Les Verratti dominaient la ville. De ce fait, ils ne manquaient pas d'ennemis qui jalousaient leur fortune ou alors, comme moi, qui voulaient se venger. Et il avait été bête de penser qu'ils ne le savaient pas.
Des espions, hommes ou femmes, allaient forcément essayer de les approcher et la réponse à ces menaces avait été la Brigade d'Andrea. Une faction, discrète, que personne n'entendait parler, ni ne savait ce qu'elle faisait. Une faction qu'on pouvait seulement supposer leur but.
Tout comme le Capo Gregorio qui avait des indics dans Fiore pour garder un œil sur ce qui se passait à l'extérieur, Andrea, lui, s'occupait de l'intérieur.
Et le fait qu'il s'était complètement dévoilé à moi n'était pas une marque de confiance.
Bien au contraire.
C'était une stratégie directe d'intimidation.
« Je te regarde ».
Après notre déjeuner, je fus convoquée dans le bureau de Dante.
Luca Verratti avait parlé d'épreuves et j'étais consciente que ce qu'il me demandait, c'était de regagner sa confiance et celle des Capos pour prouver que malgré ce qu'il s'était passé, j'avais la tête sur les épaules.
Et cette fois, il n'y aurait pas de balle perdue pour gravir rapidement les échelons.
— Quoi ? Le chaton a perdu ses griffes ? se moqua ouvertement le Capo Dante quand il me présenta les missions.
Son bureau était plus petit que celui de Luca, proportionnel au titre qu'il occupait, et il avait des piles de classeurs et de dossiers en désordre sur sa table qu'il n'allait pas ranger d'aussitôt.
Dante était avachi sur son fauteuil, les jambes croisées sur sa table et il avait un dossier ouvert entre les mains. Derrière lui, il y avait une collection d'alcools forts, mais aussi plusieurs paires de gants de boxe entreposées sur une étagère.
— Non, non...! Excusez-moi signore. Pouvez-vous répéter ?
— Collecter notre fric aux paris de boxe ce soir. Sinon...
Il échangea son dossier contre un autre dans la pile.
— Intimider une cible pour protéger un de nos clients. Tous les moyens sont permis. Engrais, fil de fer, essence, matraque, dispositif pour les freins, à toi de voir. Les poings aussi ça marche très bien...
À la différence d'Andrea, j'avais l'impression que Dante voulait juste s'amuser avec moi. Il prenait même un plaisir malsain à me tester. Pour voir combien je pouvais supporter avant de fuir le manoir en courant.
— La collecte me va très bien ! Et l'argent ça me connaît, je suis une bonne compteuse.
Avec un petit ricanement, il jeta le dossier sur son bureau et croisa ses bras musclés contre son torse.
— Dommage. Moi qui pensais voir de quoi tu étais faite... Ou peut-être que je devrais te faire exercer sur un de nos prisonniers ?
Je demeurai droite, complètement silencieuse, le regard baissé. C'était le genre d'homme qui adorait la provocation et qui se chaufferait pour un rien. Pour avoir malheureusement expérimenté plusieurs sortes de clients, je savais qu'il fallait juste ne pas tomber le panneau.
Se taire était la solution.
Puis finalement, quand il n'eut aucune réaction de ma part, il soupira lourdement.
— C'est chiant. T'étais au moins amusante avant. Allez, dégage avant que je change d'avis, râla-t-il sèchement.
Je n'en demandais pas plus. Je me pressai de tourner les talons, mais il reprit la parole.
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LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]
Historical FictionLa ville portuaire de Fiore est souillée, sous l'emprise de la pègre : jeux d'argent, prostitution, combats clandestins, les activités illégales pullulent depuis plus de vingt ans. Au milieu de tout ça, Nera, une jeune habitante de 23 ans voit sa vi...