Les monstres ne se cachaient pas dans les placards, ni sous les lits. Ils ne se camouflaient pas dans l'obscurité non plus.
Et les monstres étaient bien plus communs que ce que l'on pouvait penser.
Il fallut combiner toutes mes forces pour me concentrer et ne pas laisser les émotions m'envahir devant eux.
— Nera ?
La voix de Luca me força à me ressaisir.
Un pas à la fois. Un pas, à la fois.
— O-oui ! Je réfléchissais... Et je ne crois pas avoir remarqué quoi que ce...
Je m'interrompis.
Le deuxième gangster ne m'avait-il pas hurlé quelque chose avant qu'il ne se fasse buter ? Ou c'était un cri de guerre ? Non, il y avait encore plus étrange.
— Un des types était très pâle, à bout de force. Ça m'a semblé bizarre sur le coup qu'il ne se défende pas... Mais à part ça, je n'ai rien vu de particulier.
— Il était drogué, me cracha Dante, blasé, en fumant. Ils étaient tous sous l'influence de substances.
Le Capo Armando me fixa quelques instants avant de hocher la tête. Et le diable savait que j'étais en train de planter mes ongles dans mes paumes pour ne pas craquer, juste le temps que je ressorte vivante de cette cage.
— Merci Nera. Ça sera tout. Ottavia, raccompagnez-la.
Elle se leva immédiatement et au moment où je reculai, un soldat derrière l'homme majordome-politicien – qui devait être le Capo de la Brigade Une si on faisait par élimination, attira mon regard.
Je réalisai subitement pourquoi les hommes qui avaient accompagné Luca plus tôt, avaient suscité mon attention avec leurs broches argentées au torse.
L'homme qui m'avait humiliée et piégée pour que je me fasse punir en avait une aussi.
Et il était là.
Concentrée sur les Capos, je ne l'avais pas remarqué.
Il me fixait avec un rictus amer, rempli de jalousie.
Ottavia marcha dans ma direction mais je ne bougeai pas. Je sentais de nouveau les regards sur moi, mais cette fois, ça ne me fit rien. Parce qu'une émotion plus forte, plus singulière, plus dure avait pris le dessus.
Le ressentiment.
Je bouillonnai de l'intérieur.
Je bouillonnai parce que les bourreaux de Raf étaient là et que je ne pouvais même pas lever un petit doigt contre eux.
Mais je pouvais le lever contre quelqu'un d'autre.
Je me retournai vers Luca.
— Boss, l'appelai-je d'une voix blanche, presque dépossédée, devant la surprise de certains face à mon impudence d'accaparer son attention alors qu'on était en pleine réunion. Vous m'aviez demandé le nom de l'homme qui m'avait induite en erreur, pas vrai ?
Le fils du Parrain leva la tête.
Je me plongeai dans la couleur profonde de ses yeux. Une couleur de la mer et des cieux en même temps.
Et ses yeux n'avaient jamais été aussi intenses qu'à l'instant, me fixant sans sourciller, sans broncher.
J'avais eu son attention absolue et dans d'autres circonstances, ça aurait pu m'intimider mais pas maintenant.
Parce que j'en avais marre de perdre et qu'il me fallait une victoire, à défaut de l'absence de justice.
Je levai mécaniquement la main et pointai l'homme du doigt de la dénonciation.
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LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]
Historical FictionLa ville portuaire de Fiore est souillée, sous l'emprise de la pègre : jeux d'argent, prostitution, combats clandestins, les activités illégales pullulent depuis plus de vingt ans. Au milieu de tout ça, Nera, une jeune habitante de 23 ans voit sa vi...