Chapitre 35 : Affection

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— SILENCE CATERINA ! Tu n'interromps pas deux hommes qui parlent ! rugit Ugo, avant de se retourner vers Luca : Pardonnez-nous signore, depuis qu'elle n'a plus sa mère, elle oublie les bonnes manières.

De la pitié étreignit mon cœur.

Il ne savait pas à quel point sa fille était brillante. Opératrice, elle faisait passer à n'importe quel moment nos messages à la Garde.

Elle risquait sa vie. Son identité.

Sans elle ?

Nous serions perdues, telles des fleurs jetées dans la ville après avoir été cueillies.

— Papa ! s'offusqua-t-elle. Arrête ! Tu vas nous ruiner ! Nous n'avons pas assez de moy...

— Ne l'écoutez pas ! continua-t-il en prenant un mouchoir et en s'essuyant le cou. Comme je disais, nous avons des menaces qui nous...

Luca ne fit aucun commentaire et étrangement, je me sentis déçue, sans savoir pourquoi.

Il ne s'était même pas dépeint de son sourire professionnel et son regard était resté inébranlable, malgré les dénigrements du père à sa fille. Pour lui, c'était juste du business. La fille serrait à présent ses poings, humiliée, et regardait par la fenêtre pour nous éviter son regard.

Et j'aurais tellement voulu lui crier « C'est moi ! Rose Noire ! » et lui dire que tout irait bien et qu'on trouverait une solution sans l'aide de la Famille.

Mais ce n'était qu'une illusion.

La réalité, c'était que je ne pouvais rien faire et je n'en ferais rien même si je le pouvais, pour protéger nos identités. Et quand bien même nous ne serions pas deux infiltrées de la police, mais deux filles normales, cela me ramenait à la conversation que j'avais eue avec Ottavia au bordel.

On ne pouvait rien faire sans pouvoir.

La discussion continua et je notais tout ce que le père dit. Le nom de ses concurrents, les dates des lettres, les suspects.

— Très bien, déclara finalement Luca. J'enverrai un de mes hommes régler cette affaire cette semaine. Si vous avez de nouvelles informations, contactez Dante Strinati. Toutefois, Caputo, dites-moi ce que j'y gagne. Si je ne m'abuse, vous êtes encore en train de nous rembourser le premier emprunt.

Le chef d'entreprise pâlit.

— Effectivement... Et comme l'a évoqué ma fille, il me sera difficile de vous payer de ma poche... C'est pour ça... C'est pour ça que je veux vous proposer autre chose en échange.

— Et qu'est-ce donc ?

— La main de ma fille.

— Un mariage ?!

Cette fois, les têtes se retournèrent vers moi, celle qui n'avait pas parlé depuis le début et je jurai intérieurement. Je n'avais pas voulu le dire à voix haute. Mortifiée, je croisai le regard de Caterina et je vis ses yeux s'écarquiller, paniquée.

Elle aussi, avait reconnu ma voix.

— Un problème ? me demanda alors Luca.

Je posai mon attention sur lui et je découvris avec horreur un petit sourire narquois au coin des lèvres qui m'était réservé alors que jusque-là, il avait été impénétrable.

Et je savais qu'il cherchait à m'embêter, une semaine après lui avoir dévoilé mes (faux) sentiments.

Quoi ? Il veut quoi ?! Il croit quoi ?! Que je suis jalouse ?! Au contraire ! Épouse-la, ça m'arrangera. Volpe annulera ma mission et je pourrais me concentrer sur le Parrain !

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant