Chapitre 68 : Déchéance

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Dante me jeta des gants de boxe et je les rattrapai. Je les enfilai et on se fit face sur le tapis.

Il bougea le premier et tenta de me donner un coup direct au visage. J'esquivai rapidement et me mis sur le côté en tentant une contre-attaque. Mais quand il s'avança à nouveau dangereusement, je sentis des frissons me parcourir la nuque et je reculai immédiatement.

Il claqua de la langue, agacé.

— C'est tout ?! Après la dernière fois, c'est tout ce dont tu es capable ?! Je t'ai même donné un de mes couteaux ! Putain ! Ne me fais pas honte !

Je serrai mes poings encore plus fort dans mes gants et je maintins une position de défense. Je pris soin de rentrer mon menton et de recroqueviller mes épaules pour lui empêcher l'accès à ma poitrine.

— Si c'est ça ton niveau après tout ce temps, tu es juste... Une merde, continua-t-il. Bravo. C'est pas ta faute si tu progresses pas. Tu resteras une merde.

Il faisait exprès.

Il me provoquait.

Il voulait jouer avec mes nerfs.

C'était une de ses tactiques et il en jouissait quand il arrivait à énerver quelqu'un et qu'on se lançait sur lui. De toutes les séances d'entraînement qu'on avait eues ensemble, pas une seule fois il ne m'avait épargnée.

Et Dante était encore plus redoutable dans ce genre de situation, car quand on perdait toute présence d'esprit pour la rage aveuglante, lui gardait sa raison.

Mais contrairement aux autres fois, je ne le laisserai pas m'atteindre. En fait, rien de ce qu'il pourrait me dire ne pourrait m'affecter, volontairement ou non.

Depuis que j'avais quitté ma convalescence, j'avais eu l'impression d'avoir mon cerveau dans un brouillard sans fin. Et chaque matin, quand je me réveillais dans ce manoir, j'avais l'impression d'être plongée dans un seau d'eau glacée.

Un cauchemar vivant.

Mais grâce à Dante, je n'étais plus une loque incapable de quitter son lit.

— Et en plus tu me fais attendre ? TU CROIS QU'ON EST LÀ POUR JOUER CHATON ?! VIENS !

Je gardai le silence et je continuai de l'observer, concentrée.

C'était impossible.

Que cet homme n'ait aucun point faible.

Et dans un vrai combat, il utiliserait ses dagues. Et quand il sortait ses couteaux, le taux de survie chutait drastiquement. Autrement dit, mes chances de gagner devenaient quasiment nulles. Il pouvait jeter son couteau dans le dos de quelqu'un qui fuyait les yeux fermés.

Impatient, Dante abandonna sa position et se précipita vers moi.

Je gardai les yeux grands ouverts, ne quittant pas ses mains une seconde. Je regardai comment il bougeait, sautait sur le côté pour ne pas se mettre devant moi et avoir accès à des possibles ouvertures.

Je l'étudiais en me contentant d'esquiver et de bloquer ses coups ; quand il tentait de me frapper à la mâchoire, j'utilisais mon coude pour me protéger le visage. Quand il essayait mes côtes, je me cramponnais. Quand il voulait frapper ma cuisse, je reculais.

Pendant trente longues secondes qui me parurent interminable, on ne parla pas. Droite, gauche, uppercut, crochet, droite, gauche, uppercut, crochet, encore, encore et encore. Comme ces dernières semaines. Comme ces derniers mois.

Il m'en avait tellement fait baver avec ses poings qu'aujourd'hui, je pouvais anticiper chacun de ses coups en fonction de la main qu'il allait utiliser. Dante avait toujours tendance à commencer par la gauche, avec un coup très puissant pour sonner son adversaire. Il se relâchait ensuite, puis revenait à la charge pour mettre son opposant K.O.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant