Chapitre 65 : Rappel

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Luca referma la porte derrière lui, le cœur frappant fort dans sa poitrine. Si fort qu'il avait lui-même du mal à se calmer. Il sentait son sang bouillir dans ses veines. Se précipiter. L'empêchant de former une propre réflexion.

Dès qu'il l'avait touchée, elle l'avait rejeté comme s'il avait pu lui faire du mal.

Et cette idée avait été inconcevable.

Comment oserait-il la blesser, elle, qui avait rendu ses nuits plus faciles ? Qui avait réchauffé ses journées de pluie ? Qui avait failli mourir pour lui ? Comment pouvait-il même faire ça ?

Et le regard qu'elle avait eu en posant ses yeux noisette sur lui le rendit aussi furieux qu'affligé.

Parce que son regard avait été rempli de terreur.

La bouche de Luca se déforma en un rictus de colère, une colère si noire, si profonde, si froide qu'il sentit Andrea qui l'avait attendu dans le couloir hésiter à lui parler.

Et entendre ses pleurs déchirants et ses cris agonisants derrière la porte était comme mettre de l'huile sur le feu.

Plus il l'entendait se briser, plus il sentait chacun de ses muscles se raidir.

Et c'était de la torture.

— Elle était au bordel aujourd'hui, cracha-t-il sombrement. Demande à Gregorio de se renseigner. Qu'il retrouve avec qui elle était. Qu'il retrace son chemin. Je veux savoir les noms de tous ceux qui l'ont rencontrée. Toutes les personnes qu'elle a croisé. Parlé. Tous.

Andrea acquiesça.

Quelque chose avait définitivement dû se passer pour que cette femme, d'habitude si calme et si réservée, soit dans cet état et il découvrirait quoi.

Puis en entendant ses sanglots interminables, ses mains se formèrent en poings.

Et Luca se fit brièvement la réflexion que si c'était pour la venger de ceux qui l'avaient détruite ainsi, il serait bien capable de tuer.

*

J'avais été si aveugle.

Si ignorante.

Pendant tout ce temps, j'avais cru... J'avais cru que la lumière qu'il m'avait offerte, avait été une bénédiction. J'avais cru pouvoir redevenir quelqu'un à part entière, mais mon dieu ce que j'avais eu tort.

Sa lumière n'avait jamais été salvatrice.

Je m'étais approchée du soleil, attirée par sa tendresse. Mais sa lumière m'avait aveuglée. Sa chaleur m'avait brûlée. Et comme Icare, j'avais maintenant l'impression de chuter, de désillusion en désillusion. Chaque respiration était une torture. Chaque seconde qui passait me donnait le vertige. Je chutais, encore et encore, à cause de mon avarice. Mon hubris. Ma complaisance.

J'avais cru pouvoir atteindre son cœur et le manipuler. Mais j'avais oublié que j'en avais un, de cœur.

Et je ne l'avais pas protégé.

J'avais été si arrogante.

Je sentis un haut-le-cœur puissant me remonter dans la gorge et je quittai rapidement mon lit, fébrile, pour finalement tomber à genoux sur le plancher, surestimant la force de mes jambes. Je marchais à quatre pattes pour atteindre la porte et aller me réfugier dans les toilettes, mais cela fut trop ambitieux pour mon corps endolori.

La salive envahit ma bouche, dégoulina de mes lèvres et la seconde d'après, je poussai un cri étouffé avant de vomir sur le sol. Des bruits immondes quittèrent ma gorge à chaque fois que ma bile remonta et tremblante, frissonnante, je ne pus que subir et attendre que cela se passe.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant