Chapitre 57 : Incontrôlable

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Mon plan tomba vite à l'eau quand, les jours qui suivirent, je ne trouvai pas Luca dans le manoir. J'avais appris qu'après Trieste, il avait enchaîné avec un voyage d'affaire dans le sud et son absence se fit étrangement ressentir.

Je savais que nous ne formions pas un couple traditionnel. Je ne savais même pas si je pouvais parler de couple. Avec notre rencart à l'hôtel et le week-end avec sa famille, nous nous étions rapprochés mais je savais il y avait toujours une certaine distance dans notre relation.

Quand nous avions été ensemble, jamais il n'avait fait mention du business. Il y avait tant de choses que je ne savais pas aussi. Que faisait-il lors de ses voyages d'affaires ? Comment passait-il ses journées ? Qui avait été la prostituée que sa sœur avait mentionnée ?

Maintenant qu'il était absent, c'était comme si j'arrivais à penser clairement. Et au-delà des sentiments nouveaux qu'il faisait naître en moi, j'avais peur.

J'oubliai qu'il était le fils de Don Vito quand j'étais dans ses bras. Tout ce que je pensais, c'était à quel point sa voix était chaude quand il me parlait. À quel point son toucher était doux, comme de la soie sur ma peau. Et à quel point je fondais, comme du chocolat au soleil, quand ses beaux yeux se posaient sur moi comme si j'étais la personne la plus intéressante du monde.

Luca Verratti me rendait faible.

Et Luca Verratti, me faisait oublier pourquoi j'étais là.

Plusieurs fois je m'étais demandé s'il ne valait pas mieux tout arrêter avant que les choses s'enveniment. Mais à chaque fois que l'idée m'effleurait l'esprit, je pensais à deux choses : à Lucia qui m'avait prévenue que j'allais lui briser le cœur et à Volpe qui comptait sur moi.

Parce que, contre toute attente, mentir et manipuler Luca, avaient été les seules choses que j'avais réussi à faire à la perfection pendant mon infiltration.

*

J'avais passé tout mon temps libre à l'infirmerie auprès de Clemente. Son visage était à présent en bonne voie de guérison, mais avec sa côte fêlée, il allait devoir rester alité un moment.

Il m'avait expliqué que les hommes de Dante avaient affronté un autre gang et il s'était retrouvé face à des adversaires qui avaient fait deux fois sa taille. Au lieu de l'aider, ses partenaires l'avaient laissé tomber. C'était un signe flagrant qu'on considérait qu'il n'avait pas sa place dans la brigade, encore moins quand son chef instaurait ce climat de la jungle : les plus forts étaient respectés. Les plus faibles pouvaient crever.

- Ne t'inquiète pas pour m-moi, murmura Clemente une après-midi. Ça va m-mieux. Tu p-peux partir si t-tu as d'autres chose à...

- Non. Je n'ai rien à faire.

Luca n'était toujours pas rentré et à part garder Lucetta, je ne faisais pas grand chose. Puis l'infirmerie était la seule source d'information sur mon père. Quand Liz ou le Dr. Diop s'absentait, je faisais des tours dans la salle et je regardai de nouveau les photos.

La femme sur la chaise roulante était Viviana, la sœur de Don Vito.

J'avais trouvé une autre photo de mon père avec elle, en tant que médecin et patiente, datant de 1898 où elle avait été assise dans un de ces lits et il avait été à son chevet.

Luca avait dit que sa tante avait été droguée et violée par des riches. Elle était finalement morte à la trentaine. Si mon père avait été son médecin, avait-il échoué à la guérir ?

Avait-il été impliqué dans sa mort ? Avait-il volé... Sa vie ? Et c'était pour ça qu'il avait fui ? Et qu'on avait tué Raf ? Une dette de sang pour une dette de sang ? Mais au moins trente ans s'étaient écoulés depuis la fuite de papa et la mort de Raf.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant