Chapitre 30 : La boutique

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Ce chapitre a été collé sur une ancienne publication, un des bonus de Dante (supprimé dans cette nouvelle version) : ignorez les commentaires :)


— Dis, Raf, t'as déjà été amoureux ? avais-je demandé, un jour.

Raf, qui avait été en train de nous découper des pommes en quart pour faire une tarte, s'était arrêté.

— T'as atteint quel âge ? Quatorze ? Quinze ? T'es arrivée à cet âge-là ?

— Allez, répond ! Je veux savoir. T'as déjà eu... Les papillons dans le ventre ? Comme dans les livres ?

Il s'était moqué de moi avant de reprendre sa tâche.

— Très bien ! m'étais-je agacée qu'il ne me prenne pas au sérieux. Qu'est-ce que tu feras si je tombe amoureuse alors ?

Cette fois, il s'était retourné et m'avait pointé du couteau, de l'horreur dans les yeux.

— Écoute-moi bien, fripouille. Je te laisserai pas fréquenter les garçons de cette ville avant tes dix-huit ans. Non, tes trente ans !

Ça avait été à mon tour de glousser.

— Tu abuses, faudra bien que je me marie un jouuur...

— Enlève ce mot de ta bouche ! Il y a aucun homme qui te mérite, avait-il déclaré, véhément, avant de rajouter plus légèrement : ou alors tu en ferais qu'une bouchée avec ton caractè...

— Quel caractère ?! Hein ? Quel caractère ? Il est très bien mon caractère ! Je peux être adorable quand je veux !

Il avait esquissé un sourire pour me dire « celui-là », comme si j'avais été la réponse à ma propre question.

— Et si... Non, écoute-moi ! Si je trouve quelqu'un de bien, quelqu'un que j'aime vraiment... Me laisseras-tu le fréquenter ?

— Ça reste à voir. Cela dépendra de comment il te traitera, Princesse. Mais s'il te fait pleurer...

Il n'avait pas achevé sa phrase.

Il avait serré sa mâchoire, révolté rien qu'à l'idée que quelqu'un puisse me blesser et ça avait réchauffé mon cœur.

Raf avait changé après la mort de papa.

Il était devenu bien plus protecteur, bien plus mature aussi. Il avait assumé son rôle de chef de famille ainsi que mon éducation malgré le mauvais œil de nos voisins.

Et il aurait eu le cœur brisé en apprenant ce que je faisais avec ma vie, avec mon corps, avec mon cœur. Prête à tout vendre pour la vérité. Il m'aurait même engueulé, me disant que tout ça, c'était une excuse.

Que ce n'était pas pour lui que je le faisais.

C'était pour moi.

Et cela aurait été probablement vrai.

La vengeance n'apaisait pas la colère des morts.

Seulement celle des vivants.

Nous étions en plein mois d'août et il n'avait jamais fait aussi chaud que maintenant.

La chaleur s'était même fait ressentir dans le manoir où les mafieux avaient abandonné leurs chemises pour des simples débardeurs et on nous avait permis de porter des robes d'été lasses à la place de nos tailleurs.

La routine s'installa bien vite. J'avais continué mes sessions de boxe avec Dante qui n'avait jamais eu une seule fois pitié pour ma personne et seul le Dr. Diop avait réussi à lui faire m'octroyer plus de pause, après avoir reçu un vilain coquard à l'œil qui m'avait valu l'attention partout où j'allais.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant