Chapitre 62 : Liberté

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Après la fuite de Vania, je fus suspendue de l'escouade de Lucetta par Andrea.

Moi qui avais au début sous-estimé ce Capo car il n'était pas violent comme Dante ou terrifiant comme Amando, c'était ironiquement lui qui m'avait mise en K.O. technique.

L'influence d'Andrea compensait la force physique qu'il n'avait pas. Et à partir du moment où il avait de sérieux doutes sur quelqu'un, il pouvait bannir une personne du cercle social de l'organisation.

Et être ostracisée alors que j'étais une espionne ?

C'était le comble.

Pour faire la lumière sur ce qu'il s'était passé, j'avais entendu dire par Cécile qui était venue me voir, que chaque fille avait été interrogée par Andrea et Ottavia sur les faits et gestes de Vania. Jour et nuit, Dante dispatchait des hommes pour fouiller à l'extérieur du territoire, aidé par des tuyaux de la brigade de Gregorio.

Savoir ça m'avait encore plus tétanisée.

Parce que c'était mon futur si je fuyais l'organisation avec les suspicions d'Andrea.

Être traquée comme un chien jusqu'à la fin de mes jours.

Et les Verratti n'abandonneraient pas. À vrai dire, même mettre un pied à l'extérieur de Fiore serait un véritable challenge. Ils avaient assez de puissance pour contrôler les entrées et sorties de Fiore s'ils le voulaient.

Allongée sur mon lit – je n'avais plus rien à faire maintenant qu'on m'avait suspendue – je réalisai avec une crainte grandissante que je n'avais jamais vraiment pensé à ce qu'il se passerait si je parvenais à partir.

Je sentis mon cœur se serrer et mon regard passa du plafond à ma fenêtre.

La Garde m'aiderait à fuir.

Mais pour aller exactement ?

Où est-ce que les gens comme moi allaient ? Où est-ce qu'on pouvait vivre ? Où est-ce qu'on nous voulait ?

Et où est-ce qu'on devait aller pour ne pas être attrapée ?

Pour être enfin libre ?

— Libre ? Tu crois que tu seras libre un jour ? Après m'avoir...

Je tournai brusquement ma tête dans un coin de la pièce où j'avais cru entendre la voix d'Enzo. Alors que je ne rencontrai que son absence, son rire insultant fut réel dans ma tête.

*

Après quelques jours de suspension, Cécile brava les interdits d'Andrea pour venir me voir discrètement.

— Ça fait peur quand même. Depuis tout ce temps, on dormait à côté d'une... Je n'ai même pas de mot.

Je ne répondis rien.

— De toute façon, c'est maintenant qu'elle est en danger, déclara-t-elle en épluchant une clémentine sur mon bureau et en m'offrant la moitié. Une fois qu'Andrea la retrouvera, Amando prendra un malin plaisir à la torturer avant de la tuer. Et c'est bien tout ce qu'elle mérite !

Quand je gardai toujours le silence, elle se leva de sa chaise et me tapota affectueusement l'épaule.

— T'inquiètes pas. Ils vont vite remarquer que tu n'avais rien à voir avec elle et tu seras libre ! Et Ophelia arrêtera de nous bassiner sur toi.

— J'image que cela l'arrange que je sois suspecte.

— Oh elle jubile. Mais ne t'inquiète pas. Beaucoup te croient. Liz a même témoigné que tu avais passé tout ton temps à l'infirmerie pour voir ton ami. Tu n'aurais pas pu comploter avec l'autre sorcière même si tu l'avais voulu.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant