Chapitre 61 : Réminiscences

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S'il avait pu, Luca serait resté plus longtemps sous la douche. Le jet d'eau brûlant sur ses cheveux et sur sa nuque avait un effet cathartique qui le calmait, comme si avec lui, ses souvenirs aussi pouvaient être lavés, nettoyés, voire brûlés.

Comme oublier l'image des passants au Chinatown qui courraient dans tous les sens, apeurés pour leur vie, après sa visite dans le quartier pour rendre la monnaie de la pièce aux Dragons.

Son combat n'était pas contre ces habitants coincés entre deux feux. Son combat était contre ceux qui contrôlaient le quartier en secret mais ça, ils ne le sauraient pas. Luca serait pour eux, un autre homme de pouvoir qui les persécutait.

Il arrêta l'eau et passa ses deux mains sur ses cheveux mouillés pour les ramener en arrière. Puis une fois qu'il s'assura qu'il n'avait plus de trace de sang sur lui, il quitta la douche et s'habilla. Vêtu d'un pantalon en tweed et d'un débardeur, il sécha rapidement ses cheveux avec une serviette et quitta sa chambre pour aller à celle de Lucetta.

Il savait qu'elle devait l'attendre, comme chaque soir. C'était devenu une tradition entre eux. Et il savait d'avance qu'elle aurait du mal à dormir cette nuit. Les feux d'artifice auraient dû être un spectacle qui l'aurait émerveillée mais cela s'était vite transformé en cauchemar.

À son arrivée au manoir, des hommes l'avaient prévenu qu'une garde de sa nièce s'était enfuie.

Et il était fort probable qu'elle avait été une traîtresse.

Il serra sa mâchoire, encore enragé.

Il s'en moquait éperdument de qui c'était, de pourquoi elle avait fait ça, si quelqu'un l'avait poussée à fuir ou si elle était une simple espionne, et il ne voulait pas savoir. Ce n'était pas son problème. C'était le problème d'Ottavia et d'Andrea.

Mais son problème à lui, c'était que la sécurité de Lucetta avait été compromise.

Et ça, c'était quelque chose qu'il n'acceptait pas.

À la nouvelle, il avait été à deux doigts d'ordonner la dissolution de cette garde. Il avait dit à Nera qu'il faisait confiance aux filles d'Ottavia, mais ça avait été une grossière erreur.

S'il y avait une traîtresse parmi elles, qui pouvait garantir qu'il n'y en avait pas d'autres ? Et si elles étaient incapables de la protéger, alors il s'en chargerait lui-même, quitte à la garder constamment à ses côtés.

Mais il s'était repris.

Cette impulsivité était née sous la colère et c'était la dernière chose qu'il voulait faire subir à cette enfant. S'il retirait brusquement ces femmes de son quotidien, elle se sentirait seule.

Puis à ses côtés, elle serait encore plus exposée à la cruauté de son monde.

Aux choses qu'il ne pouvait pas lui montrer.

La part en lui par exemple, qui devait rétablir l'ordre dans cette ville.

La part en lui qui allait être le futur Parrain.

En entrant dans sa chambre, Lucetta était déjà au lit, mais ses yeux étaient grands ouverts et fixaient la petite lampe de sa table de chevet.

Quand elle le vit, son regard s'agrandit et elle se redressa immédiatement.

Et cette simple réaction fut absolument tout pour lui.

Il s'efforça alors de ne rien laisser paraître et il lui offrit un sourire réconfortant avant de s'assoir sur le rebord de son lit.

— Tu m'attendais ? Pauvre enfant, dit-il affectionnément.

Pour toute réponse, elle se pencha et posa son front contre sa taille.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant