Chapitre 17 : Désir

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La petite fille devait avoir quatre ou cinq ans. Pas plus.

Et quand elle me découvrit, elle se cacha derrière Luca.

Le mafieux m'avait piégée.

— Je suis désolée ! m'excusai-je rapidement, en baissant la tête. Donna m'a dit que...

— Ce couloir est hors-limite, trancha-t-il sèchement.

Il se pencha ensuite pour la prendre dans ses bras et il enfouit son visage dans son torse comme pour la protéger du monde extérieur.

De moi.

Je n'osais pas lever les yeux.

Je l'avais entendu rire. Je l'avais entendu blaguer. Réprimander le client au bordel, être sarcastique. Je l'avais entendu me rassurer et me complimenter. Mais ce ton glacial, aussi tranchant qu'un cristal de givre, était particulièrement désagréable à l'oreille.

J'avais fait une erreur.

J'avais fait une erreur.

J'avais fait une erreur.

J'avais fait une erreur.

— Lucetta, c'est l'heure de dormir, princesse.

Il ferma la porte derrière lui pour laisser ce qu'il se passait à l'intérieur, privé. Mon attention était ailleurs, figée dans le couloir.

Luca Verratti a une fille.

Mon cerveau était en train de se creuser les méninges. Lucetta. Y avait-il eu quelque chose sur elle dans les rapports d'investigation ?

Non.

Rien.

Et... Où est sa femme ?!

Quand la porte se rouvrit, le fils du Parrain quitta la chambre et m'ordonna à voix basse de le suivre.

J'avais touché un point sensible. Et je devais absolument trouver un moyen pour regagner ses faveurs. Si je les avais déjà eues un jour. Je m'étais déjà fait démasquer en train d'écouter aux portes. Puis à l'usine, il était revenu sur l'entretien.

Et maintenant ça ?

C'était trop de coïncidences.

J'étais la pire espionne du monde.

Si les Verratti découvraient mon identité, ils ne me tueraient pas. Non. Ils me torturaient avant. Me fracasseraient le crâne. M'agraferaient sans doute la peau comme on pouvait lire dans les faits divers, avant de m'enterrer vivante dans un champ ou de me faire dormir avec les poissons.

— Pour info... Ce n'était pas Donna qui m'a montré le chemin, tentai-je de dire pour faire la conversation. Ne lui en voulez pas. C'était un des maf... Des hommes dans le couloir.

Il ne répondit pas.

Il garda le silence.

Je gardai alors le mien.

On descendit au deuxième étage et il m'emmena à son bureau. Il me fit entrer et avec un geste de la main, il m'invita à m'asseoir sur le sofa noir qui siégeait au milieu de la pièce, face à des fauteuils assortis.

Je pris place, nerveuse, et je le vis s'approcher d'une vitrine près de sa bibliothèque.

Je jetai un coup d'œil au reste de la pièce qui était bien plus grande que celle d'Ottavia. Sur son bureau, il y avait un téléphone, une machine à écrire, des dossiers et une pile de classeurs. Tout était soigneusement rangé.

Luca revint vers moi avec une bouteille de vin et deux verres qu'il posa sur la table basse. Il s'était débarrassé de sa veste, avait retroussé ses manches et déboutonné les premiers boutons de sa chemise.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant