verratti, il était constamment épié par des ennemis de la Famille. Et une fois que Lucetta pourrait aller en ville, cela ne serait qu'une question de temps pour qu'on la cible.

Pour toucher le Parrain, on n'hésiterait pas à l'enlever et à l'utiliser pour des rançons. Rien que cette pensée lui était effroyable, car c'était ce qu'il s'était passé pour Lucia.

De ses vingt-huit années d'existence, sa disparition demeurait encore l'un des pires jours de sa vie. Il se rappelait encore comment son père avait sollicité tous les Capos de l'époque pour fouiller de fond en comble Fiore.

Puis quand les coupables avaient été trouvés, il avait été témoin de la fusillade qui avait suivi. Témoin des hommes transpercés par des rafales de balles comme de la simple viande à abattre. Pendant une année entière, il en avait fait des cauchemars.

Ça n'avait fait que renforcer l'animosité que son père avait pour lui.

Des trois de la fratrie, il avait toujours été le plus sensible.

Le plus faible.

Deux décennies s'étaient peut-être écoulées depuis, mais il y avait des choses qui ne s'oubliaient pas. Des souvenirs qui, même s'ils ne pouvaient plus passer par la porte d'entrée, rentreraient par effraction dans les cauchemars les plus sombres.

— Mais pourquoi Nera ? insista Ottavia. Lui faites-vous assez confiance pour la laisser avec votre nièce ?

Il vit Andrea froncer les sourcils, en proie aux doutes aussi.

— Je ne fais confiance à personne, répondit-il abruptement. Et quiconque qui la négligera le payera de sa vie, j'en fais le serment.

Il s'interrompit un petit instant pour laisser ses paroles les imprégner.

Il n'était pas aussi impressionnant que son père. Il n'avait pas la force brute de son frère.

Mais il était un homme d'honneur.

Et ses Capos savaient pertinemment qu'il ne faisait pas de promesses à la légère.

— Ottavia, vous avez deux mois pour préparer vos protégées. En tant qu'ancienne garde de ma mère, vous êtes la personne parfaite pour ce rôle. Quant à Nera... Elle a du potentiel. Elle a vu un danger que personne d'autre n'avait remarqué à l'usine et elle a agi en conséquence. Elle n'a pas hésité une seconde. Et c'est cette seconde qui m'a sauvé. C'est tout ce que je demande à un garde du corps. Ne vous inquiétez pas, ajouta-t-il en observant leurs visages soucieux. Elle devra faire ses preuves auprès de vous et de Dante. Impliquez-la dans vos brigades, observez-la, faites ce que vous voulez, je vous laisse carte blanche. Vous déciderez si oui ou non, elle a sa place ici.

— Tu sembles si sûr que cela fonctionnera, commenta Andrea. Alors que je pourrais très bien la briser par inadvertance...

Il n'en était pas si sûr, justement.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant