Chapitre 80 : Piège

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James

Cela faisait dix ans qu'il s'était installé à Fiore.

Issu de la troisième génération des Hamilton, ses grands-parents avaient fui la Grande famine de l'Irlande pour se réfugier dans le Nouveau Monde. De génération en génération, ils avaient réussi à s'amasser une fortune en créant une entreprise familiale de taverne irlandaise, mais James avait aspiré à bien plus que gérer les affaires.

Il avait alors traversé l'Europe et en arrivant en Italie, il avait été conquis par le charme de Fiore, ses chemins fleuris et ses rues ensoleillées, rappelant parfois le sud, avec la fraîcheur du nord.

C'était aussi une ville où on ne s'ennuyait jamais.

Peu à peu, il s'était mis à l'écriture, mais pour arrondir ses fins de mois, il avait commencé à s'impliquer dans les affaires de la ville. En effet, il n'aurait jamais cru que les informations qu'il recueillait en observant et en écoutant les passants, s'avéreraient utiles. Alors quand il se mit à aider des mafieux à trouver des gens grâce à ce qu'il avait entendu la veille, il fut le premier surpris quand on lui fila quelques pièces pour chaque mot qu'il débitait.

Au fil du temps, les pièces se transformèrent en billets quand il comprit comment en tirer profit.

Et dix ans plus tard, il était devenu riche par ses propres moyens.

Mais en dix ans, il y avait eu une seule information qui avait toujours été unanime.

Lucio Verratti serait le prochain Parrain de Fiore.

Assis sur une banquette, James balaya l'intérieur du faux restaurant où il avait été emmené.

Contrairement à la devanture extérieure qui trompait les passants, l'intérieur n'avait pas de menu, pas de rafraîchissement et aucun serveur. Il y avait des tables où quelques mafieux étaient assis et murmuraient entre eux, dans un silence lourd, pesant et anxiogène. Il y avait aussi un bar où un autre mafieux nettoyait des armes à feu au lieu des verres, avec un torchon.

Tout le monde était à cran parce qu'après l'explosion, la nouvelle de la mort de Don Vito s'était déjà répandue comme une traînée de poudre.

Et la nouvelle personne qui allait prendre les rênes, allait être Luca Verratti.

— Hamilton, l'interpella le mafieux qui l'avait amené, en claquant du doigt pour attirer son attention. Reconcentre-toi le bougre. Tu dis que tu as vu quoi ?

Forcément, on allait l'interroger, lui qui avait donné l'alerte.

Après trente ans de règne sur Fiore, Vito Verratti avait péri et les rumeurs allaient déjà de bon train. C'était forcément un gang ennemi qui avait fait ça. Le Gang des Dragons, beaucoup disaient. Mais il n'en était pas si sûr.

En fait, il était quasiment certain que ce n'étaient pas eux.

Parce que c'était Nera qui, à l'entracte, était venue le voir, essoufflée, et s'était jetée sur lui, ne lui donnant pas le temps de réagir.

— Vous aviez dit que je vous étais redevable, pas vrai ? Pour m'avoir aidée. Je vais payer ma dette. Je vais vous donner une information que vous pouvez dire aux Verratti... Mais vous ne devez absolument pas leur dire que ça vient de moi, compris ?!

— M'enfin, Nera, que se pa...

— Je n'ai pas le temps, James ! Je... N'ai... Pas... Le temps...! avait-elle paniqué, sa voix aiguë dans l'oreille pour que lui seul entende. Alors écoutez-moi bien !

Il avait cédé et s'était tu.

Et elle lui avait annoncé que les serveurs près du buffet organisaient un complot contre la Famille et que le lieu allait exploser une fois l'entracte terminé.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant