Chapitre 82 : Révélations

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Luca

De retour au Manoir, Luca entra dans le bureau de son père en claquant la porte derrière lui.

Il fut accueilli par un silence à la fois étrange et violent, car cette pièce mythique avait toujours été habitée par son paternel. Elle regorgeait d'innombrables souvenirs, bons ou mauvais, mais surtout, elle abritait sa présence. Et ce fut ce silence qui lui donna un vertige soudain. Avec un pas chancelant, il marcha jusqu'au bureau avec une main qui tenait ses côtes.

Son père était mort.

Avec ses hommes, ils avaient essayé de secourir les rescapés à l'étage, mais à part Riccardo et quelques gardes du corps inconscients, il n'y avait pas eu d'autres survivants.

Son père était mort et il n'arrivait pas à verser une larme non plus. Il avait l'impression de nager dans une eau glacée, gelant tous ses sens, le rendant incapable de respirer.

Brûlant, affaibli, à bout, il se rattrapa in extremis sur le bord de la table et à la seconde où il ferma les yeux, ce qu'il s'était passé dans la ruelle l'assaillit.

Elle avait tenté de s'empoisonner.

Son poing se serra si fort qu'il sentit ses ongles s'enfoncer dans sa paume.

Elle l'avait berné depuis des mois. Elle avait probablement manipulé leur rencontre au bordel aussi, ce qui signifiait qu'absolument toute leur relation avait été fausse.

Il sentit sa vue se faiblir, épuisé, pâle et il tâtonna le bureau avant de s'effondrer sur le fauteuil, touchant l'entaille fraîche sur sa lèvre qui le brûlait.

Il l'avait laissée à ses côtés et il était tombé dans le panneau, comme un imbécile. Il l'avait laissée près de sa nièce. Sa nièce ! Alors qu'elle avait tué son père !

Il ravala quelque chose qui était en train de remonter dans sa gorge.

Elle avait détruit sa famille ce soir. Aussi brusquement que le feu peut ravager des champs en quelques secondes, elle avait retourné sa veste et tout détruit sur son passage. Tous ces moments passés ensemble, ces discussions, ces rires complices, elle avait tout brûlé.

Il était non seulement tombé amoureux d'un mensonge, mais en plus, cette faiblesse venait de se retourner contre lui.

Mais comment avait-elle pu croire qu'elle pourrait fuir ses actes ?! Qu'elle pouvait détruire des vies, tuer des gens, s'en prendre à sa famille sans subir les conséquences ?!

La douleur dans sa poitrine et l'agonie dans sa tête se dissipèrent rapidement pour laisser place à un sentiment plus violent, plus ravageur, plus destructeur.

La rage dans toute sa splendeur.

Oppressante, brutale, primitive. Celle qui aveuglait, faisait oublier tout autre sentiment, toute affection, toute pitié, pour l'envie irrépressible de détruire ce qui l'avait détruit.

Elle avait été complice des terroristes et, sans l'intervention de James, sa sœur et sa nièce auraient péri aussi, avec lui, brûlés ou écrasés par les décombres.

Le suicide était une mort bien trop douce pour elle.

Aussitôt qu'elle avait porté sa bague à la bouche, Luca avait compris ce qu'il se passait. Quand ses Capos et lui avaient arrêté les serveurs, l'un d'eux avait sorti un comprimé, prêt à se suicider pour ne pas être torturé.

Il s'était alors précipité vers elle et il avait attrapé son menton pour bloquer tout mouvement, en ignorant ses blessures, ses cris, ses pleurs.

— DANTE ! avait-il hurlé. AIDE-MOI !

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant