Chapitre 23 : Mérite

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Une demi-heure plus tard, j'avais rejoint Luca dehors, devant le bordel, vêtue d'une vieille robe brune, dotée d'un large décolleté, empruntée à une des filles plus âgées que moi.

J'avais pris un petit sac à bandoulière où j'avais fourré le poignard que l'organisation m'avait donné en mission et qu'ils n'avaient pas récupéré. Je l'avais pris par précaution. Quand la mafia venait vous chercher, c'était soit pour vous tuer, soit pour obtenir quelque chose.

Avant de vous tuer.

C'était certain qu'il n'avait pas fait le déplacement pour rien.

Pas pour une femme qui avait frappé un associé de la Famille.

Je remarquai que ses hommes s'étaient dispersés dans la rue, se mêlant aux passants ou attendant dans des recoins. Tant mieux. Ça me donnait au moins une chance de le planter et de fuir si jamais les choses tournaient mal.

Luca Verratti se tourna vers moi et je me sentis tout à coup vulnérable face à cet homme bien habillé, qui faisait une tête de plus que moi et qui pouvait dissimuler deux revolvers dans sa veste.

— Allons-y.

— Si vous voulez me punir, faites-le ici. On est très bien ici.

Nous étions dans une rue qui avait la particularité d'être très animée la nuit, et c'était précisément pour cette raison qu'elle avait inspiré James pour son roman. Il y avait des bars, des bordels, des restaurants qui ne payaient pas de mine par leur devanture sobre et plus loin, il y avait un casino caché entre deux fausses maisonnettes.

Des cris et des rires émanaient des bordels, des conversations des bars et des terrasses et les passants alcooliques chantaient faux dans la rue.

Tout ce tapage me rassurait.

— Punir ? répéta-t-il.

Il fronça dangereusement les sourcils et son expression s'assombrit.

— Qui a parlé de punition ?

Je mordis ma lèvre. Mon but n'était pas de tirer sur la mauvaise corde non plus avant de savoir ce qu'il voulait.

— Si c'est pas au sujet du tenancier... Qu'est-ce que vous me voulez ? demandai-je, perturbée.

Il me fit un signe de tête avant de se mettre à marcher et n'ayant pas le choix que de le suivre pour en savoir plus, je le rattrapai.

Il demeura silencieux tandis qu'on arpentait le pavé et qu'on passa devant plusieurs tavernes et des prostituées de rue qui le sifflaient.

Nous n'étions pas sur le territoire des Verratti et d'après Volpe, cet homme était revenu à Fiore il y a quelques mois, après des années passées à l'étranger.

Les gens ne savaient pas qu'il était le fils du Parrain qui avait la main mise sur cette ville, et que s'il le voulait, il pourrait posséder toute la rue. Toutes ces boutiques. Et toutes ces femmes.

Toutefois, on devait pressentir qu'il était quelqu'un d'important par son costume bien taillé sur ses larges épaules. Mais au lieu de s'offusquer de l'attention que les poules lui portaient en l'appelant par tous les noms affectueux pour l'attirer, il leur sourit avant de les dépasser.

Puis, quand on bifurqua et que je reconnus le chemin qu'on empruntait, je sentis des sueurs froides perler dans ma nuque.

On marchait vers un parc.

Et aller au parc, la nuit, avec des mafieux, c'était le pire plan possible.

On franchit le portail ouvert et il m'emmena plus loin, en hauteur.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant