La première fois que Volpe m'avait parlé du Manoir des Verratti, j'avais imaginé un manoir sombre, gothique, au toit noir et des briques foncées. J'avais imaginé un endroit lugubre, au nord de Fiore, à l'écart de la population.
Un endroit isolé, où personne ne les dérangerait. Mais aussi un endroit qui paradoxalement, grouillerait de mafieux qui surveillaient les alentours.
J'avais imaginé un lieu à l'égal de leur corruption, leur malfaisance et leur cruauté.
Mais en aucun cas, j'avais imaginé ce qui se dressait devant moi et ma lèvre se souleva de dégoût pendant une fraction de seconde.
Écœurée par l'injustice.
Les Verratti habitaient à l'extrémité de leur territoire, à une quinzaine de minutes du centre-ville en voiture. Une fois qu'on s'éloignait des rues citadines, une route montante, entourée d'arbre menait à la résidence de la Famille.
Ainsi, ils habitaient dans un endroit intime, éloigné des bruits de la ville, et en même temps, ils pouvaient accéder facilement au cœur de Fiore pour leurs affaires.
Une localisation parfaite pour une tanière de mafieux.
Et leur manoir était encore plus grand et plus luxueux que ce que j'avais imaginé, illustrant leur richesse. La façade beige était imposante avec son fronton triangulaire et ses murs épais. De nombreuses fenêtres habillaient les trois étages. Des colonnes doriques soutenaient le toit de l'entrée principale et il y avait un double escalier qui menait à la porte d'entrée.
La structure surplombait la cour où des voitures avaient été minutieusement garées devant le portail, sans doute pour ne pas tâcher le décor idyllique de la propriété.
Comme par exemple, la fontaine en marbre avec la statue d'une femme de la Grèce antique qui faisait couler l'eau avec ses cruches au milieu de la cour. Ou les jardins luxueux sur les côtés. La pelouse qui avait été fraîchement taillée, verdoyait sous le soleil de midi. Et les parterres de fleurs colorées dansaient sous la légère brise du printemps. Et j'en avais la rage. L'endroit était splendide.
Absolument splendide.
Et je voulais tout détruire.
Ottavia Mancini nous attendait sous le porche et Zeta et moi, on abandonna le mafieux qui nous avait conduites jusqu'ici pour la rejoindre.
— Bienvenue au Manoir, nous accueillit-elle, quand on arriva en haut.
Et ce fut à cet instant, que je réalisai que je l'avais fait.
Je sentis une pointe de fierté envahir mon cœur qui avait été si meurtri, si blessé, piétiné dans la neige, la boue et le sang. Je ne savais pas ce qui m'attendait à l'intérieur, mais je savais une chose.
Je n'abandonnerai pas avant de leur faire payer ce qu'ils nous avaient fait.
Quand on entra à l'intérieur, Ottavia ne s'attarda pas dans le hall d'entrée. Elle ne nous fit pas la visite non plus. Nous étions des travailleuses de nuit, embauchées par la Famille. Pas des invités. Mais ça ne m'empêcha pas de regarder partout où on allait, quand elle nous fit emprunter d'autres escaliers et d'autres couloirs.
— Quand vous serez ici, vous résiderez à l'aile Est. C'est là que se trouve mes quartiers. Il est inutile de vous préciser que le reste du manoir vous est inaccessible.
Tout comme l'extérieur, l'intérieur respirait l'opulence.
Quand on passait devant des salles aux portes entrouvertes, je pouvais voir des tapis persans couvrir presque toutes les pièces. Des lustres scintillants décoraient les couloirs. Et les meubles d'époque étaient lustrés par des femmes de ménage.
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LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]
Historical FictionLa ville portuaire de Fiore est souillée, sous l'emprise de la pègre : jeux d'argent, prostitution, combats clandestins, les activités illégales pullulent depuis plus de vingt ans. Au milieu de tout ça, Nera, une jeune habitante de 23 ans voit sa vi...