Chapitre 58 : Discorde

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Il ferma la porte derrière lui et avant que je puisse réagir, il s'avança à grands pas et il me serra dans ses bras. Mon menton se trouva sur son épaule et je sentis sa chaleur corporelle me réchauffer à travers mes vêtements légers.

— Vous m'avez manquée, glissa-t-il chaudement près de mon oreille et je sentis sa respiration dans mes cheveux.

Je fermai les yeux, en proie à la culpabilité.

Comment pouvait-il être si doux avec moi ? Comment pouvait-il être si chaud ? Si tendre ? Comment arrivait-il à mouvoir mon cœur aussi facilement, comme une feuille d'automne morte dans l'air, destinée à tomber, mais qui changeait sa trajectoire dès qu'un peu de brise soufflait ?

— Je dois admettre que vous avez habité mes pensées, continua-t-il en caressant lentement mon dos avec ses deux grandes mains protectrices.

Toutefois, quand il n'entendit pas ma réponse ni ne sentit mon étreinte en retour, il me lâcha et m'observa.

— Nera ? Tout va bien ?

Son ton était urgent et je vis ses yeux me dévisager le corps, comme pour savoir si je ne cachais pas une blessure physique.

Je devais utiliser cet homme pour m'approcher de son père.

Notre relation n'avait qu'un but pour moi : me permettre de me venger.

Mais en le regardant droit dans ses yeux bleus gris, brillants, pétillants de vie, de passion, pour moi, je sentis toute ma motivation s'évaporer.

— Je ne suis pas certaine que cela soit une bonne idée que nous nous voyons.

Je n'avais pas réfléchi. J'aurais dû lui parler de Clemente mais mon cœur en avait décidé autrement à la seconde où il m'avait prise dans ses bras, parce que sa chaleur l'avait emporté sur la fureur que Volpe éprouverait à mon égard si je rompais avec Luca.

Et je ne voulais plus être cruelle. Je ne voulais plus l'utiliser. Je ne voulais plus le manipuler. Je savais bien que je ne pourrais jamais cesser de mentir, je n'étais pas aussi folle pour abandonner ma vengeance et ma couverture, mais je ne voulais plus me jouer de Luca.

Il n'y avait pas si longtemps encore, il avait été un moyen précieux d'obtenir des informations sur lui et sa famille, mais il fallait croire qu'il me restait un brin d'humanité pour décider de l'épargner.

Et cette humanité, c'était lui-même qui l'avait fait revivre, à coup de mots et de touchers délicats, qui avait réchauffé chaque morceau de mon cœur brisé. Il avait dissipé mes craintes comme le soleil du matin qui chassait la brume.

Je trouverai un autre moyen d'atteindre son père.

Ma gorge se serra à son regard interdit.

Un silence lourd et pesant s'installa entre nous.

— Ai-je fait quelque chose qui vous a contrarié ?

Je déglutis et je regardai ailleurs, incapable d'affronter l'expression d'incompréhension qu'il avait sur son visage.

— Vous n'avez rien fait de mal. Vous avez été généreux avec moi, mais je crains de vous dire que vous et moi... Ce n'est pas... Ce n'est pas une bonne idée. Je pense qu'il vaut mieux...

Je peinai à trouver mes mots.

Si j'arrivai à m'éloigner de lui, je limiterai les dégâts. Sa peine ne durera que quelque temps mais il s'en remettrait. Il était beau. Il était riche. Il était puissant. Il trouverait une autre femme très facilement – et cette pensée me tordit le cœur.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant